Daniel Fighiera, une gestion "conservatrice active" efficace

04/06/2009 - 15:08 - Option Finance

(AOF / Funds) - Daniel Fighiera, 44 ans, est diplômé de l'IEP Paris, de la SFAF, ainsi que du CFA (Chartered Financial Analyst). Il dispose de vingt ans d'expérience, dont six ans en tant qu'analyste "buy side" entre 1989 et 1995, successivement chez Banques Populaires, AGF et le Crédit Lyonnais AM. Daniel Fighiera est ensuite devenu gérant actions small caps Europe au Crédit Lyonnais AM avant d'être nommé responsable de la gestions actions small caps Europe jusqu'en 2004. A cette date, il rejoint Rothschild et Cie Gestion où il est actuellement directeur, responsable de la gestion des valeurs moyennes.

La stratégie d'investissement du gérant

Viser une performance régulière dans toutes les configurations de marché pour finir en tête de la course" : un principe qui anime la gestion de Daniel Fighiera. Cela se traduit pour Elan Midcap France par un recul de 19,9 % sur un an, au 22 mai, contre 30,4 % pour la moyenne des fonds de sa catégorie et, sur cinq ans, par une progression d'environ 21,5 % pour le fonds, contre à peine 0,7 % pour sa catégorie. Elan Midcap Euro a pour sa part été récompensé par Lipper pour sa surperformance, ajustée du risque (volatilité), sur une période de trois ans dans la catégorie actions zone Euro. Le processus d'investissement du gérant repose tout d'abord sur un stock picking au sein d'un univers d'investissement de près de 800 valeurs. La première phase du process, quantitative, permet de "détecter les entreprises dont les valorisations sont attractives". Vient ensuite la sélection de titres à proprement parler. "Nous choisissons des sociétés avec une croissance régulière, explique Daniel Fighiera. De fait, nous évitons les valeurs cycliques ou à très forte croissance. Nous nous focalisons ensuite sur les sociétés avec des managements solides. Du coup, l'univers d'investissement n'aboutit plus qu'à 150 valeurs investissables." De plus, il privilégie les sociétés peu endettées et générant de la trésorerie. "Les sociétés que nous sélectionnons ont un ratio dette nette sur Ebitda d'au maximum 3, explique-t-il. D'autre part, partant du constat que les valorisations des marchés n'avaient plus de sens fin 2008, nous nous sommes focalisés sur le ratio prix sur actif net comptable en n'hésitant pas à investir dans des sociétés pour lesquelles il était inférieur à 1, mais uniquement lorsqu'elles nous semblaient capables de dégager des profits dans un cycle durablement affecté. Dans ce cadre, nous avons par exemple acheté le titre Praktiker, société allemande, dont le ratio était de 0,5 en fin d'année." Le gérant est par ailleurs devenu plus sélectif dans le choix des valeurs. "Actuellement, nous investissons uniquement dans des sociétés que nous connaissons parfaitement, pour être sûrs du risque que l'on prend", indique Daniel Fighiera. Cela s'est traduit par une concentration des portefeuilles, passant de 60-70 titres, historiquement, à 35-40 titres, "mais sans fort biais sectoriel ou géographique". Parallèlement à la sélection de valeurs, le gérant met en oeuvre une gestion active, avec un turn over élevé, de l'ordre de 150 % par an. "Ainsi, la volatilité de nos portefeuilles est inférieure à celles des fonds de sa catégorie et des indices dans son univers d'investissement (24,7 % sur un an glissant, contre 29,6 % pour la moyenne de la catégorie et 18,3 % sur trois ans, contre 21,4 % pour la moyenne de la concurrence)." Le gérant n'a en effet pas de prix cible de vente ou d'achat. "Nous veillons à conserver une structure équilibrée de notre portefeuille. Toute déviation significative d'un titre par rapport à sa pondération initiale est ainsi corrigée. A titre d'exemple, si le poids d'un titre est de 3 % et qu'il double de valeur, nous ne voyons pas ce qui justifierait de voir sa pondération doubler au sein du portefeuille, car cela reviendrait à augmenter le risque sur un titre dont la performance est probablement passée. Nous avons plutôt comme politique de prendre régulièrement nos profits." Depuis le début de l'année, les petites et moyennes capitalisations ont particulièrement bien résisté par rapport aux grandes capitalisations. Le fonds en a en partie profité, bien que ne détenant aucune valeur financière et étant peu exposé aux valeurs ayant fortement rebondi (souvent cycliques et endettées). "Sur le potentiel du portefeuille, je continue à être positif : la baisse de la volatilité sur le marché permet aujourd'hui aux investisseurs d'apprécier les opportunités liées aux faibles valorisations actuelles", conclut-il.

A retenir

- Gérant : Daniel Fighiera - Société de gestion : Rothschild & Cie Gestion - Expérience : vingt ans - Fonds gérés : fonds actions petites et moyennes valeurs : Elan Midcap France (créé le 30 mai 1984) et Elan MidCap Euro (créé le 22 novembre 2004) - Encours gérés : Encours gérés : respectivement 50 millions d'euros et 32 millions d'euros

Les valeurs préférées du gérant

- Rhoen Klinikum, gestionnaire privé d'hôpitaux allemand : la valorisation est historiquement basse (avec un PER de 11 actuellement) et la société profitera d'une vague de privatisation des hôpitaux à venir en Allemagne. Le titre a souffert récemment de l'annonce d'une augmentation de capital. - Jumbo, distributeur de jouets grec : nous anticipons une croissance annuelle de 10 %, en raison d'un modèle de distribution organisé dans un secteur majoritairement artisanal. - Teleperformance, centre de contact français : pour sa valorisation anormalement basse, son business model solide, sa capacité à générer de la trésorerie. Floriane Tedoldi