Analyse / Quelques thèmes macroéconomiques revisités

19/05/2009 - 18:50 - Option Finance

(AOF / Funds) - Depuis quelques mois, un certain nombre de thèmes macroéconomiques animent des salles de marché en mal d'orientation stratégique, dans un environnement où, après une longue attente, des nouvelles économiques "moins mauvaises" ont sporadiquement fait leur apparition. Alors que les marchés boursiers enregistrent de bonnes performances depuis plusieurs semaines consécutives, il est temps de revisiter certains de ces thèmes.

Thème n° 1 : stabilisation du cycle industriel mondial

Ces dernières semaines, le secteur industriel a envoyé plusieurs signaux encourageants : la demande en Chine se redresse, le secteur immobilier freine sa chute, et la réduction des stocks laisse présager une reprise de la production. L'indicateur avancé global de Goldman Sachs a confirmé en avril une orientation clairement positive : le point de retournement tant attendu serait enfin arrivé. Cependant, voilà déjà plusieurs semaines que les actifs dits "cycliques" enregistrent de solides performances. Tout porte à croire que le chemin parcouru est d'ores et déjà assez long et qu'il reste peu de marge avant que les cours boursiers n'aient entièrement "pricé" l'orientation plus favorable du momentum économique.

Thème n° 2 : reprise molle et désinflation

La plupart des prévisions macroéconomiques font état d'une reprise extrêmement molle et d'une croissance du PIB réel qui resterait bien en deçà du potentiel en 2010 pour les Etats-Unis, et plus généralement les pays du G3. De plus, la modération corollaire des prix à la consommation va certainement porter l'inflation, notamment l'inflation sous-jacente, vers des territoires négatifs. La politique monétaire des banques centrales devrait donc rester accommodante. Dans un contexte où, d'un côté, la liquidité est ample, mais, de l'autre, les perspectives de croissance restent poussives, il n'y a pas plus de risque d'inflation que de déflation à moyenne échéance. Il est raisonnable d'anticiper une inflation très modérée, au moins tant que les conditions sur les marchés du travail, qui typiquement se dégradent avec retard par rapport au cycle économique, ne se seront pas stabilisées.

Thème n° 3 : les conditions de financement, absolues et relatives

En dépit de l'amélioration cyclique de l'environnement économique mondial, il semble que les conditions de financement de l'économie, reflétées par l'évolution d'ensemble des primes de risque, des taux d'intérêt, du cours des changes et, dans une moindre mesure, des cours boursiers, représentent encore un frein à la croissance. Le contraste entre le Royaume-Uni, la Chine ou l'Australie, où les conditions se sont détendues, et la zone euro ou encore la Suisse, où elles se sont dégradées, est encore plus frappant et pourrait bien présager d'une reprise moins solide dans ces derniers pays.

Thème n° 4 : la réduction du stress systémique

Depuis le début de l'année, le risque systémique financier, qui a culminé fin 2008, s'est graduellement atténué. Cependant, il est important de garder à l'esprit que l'environnement économique actuel - chômage en hausse et faible croissance - reste défavorable à la qualité des encours de crédit. Le cycle des faillites pourrait se montrer pernicieux dans un futur proche. Aussi, si le pessimisme le plus extrême envers le système bancaire est derrière nous, l'environnement financier pourrait rester déprimé pour quelque temps encore.

Thème n° 5 : quid de la volatilité ?

En dépit des bonnes performances récentes, il semble que la volatilité sur les marchés d'actions incorpore encore une vision du monde assez noire à longue échéance. Certes, le VIX a subi une forte correction, mais des mesures plus lointaines de la volatilité restent très élevées. Selon des modèles macroéconomiques simples, qui relient le changement du taux de chômage à la volatilité, cette dernière devra fortement baisser dans les deux années à venir, du simple fait que les niveaux extraordinaires d'incertitude que les marchés anticipent actuellement ont une chance extrêmement faible d'être réalisés. Par Natacha Valla, Goldman Sachs Economic Research