Une semaine de Bourse - Prises de bénéfices en attendant mieux

26/06/2009 - 19:13 - Option Finance

(AOF) - Les marchés boursiers ont poursuivi leur repli, les investisseurs prenant des bénéfices après une hausse spectaculaire de deux mois entamée début mars. En l'espace d'une semaine, le CAC 40 a cédé 2,84 % à 3 129,73 points, tandis que le Dow Jones, à New York, s'apprêtait vendredi à perdre 1,5 %. Depuis le 1er juin, l'indice phare de la Bourse de Paris accuse une baisse de 7,4 % et l'indice S&P 500 une perte de 3 %. Pourquoi cette correction ? Les opérateurs n'ont pas attendu l'OCDE mercredi pour réviser à la hausse leurs perspectives économiques. En revenant massivement dès le mois de mars sur les marchés actions, les investisseurs ont affiché leur confiance en un scénario de sortie de crise en 2010. Aujourd'hui, si cette hypothèse reste d'actualité, l'ampleur et le timing de la reprise semblent susciter une inquiétude croissante, alors que les derniers indicateurs économiques plaident davantage pour une stabilisation de l'économie mondiale que pour une reprise franche et nette. Aux Etats-Unis, le PIB américain a affiché un repli 5,5 % au premier trimestre, selon les chiffres définitifs. Après un plongeon du PIB de 6,3 % au dernier trimestre 2008, ces derniers résultats attestent une amélioration très relative de l'activité. Plus inquiétant, le gouvernement américain a comptabilisé 627 000 inscriptions au chômage durant la semaine close le 20 juin, soit 15 000 de plus que pendant la semaine précédente. En outre, les dépenses des ménages, qui assurent en temps normal les trois quarts de la croissance américaine, peinent à repartir. Aux Etats-Unis comme en Europe, la peur du chômage et la crainte de prochaines hausses d'impôts pour financer les gigantesques plans de relance brident la consommation au profit de l'épargne. Dans un climat redevenu plus incertain, la baisse du coût de financement des entreprises depuis quelques semaines pourrait malgré tout favoriser une reprise des investissements, ce qui constituerait une bonne nouvelle pour la croissance. Semaine contrastée pour le secteur de la santé : mauvaise séquence pour Sanofi-Aventis, dont le titre a plongé de 15,6 % à 40,85 euros en cinq séances. Le numéro quatre mondial de la pharmacie a été pénalisé par les inquiétudes croissantes entourant le risque de cancer de son médicament contre le diabète, le Lantus, après la publication d'une étude d'UBS mercredi à ce sujet. Vendredi, Morgan Stanley a retiré le titre de sa liste des valeurs préférées et abaissé sa recommandation de Surpondérer à Pondérer, en ligne avec un objectif de cours réduit de 58 à 48 euros. "Même si le risque accru de cancer lié au Lantus était dissipé, l'attention des médias sur ce sujet va probablement pénaliser le profil de croissance du titre de manière dramatique", a expliqué le bureau d'études. A cette polémique s'est ajoutée l'annonce par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) du retrait du médicament antidouleur Di-Antalvic du marché. Heureusement, les autres valeurs du secteur ont connu un meilleur sort et notamment Eurofins Scientific. Bénéficiant à plein de l'inquiétude suscitée par la pandémie de grippe A, le titre du spécialiste de la bioanalyse a bondi de 5,62 % à 41,72 euros pour signer l'une des meilleures performances de l'indice SBF 120 Différence de traitement au sein du secteur des télécoms : à contre-courant du marché, Bouygues s'est apprécié de 2,81 % à 26,91 euros cette semaine. Le consortium a profité d'une note de Goldman Sachs. Depuis quelques semaines, la banque d'affaires analyse en détail l'exposition de chaque secteur au cycle économique dans la perspective d'un retour de la croissance en 2010. Affirmant sa préférence pour des secteurs plus cycliques, le broker a dégradé sa couverture des télécoms d'Attractif à Neutre. Bouygues a cependant tiré son épingle du jeu. Le titre a en effet été intégré dans la "Conviction Buy List" de Goldman Sachs. Quatre facteurs ont motivé le choix de l'analyste : la valorisation du titre, la flexibilité des coûts du groupe, sa solide position face à la concurrence et sa capacité à dégager de la valeur dans un environnement de risque normal. A contrario, le courtier a dégradé sa recommandation sur France Télécom d'Achat à Neutre en raison du caractère trop défensif du groupe français, alors que la reprise se dessine. Le titre a fini la semaine sur une perte hebdomadaire de 0,92 % à 16,10 euros. Le secteur automobile en panne : Peugeot a chuté de 9,29 % à 18,35 euros en cinq séances, pénalisé par plusieurs avis négatifs de spécialistes. Standard & Poor's a en effet indiqué qu'il n'excluait pas de ramener la note de crédit de Peugeot SA en catégorie spéculative. L'agence de notation estime que la situation financière du constructeur automobile pourrait encore se dégrader en 2009 et ne pas s'améliorer en 2010. La marque au lion a également été affectée par une note d'UBS. Le broker a relevé son objectif de cours sur Peugeot de 9 à 16 euros, mais il a maintenu sa recommandation Vendre. S'il espère que le nouveau P-DG, Philippe Varin, va assurer le redressement du constructeur automobile, il souligne que la nouvelle équipe de direction semble plus travailler dans la continuité de la précédente que dans la rupture. Dans le sillage de Peugeot, Renault a abandonné 4,59 % à 25,785 euros durant la semaine. Au-delà de l'actualité propre à chaque constructeur, les investisseurs ont décidé de prendre une partie de leurs bénéfices après l'impressionnante progression du secteur. Peugeot et Renault, respectivement dévalorisés de 76 % et 81 % en 2008, ont effet repris 51 % et 34 % depuis le 1er janvier. Pierre-Jean Lepagnot