Revue d'une semaine agitée à la Bourse de Paris

16/06/2006 - 12:42 - Option Finance

(AOF) - La Bourse de Paris a de nouveau connu une semaine agitée. En forte baisse mardi sur des craintes liées à l'inflation et aux taux d'intérêt, l'indice CAC 40 a rebondi en fin de semaine grâce à des achats à bon compte. Les spéculations relatives à des rapprochements d'entreprises (Veolia/Vinci, Suez/Gaz de France, Arcelor/Mittal Steel) et à des cessions d'actifs (PPR) ont animé les échanges, tout comme les déboires financiers d'Infogrames et les retards de livraison du programme Airbus A380 (EADS). Malgré un contexte difficile, Aéroports de Paris a fait ses premiers en Bourse en hausse.

Infogrames

a perdu 11,32% jeudi suite à l'annonce d'une perte nette multipliée par plus de quatre sur l'exercice 2005/2006 à 149,8 millions d'euros. Ce déficit découle essentiellement de la dégradation du marché des jeux vidéo, des contre-performances de certains produits importants sur le dernier trimestre et des pertes enregistrées sur les activités américaines. Soulagement cependant concernant la dette : les porteurs d'obligations 2006/2008 ont approuvé le report au 15 septembre 2006 de la date d'amortissement de la première fraction du nominal des obligations pour un montant total de 11,2 millions d'euros.

EADS

a chuté de plus de 26% mercredi, retrouvant ses niveaux de mai 2004, en raison de retards dans le programme A380 qui affectent les prévisions du groupe pour 2007/2010. Au-delà de l'impact financier de la nouvelle, les analystes s'inquiètent des conséquences sur la crédibilité de la direction, d'autant que le coprésident du groupe, Noël Forgeard, a vendu massivement des titres au mois de mars. Le dirigeant a affirmé cependant n'avoir pris connaissance des déboires d'Airbus que courant avril. La baisse du cours d'EADS a conduit Credit Suisse à relever son opinion sur le titre de Neutre à Surperformance. Le titre

Aéroports de Paris

a ouvert vendredi en hausse de 3,64% à 45,60 euros. Afin d'éviter des débuts boursiers poussifs comme lors de l'introduction de Gaz de France, Bercy avait décidé de fixer le prix de vente des actions en milieu de fourchette, c'est-à-dire à 44 euros pour les particuliers. Par cette introduction en Bourse, Aéroports de Paris compte financer un programme d'investissement de 2,7 milliards d'euros à l'horizon 2010. Les analystes apprécient les qualités défensives d'Aéroports de Paris. Certains fonds spéculent sur une poursuite du désengagement de l'Etat après les élections de 2007.

Vinci

a décliné les avances de

Veolia Environnement

. Selon le leader de la construction et des concessions, un rapprochement avec le champion de l'environnement "n'aurait aucun intérêt stratégique, ne serait pas porteur de synergies et ne serait pas créateur de valeur pour ses actionnaires". Si les rumeurs ont permis au titre Vinci de grimper de 8,24% mercredi, la refus opposé par le groupe a fait baisser l'action le lendemain. De son côté, Veolia a perdu 7,97% mercredi. Les analystes ne semblent pas plus convaincus que Vinci de l'intérêt stratégique d'une fusion. Veolia romprait en effet avec sa stratégie de croissance organique dans son cœur de métier.

PPR

a grimpé de 2,29% mercredi puis de 4,96% jeudi, grâce à des rumeurs de cession du Printemps pour près d'un milliard d'euros. Compte tenu de la valeur du patrimoine immobilier, l'enseigne pourrait être vendue à des spécialistes de la pierre, un distributeur se chargeant de l'exploitation. Les analystes voient d'un très bon œil la cession du Printemps. La branche affiche une rentabilité opérationnelle de 3,4% bien inférieure aux 27% de Gucci. Plusieurs brokers espèrent un renforcement de la stratégie de PPR autour des produits de luxe. Le groupe pourrait s'intéresser à certaines marques du groupe Richemont. Le gouvernement aurait décidé de reporter l'examen du projet de loi sur la privatisation de

Gaz de France

, en vue de sa fusion avec

Suez

, à l'automne. Les PDG des deux groupes ont réaffirmé à la veille du week-end que leur projet de fusion est "le seul projet désormais réalisable entre les deux entreprises qui permette de préserver leurs enjeux industriels, de maximiser leurs synergies et de défendre à court et moyen terme les intérêts de leurs personnels et de leurs clients". Deutsche Bank fait partie des sceptiques. Le broker est passé à l'Achat sur le titre Suez soulignant que la valorisation du groupe seul offre un potentiel de hausse. Mittal Steel et

Arcelor

mènent actuellement des discussions concernant le projet d'offre hostile du groupe indien sur son concurrent luxembourgeois. Arcelor considère pour l'heure que l'offre de Mittal Steel "continue de sous-évaluer le groupe". Le sidérurgiste européen estime que son projet de fusion avec le russe Severstal constitue une alternative "plus intéressante d'un point de vue stratégique, financier et social". Répondant à une demande d'actionnaires hostiles au projet Severstal, Arcelor a convoqué une assemblée générale pour le 30 juin prochain. L'opération de fusion avec le groupe russe fera l'objet d'un vote soumis à la majorité simple du capital. Valériane Garnier