Analyse / La fin de la fin du monde

28/05/2009 - 12:40 - Option Finance

(AOF / Funds) - Ce début de printemps marquera l'histoire financière par l'acuité du paradoxe résultant d'une très belle embellie boursière, alors qu'étaient publiés les chiffres macroéconomiques parmi les plus dégradés depuis l'après-guerre. - 6,4 de croissance aux Etats-Unis et + 25 % de performance du SP 500 entre le 9 mars et la fin avril ne seront pas aisés à réconcilier par des modèles statistiques trop simplistes. La résolution de ce paradoxe est désormais claire pour bon nombre d'observateurs : les anticipations de dépression économique étaient exagérées et les ventes forcées en grande partie derrière nous. Les premiers signes de ce début de printemps ont indiqué que les remèdes appliqués par les pouvoirs publics et les autorités monétaires agissaient sur l'économie mondiale. Le plan de relance chinois mis en oeuvre avec le volontarisme que l'on sait a rapidement porté ses premiers fruits dans l'économie domestique, comme le montrent les chiffres de crédit et de croissance (les mêmes que ceux de l'économie américaine, au signe près) et les économies voisines, Taïwan et le Japon, commencent à en sentir les effets. Partout, les baisses de taux spectaculaires, à moins de 1 % dans tous les grands pays développés, ont produit l'amélioration attendue dans les marchés et les comptes des banques. Et si le marché immobilier demeure encore en chute, les améliorations, notamment quant aux logements neufs et au pouvoir d'achat restauré pour les acquéreurs, laissent espérer une stabilisation plus proche que l'on ne pouvait l'attendre. Le pouvoir d'achat des consommateurs résultant des baisses du prix des matières premières, des baisses de taux et d'impôt, ont soutenu la consommation, plus robuste qu'attendu, et compensé l'accroissement fort du chômage. L'exercice de communication des autorités monétaires et des politiques a rassuré par sa prudence et sa mesure. Le stress s'est déplacé sur une grippe grave, certes, mais qui a très soudainement disparu des médias. Est-ce la fin des exagérations ? L'excès d'optimisme ferait oublier que la résorption de la crise prendra du temps, qu'elle ne sera pas synchrone, ni entre les pays ni entre les secteurs, que beaucoup de mauvaises nouvelles sont encore à venir. Parallèlement, après analyse rationnelle, les décotes de titres, y compris après le rebond d'avril, demeurent considérables pour un bon nombre d'actions et de dettes. Par Jean-François Boulier, directeur général, Aviva Gestion d'Actifs