Une semaine de Bourse - Le rally s'essouffle

12/06/2009 - 18:54 - Option Finance

(AOF) - Les marchés actions ont vécu une semaine incertaine. Si les indicateurs économiques ont, dans l'ensemble, conforté la thèse selon laquelle le pire de la crise était passé, l'impressionnante embellie boursière de ces trois derniers mois suscite chez les opérateurs la crainte que le scénario de sortie de récession soit déjà largement intégré dans les cours. Entre le lundi 8 juin et le vendredi 12 juin, le CAC 40 a cédé 0,39 % à 3 326,14 points. Vendredi soir, le Dow Jones s'apprêtait à clôturer sur un repli hebdomadaire de 0,17 % à 8 748 points. Le même jour, à Tokyo, le Nikkei a inscrit un plus haut de huit mois au-delà des 10 000 points, soutenu par le regain de croissance de la production industrielle chinoise et l'accélération de la croissance du crédit et des dépenses de consommation en Chine, autant de signes a priori annonciateurs d'une reprise de la troisième économie mondiale. Aux Etats-Unis également, la conjoncture semble s'améliorer. Les ventes au détail ont augmenté en mai pour la première fois depuis trois mois et les inscriptions au chômage ont diminué pour la quatrième semaine d'affilée. En Europe, en revanche, la situation reste préoccupante. La chute de la production industrielle de la zone euro a montré aux investisseurs que la fin de la récession serait plus longue à se dessiner en Europe qu'en Asie et aux Etats-Unis. Du côté des entreprises, les profits devraient continuer de reculer. Selon UBS, les bénéfices des sociétés européennes devraient plonger de 25 % en 2009, avant de se redresser de 15 % en 2010, dans le sillage de l'amélioration de l'économie mondiale. En attendant la reprise, certains économistes, à l'instar d'ING ou de Morgan Stanley, envisagent une rechute possible des marchés actions avant la fin de l'année. Vendredi dernier, l'affermissement du dollar et le sentiment que les cours ont progressé trop vite ont fait retomber le prix du baril de WTI au-dessous des 72 dollars. La veille, le cours du brut avait atteint 73,23 dollars, son plus haut depuis près de huit mois, à la faveur de l'espoir d'une reprise économique, du relèvement des perspectives de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et d'une baisse spectaculaire des stocks américains. A la Bourse de Paris, les valeurs cycliques et minières ont profité une bonne partie de la semaine de la forte progression des matières premières avant de s'effacer notamment devant les valeurs susceptibles de bénéficier de la pandémie de grippe porcine. Enfin, le secteur de la grande distribution continue d'être pénalisé par la crise. Les valeurs cycliques comme les minières et une parapétrolière se sont distinguées : Eramet (+ 8,87 % à 224,61 euros) a signé l'une des meilleures performances hebdomadaires du SRD, soutenu par la hausse des métaux suscitée par les anticipations de reprise économique. Pourtant frappé de plein fouet par la crise, le groupe minier français a vu ses ventes fondre de 41 % au premier trimestre 2009. En Bourse, le titre affiche une perte de 61 % sur un an, mais une hausse de 115 % depuis trois mois à la faveur du regain d'optimisme du marché. De son côté, ArcelorMittal a gagné 0,62 % à 25,11 euros en cinq séances. Oddo Securities a réitéré sa recommandation d'Achat sur le titre avec un objectif de cours de 27 euros. Vendredi dernier, le retournement du marché pétrolier n'a pas empêché CGGVeritas de clôturer en hausse de 2,66 % à 14,65 euros. En une semaine, le titre du spécialiste de la sismique a progressé de 4,91 % à la faveur du relèvement de recommandation de la Société Générale de Neutre à Achat. Le broker pense que CGG est parfaitement placé pour bénéficier de la reprise des investissements des compagnies pétrolières. Les secteurs défensifs comme la pharmacie et la technologie sont parvenus à tirer leur épingle du jeu en fin de semaine : Sanofi-Aventis a gagné 3,32 % à 47,65 euros en cinq séances, soutenu par la décision de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de relever à six, soit le niveau maximal d'alerte contre une pandémie, son évaluation des risques que fait courir la grippe A (H1N1). A cet égard, le quatrième laboratoire pharmaceutique mondial s'est engagé à accélérer la production de vaccins pour lutter contre cette pandémie. Le regain d'inquiétude sur le développement du virus a relégué au second plan le passage de Total au-dessous des 10 % du capital du groupe. Hors CAC 40, la menace provoquée par la pandémie a fait bondir de 9,55 %, à 40 euros, le titre du fabricant de masques de protection Sperian Protection. A l'inverse, Air France-KLM (- 7,93 %, à 9,98 euros) a signé la deuxième plus mauvaise performance du CAC 40, pénalisé par les risques que le virus fait peser sur le commerce international. La grande distribution peine à se redresser : Carrefour (- 8,89 % à 29,50 euros) a été la lanterne rouge du CAC 40 la semaine dernière. Le titre du distributeur a été pénalisé par une rumeur d'avertissement sur résultats après l'annonce par Conseil national des centres commerciaux (CNCC) d'une chute très importante de 8,4 % de la fréquentation des centres commerciaux en mai. Son concurrent Casino a reculé de 3,39 % à 40,09 % en cinq séances. Les investisseurs n'ont semble-t-il pas apprécié la décision du groupe de convertir les actions à dividende prioritaire sans droit de vote (ADP) en circulation en actions ordinaires. En outre, Société Générale a réduit sa recommandation sur la valeur d'Achat à Neutre, avec un objectif de cours réduit de 66 à 55 euros. Le broker estime que le marché français va rester difficile durant la seconde partie de l'année. Pierre-Jean Lepagnot