SAINT-GOBAIN : la ligne de crédit syndiqué aurait été sursouscrite

12/06/2009 - 08:51 - Option Finance

(AOF) - La ligne de crédit syndiqué de 2 milliards d'euros à trois ans que Saint-Gobain cherchait à réunir aurait été "très largement sursouscrite" selon les informations de l'agence Reuters. "Le prêt sera rémunéré à 200 points de base au-dessus de l'Euribor, soit le double des 100 points de base payés par l'entreprise pour un prêt syndiqué de 2,04 milliards d'euros en octobre 2008", écrit l'agence de presse. Après avoir lancé une augmentation de capital de 1,5 milliard d'euros et réalisé une émission obligataire de 750 millions, et alors que les banques durcissent les conditions d'accès au crédit, Saint-Gobain souhaitait sécuriser son refinancement.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Performances et stratégie

Chiffre d'affaires

Au 31.12.2008 : 43 800 millions d'euros (+0,9%) Au 1er trimestre 2009 : 8 782 millions d'euros (-14,8%)

Résultats

Au 31.12.2008, résultat d'exploitation : 3 649 millions d'euros (-11,2%) ; résultat net (part du groupe) : 1 378 millions (-7,3%)

Prévisions

Les objectifs pour 2010, fixés en 2007, sont devenus obsolètes. L'année 2009 devrait être particulièrement difficile. Néanmoins le groupe devrait tirer partie des plans de relance et d'économies d'énergie lancés par les principaux gouvernements des pays occidentaux. De plus, sa forte exposition au marché de la rénovation des bâtiments en Europe (36% de son chiffre d'affaires) devrait lui permettre d'amortir le recul du marché de la construction neuve.

Stratégie

La récente augmentation de capital de 1,5 milliard d'euros va renforcer la flexibilité financière du groupe. Sur 2009 la priorité sera donnée aux prix de vente (qui ont progressé de 3,4% sur 2008) pour préserver les marges. L'important programme de réduction de coûts sera poursuivi dans tous les métiers après 8000 réductions d'effectifs en 2008 au niveau mondial et la réalisation de 400 millions d'euros d'économies de coûts. En 2009, le groupe a engagé un programme de 600 millions d'économies supplémentaires. Enfin, l'optimisation de la génération de cash flow devrait être menée grâce à un contrôle strict du besoin en fonds de roulement, une baisse significative des investissements industriels (d'au moins 500 millions d'euros) et la poursuite de cessions de tailles petite ou moyenne. Les projets d'acquisitions sont suspendus pour cette année.

Evènements financiers

L'acquisition du groupe Poliet en 1996 a marqué un premier tournant décisif, avec l'entrée du groupe sur les marchés aval de la distribution bâtiment. Fin 2005, grâce au rachat le plus important de son histoire du leader mondial de la plaque de plâtre, British Plaster Board (BPB), le groupe complète ses gammes de matériaux de construction. En 2008 Saint-Gobain a essentiellement acquis le groupe Maxit, qui fait partie de l'activité mortiers industriels (pôle produits pour la construction), auprès d'HeidelbergCement pour plus de 2 milliards d'euros.

Forces et faiblesses de la société

Forces

- Malgré le fort ralentissement des volumes de vente sur la dernière partie de l'année, le groupe a pu maintenir ses hausses de prix sur 2008 dans chacune de ses activités; - Le groupe est réactif face à la dégradation de son environnement en mettant en place un ensemble de mesures; - Sa structure financière a été renforcée grâce à la récente augmentation de capital. Après cette opération, la dette financière nette représente moins de 60% des fonds propres, contre 80% à fin 2008; - Saint-Gobain réalise une part de plus en plus importante de son activité dans le secteur des économies d'énergie, en plein essor du fait des politiques gouvernementales. Il représente environ 30 % de son chiffre d'affaires.

Faiblesses

- Le chiffre d'affaires du premier trimestre 2009 est en forte baisse avec une chute des volumes de 17,2% suite à la poursuite de la dégradation de l'environnement économique, qui concerne même l'Asie et les pays émergents; - Sur 2009, l'impact positif de la hausse des prix et du repli des coûts de fabrication ne devraient pas compenser le fort recul des volumes vendus; - Les bénéfices ont été amputés en 2008 par la provision de 400 millions d'euros suite à l'amende infligée par la Commission Européenne pour entrave à la concurrence dans le secteur du vitrage automobile; - Le dividende par action a baissé de 2,05 euros à 1 euro au titre de l'exercice 2008; - La position de Wendel, actionnaire de référence, qui n'a souscrit que partiellement à l'augmentation de capital, est désormais fragilisée; - L'augmentation de capital n'a pas été bien perçue par les investisseurs qui ont été surpris et n'ont pas apprécié la forte décote qu'elle implique sur le cours de l'action.

La valeur et son secteur

Principales activités

Distribution bâtiment (45% du chiffre d'affaires), produits pour la construction (25%), matériaux innovants (22%), conditionnement (8%)

Le secteur

L'exercice 2009 devrait être difficile pour le secteur de la construction et donc pour celui des matériaux. L'impact positif des politiques de relances menées par les gouvernements (notamment occidentaux) ne devrait être significatif qu'à partir de 2010. Saint-Gobain est concerné indirectement par ces plans qui profiteront d'abord aux groupes de construction comme Vinci ou Eiffage. Par contre, son positionnement dans les métiers liés aux économies d'énergie devrait lui être rapidement favorable.

La valeur dans son secteur

Deuxième acteur mondial dans l'emballage en verre, premier distributeur de matériaux de construction en Europe, premier distributeur de carrelage au plan mondial et, depuis 2007, leader européen du sanitaire-chauffage-plomberie. Premier vitrier en Europe.

Comment suivre la valeur

Les cours des matières premières, en baisse actuellement, influent sur les performances du groupe. L'état du secteur du BTP, à travers notamment l'évolution des mises en chantier et des permis de construire, est à surveiller de près. Enfin, le groupe, qui projette de céder son activité conditionnement, a annoncé attendre la reprise économique pour la vendre dans les meilleures conditions possibles.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Construction - Matériaux

Selon Moody's la crise de l'immobilier devrait générer une baisse de la demande mondiale de ciment entre 5% et 10%, en 2009. Cette tendance inciterait les entreprises à se livrer à une guerre des prix. Comme le souligne l'agence de notation, certains acteurs souffrent d'un endettement trop conséquent du fait d'acquisitions. Ainsi Lafarge, qui a racheté Orascom, supporte une dette nette représentant 1,15 fois ses fonds propres. Face à une situation financière très tendue, il est devenu urgent pour certains groupes d'être recapitalisés. Saint-Gobain et Lafarge ont décidé de lever chacun 1,5 milliard d'euros en Bourse. A cela s'ajoute une politique de réduction des coûts : aux 400 millions de réductions de coûts dégagées l'an passé, Saint-Gobain va ajouter 600 millions d'euros. Lafarge prévoit, lui, 200 millions d'économies en 2009, contre 120 millions prévus initialement dans le cadre du programme Excellence 2008. Aucune acquisition n'aura lieu en 2009, pour Saint-Gobain, alors que Lafarge va réduire de 40% ses investissements.