Une semaine de Bourse - Les marchés retrouvent le chemin de la prudence

15/05/2009 - 18:52 - Option Finance

(AOF) - Les marchés se sont repliés la semaine dernière sous le poids de prises de bénéfices. La Bourse de Paris a abandonné 4,33 % en cinq séances, tandis que le Dow Jones s'apprêtait à terminer la semaine sur une perte hebdomadaire de 2,5 %. Après avoir engrangé 31 % de profits pour le Dow Jones et 33 % pour le CAC 40 en deux mois, les investisseurs ont semblé reprendre leur souffle alors que les premiers signes d'amélioration économique ("green shoots") peinent à être confirmés. Les ventes de détail plus faibles que prévu en avril aux Etats-Unis, la poursuite de la contraction des exportations chinoises en avril et l'accélération de la baisse du produit intérieur brut en zone euro au premier trimestre ont ravivé les doutes sur l'éventuelle stabilisation de la croissance mondiale. D'autant que les résultats d'entreprises publiés dans la semaine ne montrent guère d'embellie. La crise précipite le secteur de l'électronique dans la tourmente. Le géant japonais Sony a annoncé une perte annuelle de 760 millions d'euros au titre de son exercice 2008-2009, la première depuis quatorze ans, tandis que son rival Panasonic a fait état d'une perte de 3 milliards d'euros sur le même exercice. Dans le secteur automobile, le recul pour le douzième mois d'affilée du marché européen conduit Peugeot à solder un millier de ses 4 X 4, soit plus du tiers de ses ventes sur ce modèle en 2008. Aux Etats-Unis, Chrysler, en cours de restructuration et sous contrôle judiciaire, a annoncé qu'il entendait supprimer 789 concessionnaires, soit le quart de ses points de vente dans le pays. Et si, dans la finance, le pire a été évité, les lourdes pertes de KBC et Natixis ont rappelé que la santé du secteur restait fragile. Finalement, la grande distribution demeure le seul secteur à tirer son épingle du jeu. Profitant du repli des consommateurs sur les produits de première nécessité, le géant américain Wal-Mart a vu ses bénéfices inchangés d'un mois sur l'autre. Au sein du CAC 40, soutenus par leurs qualités défensives, seuls Danone et France Télécom sont parvenus à enregistrer un gain hebdomadaire. Mais, d'un point de vue sectoriel, ce sont les banques, les valeurs liées au pétrole et celles liées au tourisme qui se sont particulièrement distinguées. La crise continue pour les banques françaises. Les solides résultats trimestriels publiés par BNP Paribas (hausse de 28 % du produit net bancaire) avaient suscité une lueur d'espoir. Malgré un environnement délicat, l'établissement avait surpassé les attentes du marché. Dès le lendemain, Société Générale ramenait les investisseurs à la réalité, avec une perte nette de 278 millions d'euros, largement supérieure aux prévisions. La semaine dernière, ce fut au tour de Natixis de poursuivre cette tendance. La filiale commune de Banque Populaire et Caisse d'Epargne a en effet perdu 1,839 milliard d'euros au premier trimestre 2009, soit quatre fois plus qu'attendu par les analystes. Conséquence : les deux actionnaires de référence vont injecter 3,5 milliards d'euros dans leur filiale commune, ce qui n'a pas empêché le titre de terminer la semaine sur une perte hebdomadaire de 25 % à 1,457 euro. De son côté, Crédit Agricole a publié un bénéfice net de 202 millions d'euros au premier trimestre. Cependant, si la banque verte a renoué avec les bénéfices après une perte au quatrième trimestre, le résultat est ressorti en dessous des attentes du marché, qui visait 309 millions d'euros. Le parcours de l'action se solde par un repli de 11,7 % en cinq séances. Le rebond du pétrole ne profite pas au secteur pétrolier. Ces trois derniers mois, le rebond d'environ 30 % des prix du brut n'a pas profité aux valeurs liées au pétrole. Le leader mondial de la recherche sismique CGG Vertitas a accusé une chute de 19 % du résultat opérationnel sur la période et conduit le groupe à mettre en oeuvre un programme "intensif" de réductions de coûts. Au-delà de la baisse des ventes, le groupe est pénalisé par les pressions sur les prix qu'exercent ses clients, les compagnies pétrolières. Déçu, le marché a fait plonger le titre de près de 19 % en cinq séances. Vallourec, l'autre grande société parapétrolière, qui publiait ses comptes la semaine dernière, a fait état d'une baisse de 7,2 % de son résultat opérationnel. Compte tenu de l'environnement économique actuel, le groupe anticipe une nouvelle baisse de ses résultats durant les prochains trimestres. Conséquence, le titre a cédé près de 8 %. Les brokers ont cependant souligné la solidité financière du groupe. Du côté de l'exploration-production, Total Gabon a clôturé sur un recul hebdomadaire de 4,8 %, après la chute de 82 % de son résultat net au premier trimestre. Sa maison mère, Total, a limité son repli à 1,3 % malgré la révision à la baisse des prévisions de demande de l'AIE. Le secteur du tourisme et des loisirs délaissé par le marché. Pénalisés par les craintes ravivées sur l'économie mondiale, les grands noms du secteur ont souffert à la Bourse de Paris. Air France-KLM a perdu 10 % en cinq séances, les investisseurs redoutant les conséquences de la crise sur le transporteur. Accor a abandonné près de 11 %, malgré l'annonce de réduction de 5 % des coûts fixes de ses hôtels filiales. Hors CAC 40, Club Méditerranée a chuté de plus de 27 %. Le P-DG d'Accor, Gilles Pélisson, a indiqué que son groupe ne participerait pas à l'augmentation de capital de 102 millions d'euros récemment annoncée par l'opérateur de villages vacances, et qu'il était à terme vendeur de sa participation. (P-J.L)