Fusion UFG - LFP : le pari de la taille moyenne

20/05/2009 - 17:06 - Option Finance

(AOF / Funds) - L'UFG absorbe La Française des Placements afin d'offrir une palette complète de produits de gestion et d'adapter son offre aux nouveaux besoins des investisseurs institutionnels. La nouvelle entité pèsera près de 30 milliards d'euros d'encours sous gestion et disposera d'expertises multiples en gestion immobilière et mobilière. Le 30 avril, l'UFG Investment Managers, filiale de gestion du groupe Crédit Mutuel Nord Europe, et La Française des Placements (LFP), société de gestion indépendante, ont annoncé leur intention de rapprocher leurs activités. Le projet devrait être finalisé d'ici la fin de l'année. "Nous souhaiterions aller vite, indique Xavier Lépine, président de l'UFG afin de conserver notre réactivité vis-à-vis des clients et de limiter au maximum l'incertitude que génère toute période de fusion." L'UFG deviendra actionnaire dans un premier temps à 100 % de LFP par acquisition et échange de participations. "La Française des Placements est une société indépendante détenue par ses principaux dirigeants, relate Alain Wicker, président de La Française des Placements. A terme, même s'il n'y avait pas la moindre urgence, il convenait de songer à la transmission pérenne de l'entreprise pour les clients et le personnel et je n'ai pas de visée dynastique. La proposition de l'UFG m'a paru avoir tant de sens qu'elle est susceptible, si elle se concrétise, de hâter le calendrier initial et inéluctable". Le capital de LFP est en effet détenu à 89,5 % par ses fondateurs et ses collaborateurs, le reste étant détenu par deux institutionnels, le groupe Monceau et la MACSF (Mutuelle des Assurances du Corps Sanitaire Français), chacun possédant 5,25 % du capital. "Une fois l'opération réalisée, les membres de l'entreprise pourraient être associés à nouveau au capital du nouvel ensemble UFG-LFP afin de conserver une logique entrepreneuriale. Le nouvel ensemble UFG dont ferait partie UFG-LFP afficherait près de 30 milliards d'euros d'encours sous gestion", poursuit Alain Wicker. LFP pèse 7,4 milliards d'euros d'encours sous gestion au 30 avril 2009 tandis que l'UFG gère plus de 21,7 milliards d'euros d'encours à la même date. Les deux groupes ont enregistré une baisse des encours en 2008, de 1,1 milliard d'euros pour la Française des Placements (les encours sous gestion sont passés de 8,3 milliards d'euros au 31 décembre 2007 à 7,2 au 31 décembre 2008) et de 612 millions pour l'UFG, la collecte ayant été fortement positive dans l'immobilier et fortement négative dans la gestion alternative. Les encours ont progressé depuis le début de l'année, plus 200 millions pour LFP et plus 2 milliards pour l'UFG à fin avril.

La contrainte du ratio d'emprise

Avec 28,5 milliards d'euros sous gestion, le nouvel ensemble aura une taille intermédiaire entre la petite société de gestion indépendante et les grandes maisons filiales de groupes bancaires ou de compagnies d'assurance. "Les années 1990 ont été celles des énormes maisons, il fallait être une grande maison de gestion anglo-saxonne pour se développer sur le marché, rappelle Xavier Lépine. Les années 2000 ont été celles des petites boutiques innovantes. Le modèle économique post-crise dominant sera celui des gestionnaires de taille moyenne, proche par la taille des préoccupations de leurs clients, mais ayant une taille critique qui leur permette d'assurer leur pérennité et d'offrir une gamme suffisamment large de produits." Le rapprochement permettra également aux nouveaux produits de s'installer plus rapidement en diminuant les contraintes liées au ratio d'emprise. "Même si elle n'est pas le seul critère la taille peut être un atout car en étant trois fois plus important, cela nous permettrait d'éliminer les problèmes liés au ratio d'emprise, explique Alain Wicker. Un produit met en fait chez nous deux ou trois ans à décoller car les investisseurs ne veulent pas posséder plus de 10 % d'un fonds. Ils doivent donc investir progressivement dans les OPCVM." Les expertises développées par les deux groupes sont complémentaires. "L'UFG s'est développée autour de niches comme l'immobilier, la gestion alternative et le capital investissement sur lesquelles elle dispose d'une position de premier plan, explique Xavier Lépine. Disposant encore de peu de présence et de notoriété dans la gestion classique de valeurs mobilières, nous cherchons à étendre notre gamme à l'ensemble des classes d'actifs." L'UFG Investments Managers dispose en effet de cinq filiales hautement spécialisées : UFG Sarasin AM, fruit d'une fusion menée fin 2008 avec la filiale de gestion de la Banque Sarasin, UFG Alteram, structure dédiée à la gestion alternative, UFG Private Equity, spécialisée dans le capital investissement, UFG Real Estate Managers, filiale dédiée à l'immobilier non coté leader sur son marché, enfin une société de services dans l'immobilier filiale de l'UFG Real Estate Managers, Colliers UFG Property Managers. Du côté de LFP, "nous avons développé une expertise en gestion alternative, mais pas aussi importante que celle de l'UFG ; l'immobilier apporterait une classe d'actif nouvelle qui me semble importante et également une forme de diversification et de plus grande exhaustivité dans l'offre", indique Alain Wicker. LFP a développé plusieurs spécialités autour des produits de taux comme les fonds à échéances lancés dès 2000 ou encore les convertibles à échéances. Le groupe est également présent dans la gestion actions et diversifiées. "Après les produits de taux, notre second point fort est la gestion diversifiée axée sur l'allocation mobile, indique Alain Wicker. Nous avons introduit très tôt de la flexibilité dans l'allocation d'actifs car elle doit s'adapter au contexte de marché." Par ailleurs, LFP possède une filiale dédiée à la gestion privée (LFP gestion privée) et a pris des participations dans plusieurs sociétés de gestion indépendantes, chacune ayant une spécialité bien marquée : Métropole Gestion (gestion value), Pythagore Investissements (gestion quantitative), la Financière Responsable (ISR), Convictions AM (gestion diversifiée), Financière de la Cité (gestion actions rendement), Delf Management (obligations à haut rendement), Alpha Mining (gestion actions, rotation sectorielle) et enfin Debory (épargne salariale). Les deux groupes affirment comme un credo la nécessité de ne pas s'en tenir à une gestion benchmarkée et indicielle mais dissymétrique pour l'un, LFP, et alternative pour l'autre, UFG.

