Une semaine de marchés - Stabilisation ?

06/05/2009 - 12:06 - Option Finance

(AOF) - La grippe mexicaine n'aura pas suffi à ternir l'optimisme qui prévaut encore sur les marchés actions qui ont de nouveau progressé. Le Cac a gagné plus de 5 % la semaine passée, au-delà des 3 250 points (soit un gain de plus de 25 % depuis le rebond initié début mars), le Nasdaq +4 % (+35 % depuis début mars et +8 % depuis le début de l'année) et le Dax +6 %. Les chiffres économiques ne viennent pourtant pas renforcer l'optimisme ambiant qui surfe sur l'idée que le pire de la crise serait passé. Le PIB américain au 1er trimestre est ainsi ressorti plus bas qu'attendu, en repli de 6,1 %, notamment sous le coup d'une chute impressionnante de l'investissement résidentiel (-38 %). Ajouté à la baisse du 4e trimestre 2008 (-6,3 %), il s'agit de la contraction la plus violente de l'économie américaine depuis 1958. Le marché a toutefois trouvé certains motifs de satisfaction dans le rebond de la consommation des ménages (+2,2 %). La semaine prochaine, les chiffres de l'emploi qui, dans ce contexte, pourraient également ressortir un peu moins mauvais que le mois précédent (- 663 000 en mars) seront surveillés attentivement. Reste que les différents indices de confiance et d'activité semblent cesser de se dégrader. Tour à tour, la Commission européenne dans son enquête et la Réserve fédérale américaine (Fed) lors de son meeting cette semaine ont de nouveau fait part de signes sinon encourageants, au moins laissant entrevoir une stabilisation de l'économie. La Fed a ainsi noté que la récession "s'est un peu ralentie" citant notamment une amélioration des conditions de financement et de la consommation des ménages. Le Chicago PMI qui est un bon indicateur de l'activité manufacturière a également surpris à la hausse à 40,1 en avril contre 35 attendu et 31 précédemment. La Fed reste toutefois mobilisée et prête "à tout faire pour la reprise économique". Pour cela elle a laissé cette semaine ses taux directeurs inchangés à 0-0,25 % pour une "période prolongée" et confirmé son programme quantitatif d'achats de 1 450 milliards de dollars de titres d'agences hypothécaires et de 300 milliards de bons du Trésor américain. Le gouvernement américain n'est pas en reste et a présenté au Congrès un budget de 3,4 trillions de dollars. Problème, le marché continue de se préoccuper du financement de telles dépenses. Le taux à 10 ans américain s'est tendu de 14 points de base (pb) alors que le Trésor devrait adjuger un montant de 71 milliards de dollars de Treasuries la semaine prochaine pour un programme sur le trimestre de 360 milliards. Sur l'année près de 2 000 milliards pourraient être émis. En Europe, la courbe des taux d'intérêt n'a pas évolué par rapport à la semaine dernière, les marchés étant dans l'attente de la réunion de la Banque centrale européenne (BCE) la semaine prochaine. D'une part, une nouvelle et dernière baisse du taux directeur de 25 pb à 1 % et, d'autre part, le détail des mesures non conventionnelles que Jean-Claude Trichet avait annoncé pour la réunion de jeudi sont attendus. A minima les opérateurs attendent une extension de la maturité des appels d'offres à long terme d'injection de liquidité (actuellement d'une durée maximale de 6 mois) ce qui permettrait à nouveau de desserrer la contrainte de liquidité des banques et de leur assurer de la visibilité sur leur trésorerie. D'autres annonces concernant un élargissement du collatéral éligible aux opérations de refinancement, voire des rachats de titres (publics, privés, bancaires ?) sont également évoquées. En attendant, les nouvelles macroéconomiques, comme les résultats des entreprises, sont plutôt prises avec optimisme. Siemens a gagné 10 % après avoir annoncé un doublement de ses bénéfices au 2e trimestre. De même Sanofi s'adjuge 8 % avec des résultats supérieurs aux attentes. Les valeurs automobiles ont également fait l'actualité. Fiat (+4 %) profite des discussions avec Chrysler, alors que celui-ci s'est placé sous la protection du Chapitre 11 sur les faillites. Renault n'a pas souffert de la baisse de 31 % de son chiffre d'affaire au 1er trimestre en ligne avec le marché et a gagné 8 % sur la semaine. Après l'annonce que six banques américaines ont failli aux tests de stress et nécessitent du coup une recapitalisation, Citibank a cédé 37 %. A l'inverse BNP (+11 %) a bénéficié de l'accord sur l'acquisition de Fortis. Du côté du marché des changes, dans un contexte de moindre aversion au risque, le dollar et le yen qui avaient récemment servi de valeurs refuge ont été moins demandés. A l'inverse l'euro s'est apprécié à 1,32 contre 1,30 il y a une semaine contre dollar et 130 contre yen. En attendant la BCE... Par Jean François Robin, statégiste, Natixis