TECHNIP, cible d'une OPA italienne ?

24/11/2006 - 08:19 - Option Finance

(AOF) - D'après "Les Echos", le spécialiste français de l'ingénierie et des services parapétroliers Technip pourrait faire l'objet d'une OPA de la part de l'italien Saipem en début de semaine prochaine. Le journal rappelle que Saipem, qui s'est déjà offert en 2002 Bouygues Offshore, n'est pas n'importe quelle entreprise : il est détenu à 43 % par le pétrolier national, ENI, lui-même encore contrôlé à hauteur de 20 % par l'Etat italien. C'est dire qu'une éventuelle OPA hostile sur Technip ne pourrait se faire sans l'assentiment du gouvernement Prodi. Le sujet doit être évoqué aujourd'hui par les gouvernements français et italien, lors du sommet de Lucques, dans le nord-ouest de l'Italie. Après le feuilleton EDF-Edison et, plus récemment, les ambitions contrariées de l'électricien Enel sur le dossier Suez, l'establishment transalpin tiendrait là en quelque sorte sa revanche, écrit "Les Echos". Signe de la nervosité ambiante, le sujet Technip sera au menu du traditionnel sommet entre les gouvernements français et italien, qui doit se tenir aujourd'hui à Lucques, dans le nord-ouest de l'Italie. D'après "Les Echos", le moment est bien choisi car contrairement à son concurrent français, Saipem termine une année faste à tout point de vue : le groupe est devenu le leader du secteur en absorbant au printemps une autre filiale d'ENI, Snamprogetti ; ses profits se sont envolés de plus de 40 % à périmètre comparable, sur les neuf premiers mois de l'année ; et, en Bourse, son action affiche une progression de plus de 38 % depuis le début de l'année. A chiffres d'affaires à peu près comparables (près de 7,5 milliards d'euros attendus cette année pour Saipem, 6,8 milliards annoncés pour Technip), l'ingénieriste italien est aujourd'hui valorisé 2,7 milliards d'euros de plus que sa cible potentielle dont la capitalisation boursière s'élève à 5,7 milliards d'euros. Technip est, selon les termes des "Echos", une proie à la fois tentante et vulnérable. Tentante parce que, portée par l'effervescence des secteurs pétrolier et gazier, elle dispose d'un carnet de commandes record (près de 11 milliards d'euros à fin septembre), qui commencera à dégager des profits dans les deux ans à venir. Quant à sa vulnérabilité, Technip la doit autant à son décevant parcours boursier qu'à un tour de table particulièrement éclaté. Son premier actionnaire est aujourd'hui un fonds américain, Capital Research, dont la participation ne dépasse pas 6 % du capital. (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Suite à l'acquisition de Coflexip par Technip en 2001, le groupe Technip est devenu l'un des cinq leaders mondiaux de l'ingénierie, des technologies et des services pétroliers. Le groupe possède des bases opérationnelles sur les cinq continents ainsi qu'une flotte de navires d'installation et de construction sous-marine. Les domaines d'intervention de Technip couvrent le développement de champs offshore et onshore, le traitement et la liquéfaction de gaz, le raffinage de pétrole, les pipelines à terre et la pétrochimie -qui représentent ses principales activités. Le Groupe est particulièrement bien placé dans le secteur de l'offshore profond, secteur dans lequel il utilise ses propres actifs industriels. Il développe également ses activités dans des secteurs non-pétroliers (5 % du CA) tels que les engrais, la chimie, les sciences de la vie, la génération électrique, ainsi que les industries manufacturières et autres industries.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- Le carnet de commandes de Technip confère au groupe une bonne visibilité. Par ailleurs, Technip est très sélectif dans les contrats qu'il noue. - Technip est très présent dans la région clé du Moyen-Orient, ce qui lui offre de nombreuses opportunités de contrat, en particulier dans les projets gaziers (GTL, GNL). - Technip a fortement réduit sa dette nette ces dernières années. A la fin de 2004, le groupe affichait un ratio d'endettement net ramené à 7 % des capitaux propres. - Après des années de surcapacités, les groupe parapétroliers connaissent depuis 2004 une nette reprise d'activité.

Les points faibles de la valeur

- La hausse du prix de l'acier pénalise le groupe, dont la majeure partie des projets nécessite l'achat de tubes en acier. - Dans l'Onshore, Technip doit faire face à la concurrence des groupes d'ingénierie de pays émergents, notamment des sociétés coréennes à qui la baisse du dollar est profitable. - La branche dédiée à l'industrie est encore trop petite (environ 5 % du chiffre d'affaires 2004 et un objectif de 10 à 15 % à horizon 2008) et pas suffisamment profitable. - Les comptes de groupe sont sensibles à l'évolution du dollar.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- Technip est sensible à l'évolution des dépenses d'investissements des compagnies pétrolières. Le secteur parapétrolier est très cyclique. - Selon certains spécialistes, le nombre de forages pétroliers et gaziers réalisés dans le monde est un indicateur intéressant de mesure du niveau de la demande en services pétroliers. Il est publié chaque semaine par la société américaine Baker Hughes. - Enfin, avec plus de 30 % de l'activité de Technip réalisée au Moyen-Orient, la conjoncture politique de la zone est donc déterminante.