(AOF) - Les marchés ont terminé la semaine sur une note légèrement positive, malgré la succession de prévisions pessimistes concernant l'économie mondiale. En cinq séances, l'indice CAC 40 de la Bourse de Paris a gagné 1,86 %, à 3 227,97 points. A New York, le Dow Jones se préparait vendredi soir à terminer la semaine sur un gain hebdomadaire de 0,66 %. Après plus de deux mois d'euphorie soutenue par des "green shoots", ces petits signaux semblant montrer que peut-être le pire de la crise est passé, les investisseurs marquent le pas. A cet égard, les prévisions économiques dégradées de la Fed quant à la contraction du PIB américain, la hausse des chiffres hebdomadaires du chômage aux Etats-Unis et la plus importante faillite bancaire de l'année aux Etats-Unis avec BankUnited ont démontré que l'économie américaine n'était pas encore sortie d'affaire. Pour autant, le tableau n'est plus aussi noir qu'il y a quelques mois. Pour preuve, l'indice Vix de volatilité, mesure favorite de Wall Street pour évaluer la nervosité des marchés, est passé mardi dernier sous le seuil psychologique de 30 pour la première fois en huit mois. Pour les stratèges, ce retour au calme s'explique par la stabilisation des perspectives économiques mondiales, notamment grâce à l'accélération de la croissance chinoise attendue à partir du second semestre. Selon le sondage réalisé au début du mois de mai au niveau mondial par Bank of America-Merrill Lynch, la confiance serait de retour chez les investisseurs. Leur optimisme à propos de la santé de l'économie mondiale a considérablement augmenté : 7 gérants sur 10 s'attendent désormais à ce qu'elle s'améliore au cours de l'année qui vient. A la Bourse de Paris, ce sont les secteurs technologique, automobile et du tourisme qui ont le plus profité de cet espoir de reprise. Les valeurs automobiles ont été soutenues par un regain d'optimisme quant aux perspectives du secteur. Dans le cadre d'une étude publiée mercredi dernier, Goldman Sachs a estimé que le secteur automobile européen était attractif. Le broker a revu à la hausse ses prévisions du marché des véhicules particuliers pour 2009, anticipant un repli de 7 % contre - 15 % auparavant notamment à la faveur des mesures d'incitation des gouvernements. Parmi les constructeurs, Goldman Sachs a porté son objectif de cours de 12 à 17 euros sur Peugeot et de 17 à 24 euros sur Renault tout en restant à Vendre. Vendredi dernier, Royal Bank of Scotland a renforcé l'optimisme du marché sur le secteur en relevant de 30 à 34 euros son objectif de cours sur Renault avec une recommandation maintenue à l'Achat. Le broker pense que le groupe doit concentrer son attention sur ses activités les plus porteuses, à savoir les petites voitures peu coûteuses. In fine, Peugeot a signé la meilleure performance du CAC 40 en terminant la semaine sur un gain hebdomadaire de 14,5 % à 19,7 euros. En troisième place, Renault s'est adjugé 9,5 % à 26,3 euros et Michelin 6,1 % à 40,2 euros. Les premiers signes d'un redémarrage de l'activité sont également présents dans le secteur technologique. Tel est le message délivré par le P-DG de STMicroelectronics, Carlo Bozotti, et qui a permis au fabricant de semi-conducteurs d'afficher l'une des plus fortes progressions hebdomadaires du CAC 40 : + 5,6 % à 4,98 euros. L'amélioration du carnet de commandes qu'il avait évoquée fin avril a été confirmée au cours des deux dernières semaines, principalement grâce à la demande en provenance d'Asie, hors Japon. Carlo Bozotti a cependant prévenu qu'il était encore trop tôt pour savoir s'il agissait d'une reprise durable. CA Cheuvreux n'a pas moins relevé son opinion sur la valeur de sous-performance à surperformance et Goldman Sachs sa recommandation de Neutre à Acheter. Atos Origin est l'autre valeur vedette de la semaine sur le segment technologique, affichant un gain de 15 %. La SSII a bénéficié du relèvement du conseil de Citi de conserver à acheter et d'une étude de Goldman Sachs plus optimiste sur les perspectives du secteur. L'analyste a relevé ses prévisions et ses valorisations afin de prendre en compte la stabilisation de l'environnement économique. A contrario, Thomson est resté à l'écart de ces évolutions positives. Son titre a chuté de 16 % mercredi sur fond de rumeurs de dépôt de bilan. La société s'est empressée de les démentir et a indiqué que les discussions au sujet de la restructuration de sa dette se poursuivaient dans un "climat constructif". Thomson doit trouver un accord d'ici le 16 juin. Le secteur du transport et des loisirs relève la tête en Bourse. Air France-KLM s'est envolé de 11,3 % à 10,7 euros la semaine dernière, malgré la publication d'une perte annuelle 2008/2009 moins lourde qu'attendue. En outre, les analystes ont apprécié les objectifs de réduction de coûts prévus par la compagnie franco-néerlandaise pour traverser la crise. Ainsi, RBS a revu son objectif de cours à la hausse sur le titre, passant de 9 à 13 euros avec une recommandation inchangée à l'Achat. Moins accaparé par les questions de consolidation que ses concurrents British Airways et Lufthansa, Air France-KLM paraît selon lui la valeur la plus simple pour profiter de la reprise à terme du cycle aérien. Parallèlement, les acteurs du loisir (Bénéteau et Trigano) dont les comptes sont tombés dans le rouge à l'issue du premier semestre de leur exercice 2008/2009, ont vivement progressé la semaine dernière. Le fabricant de bateaux Bénéteau a gagné 12,4 % à 8,4 euros en cinq séances, tandis que le spécialiste des camping-cars Trigano s'est adjugé 7,9 % à 6,7 euros. Tous deux accusent toutefois des chutes respectives de 49 % et 66 % sur un an. (P-J.L)