REMY COINTREAU : résultats annuels en baisse

10/06/2009 - 08:20 - Option Finance

(AOF) - Rémy Cointreau a réalisé un résultat net part du groupe de 86,1 millions d'euros, en recul de 12,5% au cours de l'exercice clos fin mars. Le résultat opérationnel courant s'est élevé à 137 millions d'euros, en baisse de 14,2%, en ligne avec les prévisions. La marge opérationnelle est ressortie à 19,2% contre 19,5%, un an plus tôt. Elle a atteint 21,9% pour les marques du groupe contre 22,2% l'an passé. Le chiffre d'affaires de l'exercice a enregistré une baisse organique de 11,6% à 714,10 millions d'euros. Le groupe de spiritueux a expliqué ce repli par l'environnement économique, l'important mouvement de déstockage constaté sur les marchés depuis plusieurs mois, mais aussi par les stocks repris en direct par le groupe à Maxxium. Cette transition a également engendré des surcoûts temporaires d'environ 12 millions d'euros. L'endettement net du groupe, après décaissement de l'indemnité Maxxium, est de 531,9 millions d'euros, en augmentation de 20,6%. L'ensemble de ces éléments permet au groupe d'atteindre un ratio A (Dette/Ebitda) de 2,99, confirmant ainsi sa solidité financière. En matière de perspectives, le groupe juge prudent de ne pas communiquer, à ce stade, de prévision de résultat compte tenu du manque de visibilité qu'impose la conjoncture dans ses principaux marchés. Rémy Cointreau a précisé qu'il poursuivrait avec discernement sa politique de hausses de prix pour ses marques premium.

AOF - EN SAVOIR PLUS

LEXIQUE

EBITDA : L'EBITDA (Earnings Before Interest, Tax, Depreciation and Amortization) est un concept anglo-saxon, proche conceptuellement de l'EBE français : Excédent Brut d'Exploitation. Il désigne le solde entre les produits et les charges d'exploitation, mais ne prend pas en compte les amortissements et les provisions.

Activité de la société

Né en 1991 du rapprochement entre Rémy Martin et Cointreau, Rémy Cointreau est le deuxième producteur et distributeur de vins et spiritueux en France et se classe parmi les dix premiers du secteur à l'échelon mondial. Le groupe, contrôlé par la famille Hériard Dubreuil, est notamment propriétaire des marques Rémy Martin, Cointreau, Passoa, Charles et Piper-Heidsieck. Le groupe réalise une grande partie de ses ventes sur le cognac, le reste se répartissant entre les liqueurs, les spiritueux, le champagne, les vins et les marques partenaires.

Les points forts de la valeur

- Rémy Cointreau se positionne sur le segment haut de gamme, en se concentrant sur la croissance de ses marques phares, soutenue par d'importants investissements promotionnels. - Le groupe accélère d'ailleurs son recentrage sur ses marques à forte valeur ajoutée avec une ambition clairement affichée de positionnement " haut de gamme " et l'espoir de dégager "une formidable rentabilité" à moyen terme.

Les points faibles de la valeur

- Du fait de sa taille réduite par rapport à ses concurrents, Rémy Cointreau fait figure d'outsider et n'a pas les moyens de grandir significativement par croissance externe. - Le groupe est fortement dépendant du cognac, qui représente près de la moitié chiffre d'affaires. - L'accord global de distribution avec Maxxium prend fin à compter du 30 mars 2009. Les analystes restent donc prudents, la visibilité en termes de distribution étant pour l'instant floue. De plus, la provision financière enregistrée pour la rupture de l'accord devrait peser sur les comptes du groupe.

Comment suivre la valeur

- Deux éléments primordiaux influencent la consommation de spiritueux. D'une part, les revenus et la confiance des ménages, d'autre part, l'évolution des modes. On prêtera donc attention, respectivement, au contexte économique et aux nouvelles habitudes de consommation. - Les résultats du groupe sont sensibles aux variations de change, dans la mesure où Rémy Cointreau réalise la majeure partie de son chiffre d'affaires en dehors de la zone euro. L'exposition au risque de change porte principalement sur le dollar, le yen et la livre. -Rémy Cointreau présente un aspect spéculatif restreint puisque le holding de la famille Hériard-Dubreuil détient 44,3 % du capital tandis que Récopart (Pierre Cointreau) possède 13,6 % des parts. Le marché spécule toutefois régulièrement sur une évolution de l'actionnariat familial pour faciliter un adossement ou un rapprochement.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Agroalimentaire

L'ensemble des acteurs manquent de visibilité pour 2009 et sont extrêmement prudents dans leurs prévisions de résultats pour cette année. Pour résister à une conjoncture difficile, qui privilégie les marques de distributeurs (MDD), les groupes ont deux possibilités. Soit ils développent des produits innovants pour se différencier soit ils concurrencent les MDD. L'environnement ne semble pas porteur pour le premier type de produits. Ainsi le yaourt " beauté " Essensis de Danone a été un échec et sa commercialisation va être suspendue. Le groupe français a lancé l'Ecopack, un lot de six yaourts à 1 euro. Yoplait a fait de même en développant une "offre Éco " pour 1 euro. Mais là encore le succès n'est pas garanti car l'Ecopack est distribué dans moins de 30% des hypers et supermarchés. C'est pourquoi il est également essentiel de miser sur les gammes établies en multipliant à la fois les innovations et les promotions. Activia 0%, introduit par Danone sur le marché français en fin d'année, a enregistré de bons résultats ce qui a conforté le groupe dans ce sens.