Rémunération : Capgemini innove avec les Bsaar

15/06/2009 - 18:47 - Option Finance

(AOF) - Capgemini est le premier groupe du CAC 40 à utiliser un mécanisme de bons de souscription d'actions pour remplacer les stock-options destinées à ses cadres. C'est également la première fois qu'un tel plan concerne un public aussi vaste. Après avoir été l'un des premiers groupes à offrir des plans de stock-options à un large public de bénéficiaires allant au-delà du comité exécutif, il y a près de vingt ans, Capgemini a choisi une solution atypique pour récompenser et motiver ses cadres. Ne souhaitant plus recourir aux stock-options, le groupe a en effet proposé à ces derniers de souscrire des bons de souscription ou d'acquisitions d'actions remboursables (Bsaar). Une opération doublement novatrice, puisque c'est la première fois qu'un plan de Bsaar est mis en place par un groupe du CAC 40, mais également la première fois qu'il concerne un nombre de bénéficiaires aussi large, 1 200 personnes présentes dans 27 pays. "Traditionnellement, les émissions de Bsaar à destination de managers ont visé une population moins large, l'émission la plus importante ayant été la première émission d'Havas, qui a proposé des Bsaar à 500 personnes, souligne Didier Duhem, PD-G d'Europe Offering et conseil de l'opération. Mais ce n'est pas la seule originalité de l'opération ! Il s'agit en effet d'une émission de Bsaar autonomes, alors que ceux-ci avaient été traditionnellement attachés à des obligations, dans le cadre d'émissions d'Obsaar." C'est d'ailleurs ce produit qui avait été initialement proposé au groupe, en novembre 2007, alors que celui-ci cherchait un substitut à ses plans de stock-options, dont le dernier expirait. "En l'absence de besoins de financement immédiats, la partie obligataire du produit présentait peu d'intérêt pour nous ; nous avons en revanche été séduits par les Bsaar, explique Lucia Sinapi, responsable des opérations financières de Capgemini. Ils correspondaient bien à la culture entrepreneuriale du groupe, dans la mesure où ils nécessitent un réel investissement et comportent une part de risque. Nous avons donc décidé de ne pas renouveler le traditionnel plan de stock-options au profit d'une approche plus segmentée, combinant des distributions ciblées d'actions de performance (pour un maximum de 1,5 millions d'actions), une offre de souscription de Bsaar destinée aux 1 200 principaux managers (portant au maximum sur 3 millions de titres), et enfin le lancement d'ici la fin de l'année d'un plan d'actionnariat salarié ouvert à plus de 90,000 collaborateurs du groupe (portant au maximum sur 6 millions de titres)." L'assemblée générale de 2008 a validé ce plan, prévu pour être mis en application avant la fin de l'été dernier. "En juin 2008, le groupe a décidé de repousser l'émission de Bsaar de quelques semaines, car son cours n'était pas stabilisé, témoigne Didier Duhem. Mais la faillite de Lehman Brothers en septembre et ses conséquences sur les marchés ont entraîné des reports successifs de l'opération." Capgemini restait cependant désireux de lancer l'émission dès que les conditions de marché s'amélioreraient. En avril, le marché des equity linked s'est rouvert en France, et Capgemini a émis une Oceane, largement sursouscrite. "Cela nous a confortés dans l'idée que le temps était venu de lancer notre programme de Bsaar, explique Lucia Sinapi. La maturité des Bsaar étant proche de celle de la composante optionnelle de l'Océane (7 contre 5 ans), il était naturel d'en aligner les principales caractéristiques.En particulier, tant le prix d'exercice du Bsaar (34 euros pour un cours de référence de 26,3 euros), que la volatilité prise en compte pour la détermination du prix de 3,22 euros sont en ligne avec ceux de l'Océane."