Le marketing produit au coeur du nouveau produit

Les équipes de gestion seront rapprochées. Il y aura fusion des équipes spécialisées dans les valeurs mobilières, mais aucun objectif de réduction des coûts. "La Française des Placements travaille en flux relativement tendus, relate Alain Wicker ; en cumulant nos moyens nous devrions répondre avec plus d'efficacité encore aux attentes de nos clients." Du côté de LFP, les effectifs s'élèvent à 92 personnes dont 25 entièrement dédiées à la gestion. Pour l'UFG, les effectifs totaux s'élèvent à 503 personnes dont plus de 250 travaillent dans le pôle immobilier. Le nombre de gérants est proche de celui de LFP puisqu'il s'élève à 30 personnes. La nouvelle organisation pourra par ailleurs permettre de réduire les coûts de fonctionnement et donc les frais de gestion. Une réflexion sur les gammes sera également menée. Les fonds identiques seront fusionnés, d'autres seront créés. "LFP propose beaucoup de produits spécifiques qui devraient rester en l'état, préconise Alain Wicker. Par ailleurs, notre clientèle étant plutôt institutionnelle, aucun changement ne devrait être apporté aux mandats en cours." Le marketing produit sera au coeur du nouveau projet. "Nous allons constituer une cellule de marketing stratégique, indique Xavier Lépine, afin d'analyser les besoins des clients et d'élaborer de nouveaux produits. Nous souhaitons constituer une offre plus lisible, plus claire et plus complète à destination de l'ensemble des clientèles." Les clientèles des deux groupes sont en effet complémentaires : les produits de gestion de l'UFG sont plutôt distribués aux particuliers et aux conseillers en gestion de patrimoine, tandis que ceux de LFP sont avant tout destinés aux investisseurs institutionnels et à une clientèle de particuliers fortunés. En ce qui concerne plus spécifiquement la clientèle institutionnelle, ce rapprochement permettra de proposer de nouveaux produits liés aux contraintes de passif qui gagnent en importance. "Les investisseurs institutionnels de demain auront besoin de nouveaux produits avec une liquidité adaptée au contenu des fonds, avance Xavier Lépine. Des produits moins liquides peuvent leur permettre de se prémunir contre la volatilité à court terme et les risques extrêmes des marchés, mais en leur assurant des flux de revenus certains. Les actifs liquides ont en effet pendant la crise démontré leurs limites, mais conservent leur intérêt s'ils répondent aux contraintes de passif des clients." Cette évolution est particulièrement nette avec la gestion alternative. "La première leçon de la crise pour les investisseurs institutionnels est qu'il faut adapter l'actif des fonds aux contraintes de passif, relate Xavier Lépine. En gestion alternative, les stratégies vont des moins liquides comme les stratégies d'arbitrage aux plus liquides comme les CTA, cependant, tous les fonds étaient commercialisés avec la même liquidité. Il faut faire évoluer le discours sur la gestion alternative et la traiter pour certaines stratégies comme l'immobilier, pour lequel le prix de la liquidité équivaut à des pénalités de sorties." En disposant d'une expertise complète allant des produits les moins liquides (immobiliers) aux plus liquides (valeurs mobilières cotées), l'UFG-LFP compte ainsi répondre aux enjeux institutionnels post-crise. Sandra Sebag

AOF - EN SAVOIR PLUS

LEXIQUE

Gestion alternative : La gestion alternative se définit fréquemment comme une gestion décorrélée des indices de marchés. Ce type de gestion repose sur des stratégies et des outils à la fois diversifiés et complexes c'est donc une gestion qui, par nature, reste réservée aux investisseurs avertis (investisseurs institutionnels, comme les banques, par exemple).