SAINT-GOBAIN anticipe un premier semestre particulèrement difficile

11/05/2009 - 08:52 - Option Finance

(AOF) - Le directeur général de Saint-Gobain, Pierre-André de Chalendar a déclaré dans un entretien aux "Echos" qu'il ne percevait pas d'amélioration sensible de la conjoncture au mois d'avril. Le groupe prévoit dès lors un premier semestre "particulièrement difficile". Selon Pierre-André de Chalendar, la crise économique n'est pas finie, même s'il elle lui semble se rapprocher du point bas.

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Activité de la société

Saint-Gobain est un groupe industriel organisé en cinq pôles opérationnels: la distribution bâtiment, les matériaux haute performance (céramiques & plastiques, abrasifs et renforcement), le vitrage, le conditionnement et les produits pour la construction (matériaux de construction, isolation et canalisation). Saint-Gobain est de plus le premier verrier mondial. Présent dans 49 pays à travers le monde, Saint-Gobain est l'un des cent premiers groupes industriels mondiaux. En 2005, au terme d'une bataille acharnée de quatre mois, Saint-Gobain a finalement réussi son OPA sur le numéro un mondial du placoplâtre, le britannique BPB, pour un montant de 5,8 milliards d'euros. Il s'agit de la plus importante acquisition de son histoire. Ce leader mondial des matériau, véritable poids de lourd de 35 milliards d'euros -capitalisation et dettes comprises-, a suscité de nombreuses spéculations en 2006. Une rumeur de rachat par Lafarge puis de Leverage Buy Out (LBO) lancé par un fonds d'investissement avait déjà dopé le titre en 2006. Deux opérations qui n'ont jamais eu lieu.

Les points forts de la valeur

- La distribution est devenue la plus importante division du groupe en termes de revenus. Elle génère un flux de cash stable pour une intensité en capital plus faible que les autres divisions du groupe. - Pierre-André de CHALENDAR a succédé à Jean-Louis BEFFA comme Directeur Général en juin 2007. Les analystes espèrent du nouveau management une meilleure discipline financière et la création de valeur. - Saint-Gobain est régulièrement la cible de rumeurs d'OPA. - La variété de ses marchés finaux (automobile, bâtiment, aménagement de la maison, etc.) rend Saint-Gobain moins sensible aux aléas économiques et lui assure une certaine récurrence des revenus. - Saint-Gobain sous-performe le marché depuis plusieurs années. En 2006, l'action a progressé de 26,7% contre + 35,9% pour l'indice DJ Stoxx Construction. Le titre amorce son rattrapage depuis 2007. Les bureaux d'études semblent commencer juste à intégrer la stratégie du groupe concentré autour de trois branches : les produits pour la construction, les matériaux innovants et la distribution pour le bâtiment. - Saint-Gobain pourrait céder son pôle conditionnement afin d'achever son positionnement sur les métiers de la construction. Les analystes en attendent un produit de vente entre 4,5 et 5 milliards d'euros. - Le groupe a porté ses objectifs de rentabilité de capitaux investis de 22% à 25% d'ici 2010. Un plan d'économie de 300 millions sur trois ans a été annoncé.

Les points faibles de la valeur

- Saint-Gobain doit faire face à la hausse des coûts énergétiques et au déclin du marché du logement américain. - Le groupe a été handicapé par les procès aux Etats-Unis mettant en cause sa responsabilité dans le domaine de l'amiante. - Les bureaux d'études ont reproché à Saint-Gobain son "mix business" trop proche d'un conglomérat, avec un portefeuille d'activité trop important. - La commission européenne a lancé en avril 2007 une procédure contre plusieurs fabricants de verre automobile, dont Saint-Gobain, qu'elle soupçonne de cartel. Le français a rapidement passé dans ses comptes du premier semestre une provision de 650 millions d'euros pour faire face aux futures amendes. Le jugement final de cette affaire devrait cependant être tardif, éloignant ainsi la perspective d'une sortie effective de cash.

Comment suivre la valeur

- Les cours des matières premières qui sont à la base des produits de Saint-Gobain doivent être surveillés. - L'évolution du cours de Saint-Gobain est liée à celle du secteur de la construction. Il faut donc suivre de près les indicateurs du bâtiment (mises en chantiers, permis de construire...). - La cession du pôle conditionnement est partculièrement attendue par les marchés.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Construction - Matériaux

Selon Moody's la crise de l'immobilier devrait générer une baisse de la demande mondiale de ciment entre 5% et 10%, en 2009. Cette tendance inciterait les entreprises à se livrer à une guerre des prix. Comme le souligne l'agence de notation, certains acteurs souffrent d'un endettement trop conséquent du fait d'acquisitions. Ainsi Lafarge, qui a racheté Orascom, supporte une dette nette représentant 1,15 fois ses fonds propres. Face à une situation financière très tendue, il est devenu urgent pour certains groupes d'être recapitalisés. Saint-Gobain et Lafarge ont décidé de lever chacun 1,5 milliard d'euros en Bourse. A cela s'ajoute une politique de réduction des coûts : aux 400 millions de réductions de coûts dégagées l'an passé, Saint-Gobain va ajouter 600 millions d'euros. Lafarge prévoit, lui, 200 millions d'économies en 2009, contre 120 millions prévus initialement dans le cadre du programme Excellence 2008. Aucune acquisition n'aura lieu en 2009, pour Saint-Gobain, alors que Lafarge va réduire de 40% ses investissements.