Analyse / "Free Lunch ?"

15/05/2009 - 15:20 - Option Finance

(AOF / Funds) - Pour tenter de dégeler les canaux de création de crédit outre-Atlantique, l'administration Obama a mis en place deux dispositifs gérés conjointement par le Trésor, la Fed et le FDIC : le TALF (Term Asset-Backed Securities Loan Facility) et le PPIP (Public-Private Investment Program), qui ont chacun une taille potentielle de 1 000 milliards de dollars. L'objectif du TALF est de faire redémarrer le marché de la titrisation, tandis que le PPIP vise à faire sortir des bilans bancaires les actifs dits "toxiques". Dans les deux cas, les financements proposés aux investisseurs privés sont sans recours : ces derniers ne sont donc engagés qu'à hauteur des fonds propres limités qu'ils investissent avec un levier important. Il en résulte une forte asymétrie des profils de risque : les investisseurs privés participent pleinement aux gains éventuels aux côtés des entités publiques, alors que ces dernières - et donc in fine les contribuables - absorbent l'essentiel des pertes éventuelles. En d'autres termes, pour le secteur privé, il s'agit quasiment d'un "free lunch". Pour autant, paradoxalement, le programme TALF a recueilli un succès limité depuis sa mise en place fin mars (4,7 milliards de dollars en avril et 10,6 milliards de dollars en mai). Le PPIP sera quant à lui opérationnel dans un ou deux mois, mais un démarrage lent est là aussi à prévoir. Pourquoi ? En réalité, les investisseurs prennent en compte les risques politiques liés à ces dispositifs. Le Congrès américain n'est aujourd'hui pas disposé à voter les moyens qui permettraient de mettre en place la solution classique d'une "mauvaise banque" regroupant les actifs toxiques. Aussi, l'administration Obama n'a-t-elle eu guère d'autre choix que d'inclure les investisseurs privés dans son plan. Toutefois, ces derniers craignent que, dans l'hypothèse de gains importants, les autorités politiques ne soient amenées, sous la pression de leurs électeurs, à revenir sur leurs promesses, soit en taxant ces gains de façon prohibitive, soit en modifiant les conditions des prêts. Il est probable que l'appétit pour le gain poussera in fine les investisseurs à surmonter leurs craintes, et assurera le succès de ces dispositifs. Mais ce "repas gratuit" pourrait ensuite être suivi d'une mise au régime sec... Michala Marcussen, directeur de la stratégie et de la recherche économique, Société Générale Asset Management