Un important travail de pédagogie auprès des bénéficiaires

Les bénéficiaires ont été répartis en quatre catégories notamment selon le niveau hiérarchique auquel ils appartiennent, et qui détermine le nombre de Bsaar qu'ils pourront souscrire à titre irréductible, au prix de 3,22 euros par bon. 15 000 bons vont ainsi être proposés aux membres du comité exécutif regroupés dans la première catégorie, chiffre qui décroît jusqu'à 1 000 pour la dernière catégorie. "Les Bsaar sont offerts à la souscription auprès des directeurs associés du groupe ('vice president') répartis en 4 catégories, correspondant à des seuils spécifiques de souscription maximale, explique Lucia Sinapi. Toutefois, par souci d'équité, les ordres de souscription ne peuvent excéder 6 fois le montant fixé à titre irréductible." Dans une optique d'association à long terme à la performance boursière du groupe, les Bsaar seront ni cessibles, ni négociables, ni exerçables pendant une période de quatre ans. Préalablement au lancement de l'opération, un important travail de pédagogie a été réalisé auprès des bénéficiaires, peu familiers de ce type de produits et habitués aux stock-options, pour en expliquer les principales caractéristiques. Un certain nombre de conférences via Internet ont ainsi été organisées. "L'une des principales questions abordées concernait le sort des Bsaar si le manager quittait le groupe pendant les quatre premières années, explique Didier Duhem. Contrairement à ce qui se pratique en matière de stock-options, celui-ci pourra les conserver. Certains s'interrogeaient également sur la réelle liquidité du Bsaar à l'issue de la période d'incessibilité. Il a fallu non seulement les rassurer sur ce point, mais également les convaincre que la cession des bons avant la fin de la période d'exercice se traduirait par une plus-value supérieure à celle qui serait générée par l'exercice des Bsaar et la revente des actions souscrites." Lancée le 14 mai dernier, la période de souscription s'achèvera mercredi prochain, les résultats définitifs devant être connus le 20 juillet. Guillaume Benoit

AOF - EN SAVOIR PLUS

Activité de la société

Le groupe, qui a pris le nom de Capgemini le 15 avril 2004, est aujourd'hui l'un des leaders mondiaux du conseil en management et des services informatiques. Présent dans plus de 30 pays, Capgemini propose à ses clients une gamme complète de prestations organisées autour de quatre métiers : le conseil en management, l'intégration de systèmes et applications informatiques, l'infogérance et les services informatiques de proximité. Le groupe a pris le contrôle de Ernst & Young Consulting en 2000, de Transiciel en 2003 et de Kanbay en 2006.

Les points forts de la valeur

- Le rachat de l'indien Kanbay a permis à Capgemini de prendre une longueur d'avance sur ses concurrents européens dans le domaine de l'offshore. Grâce à cette opération, le groupe a renforcé ses effectifs dans les pays à bas coûts. - La montée en puissance de l'activité Infogérance aux revenus récurrents devrait protéger Capgemini des retournements de cycle. - En Europe, le groupe bénéficie d'une exposition plus diversifiée que ses pairs tant en termes de métiers que géographiques.

Les points faibles de la valeur

- L'activité d'Infogérance monte certes en puissance, mais sa rentabilité n'est pas encore à la hauteur. - La faiblesse de livre sterling par rapport à l'euro pourrait impacter ses résultats car le groupe réalise environ un quart de ses ventes outre-Manche.

Comment suivre la valeur

- Comme toute SSII, les budgets informatiques consacrés par les entreprises, l'effectif et les taux d'intercontrats sont des indicateurs importants. - Capgemini a procédé fin 2006 à l'acquisition de la société indienne Kanbay aux Etats-Unis. Si cette société est indienne de par ses effectifs, elle est surtout américaine par son chiffre d'affaires. Ce rachat augmente donc son exposition à la conjoncture américaine. - Dans un contexte de pénurie d'informaticiens, l'inflation salariale est à surveiller.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Informatique - SSII

Le Syntec Informatique, l'organisme professionnel des SSII, éditeurs de logiciels et sociétés de conseil, qui avait tablé fin 2008 sur une croissance comprise entre 2% et 4% du marché pour le premier semestre 2009, pourrait revoir ses prévisions à la baisse. Compte tenu du manque de visibilité, il ne peut établir de prévision annuelle pour le marché français. Il en est de même pour les entreprises. Capgemini, qui anticipe jusqu'à 2% de recul de son activité au premier semestre 2009, ne peut fournir d'objectif pour le reste de l'année. Selon Syntec Informatique, l'"offshore" représente environ 4% des services informatiques consommés en France, soit plus de 1 milliard d'euros à fin 2008. Après la crise, cette pratique devrait se renforcer. L'Inde capte environ 40% de ce montant. Le reste est effectué au Maroc, en Tunisie, en Espagne et en Europe de l'Est. La sous-traitance indienne s'opère essentiellement via des SSII occidentales présentes dans ces pays (comme Capgemini, Accenture, ou Atos Origin) et par des " pure players " indiens tels que Tata Consultancy Services ou Infosys Technologies.