Analyse / L'euro trop fort va fragiliser la reprise en Europe

28/05/2009 - 15:41 - Option Finance

(AOF / Funds) - La situation conjoncturelle commence à bouger en Europe. Les premiers chiffres d'enquête sur le mois de mai (enquête PMI, par exemple) suggèrent que le plus dur est passé. L'activité continue de se contracter, mais à un rythme beaucoup moins marqué qu'en début d'année. L'amélioration des commandes et baisse rapide des stocks indiquent que la production va progressivement s'accroître. Le ratio de ces deux indicateurs revient dans une zone cohérente avec une situation macroéconomique plus habituelle, limitant le risque de retour en arrière. Au regard de ces signaux, il est probable que les indicateurs de croissance redeviennent positifs sur la dernière partie de l'année 2009. Comment se construira la croissance ? Sur le plan interne, cette amélioration constatée du côté des entreprises se diffuse vers les salariés. L'amélioration de la composante "anticipation" dans les enquêtes auprès des ménages, indiquera, comme actuellement aux USA, la réduction de leur aversion au risque. Ce schéma sera d'autant plus efficace que la perception de l'inflation est actuellement très réduite. Ainsi, même si le marché du travail continue de se dégrader, des signaux d'une autre nature que l'emploi peuvent et ont par le passé affecté le comportement des ménages. Mais la dynamique de la reprise ne peut s'arrêter là car, avec une parité euro contre dollar au voisinage de 1,40, l'économie européenne perd en compétitivé et en capacité à capter durablement les flux à l'exportation. De façon plus générale, le taux de change effectif de l'euro corrigé de l'inflation est quasiment au plus haut lorsque l'on rétropole cet indicateur jusqu'au début des années 1990. Cela rend la zone euro très chère et crée un frein majeur à la croissance. En 2005-2007, les exportations ont peu souffert de l'euro fort car leur dynamique était portée par les biens d'équipement, reflet d'un investissement fort et moins sensible aux prix. Ce n'est plus le cas car l'investissement est actuellement très réduit. Dans les années 1990, la reprise n'a pris de l'ampleur et n'a été durable que lorsque l'euro est devenu meilleur marché, pas avant. La fragilité de la reprise résulte de cette situation. Par Philippe Waechter, directeur de la recherche économique, Natixis Asset Management