Une semaine de Bourse - La reprise suscite l'inquiétude

03/07/2009 - 18:37 - Option Finance

(AOF) - Les Bourses mondiales ont prolongé leur repli, alors que les doutes sur la reprise économique s'intensifient. Les fameux "green shoots" (lueurs d'espoir) ne suffisent plus à soutenir des marchés désormais à la recherche de preuves tangibles de l'embellie économique. Or, les preuves manquent. En conséquence, entre le lundi 29 juin et le vendredi 3 juillet, la Bourse de Paris a cédé 0,33 % à 3 119,51 points, signant à cette occasion sa quatrième baisse hebdomadaire consécutive. Aux Etats-Unis, l'indice Dow Jones a perdu 1,8 % à 8 280,74 points aux termes d'une semaine raccourcie à quatre jours en raison de la fête de l'Independence Day. Après trois séances indécises et sans relief, les investisseurs ont été fortement déstabilisés jeudi dernier par les mauvais chiffres de l'emploi américain : en une journée, le CAC 40 a décroché de 3,13 %, tandis que le Dow Jones a chuté de 2,63 %. Selon le département du travail, après quatre mois de baisse, la destruction d'emplois aux Etats-Unis s'est accélérée au mois de juin. Au total, 467 000 postes ont été supprimés, au lieu de 365 000 anticipés par le consensus des économistes. En outre, le taux de chômage a encore progressé pour atteindre 6,5 %, soit un plus haut depuis vingt-cinq ans. Il est maintenant très probable qu'il dépasse les 10 % avant la fin de l'année. Dans la zone euro, il touche désormais 9,5 % de la population active, son niveau le plus élevé depuis dix ans. L'inquiétude des investisseurs a été renforcée le lendemain par la rechute ventes au détail dans la zone euro (- 0,4 % en mai après + 0,1 % en avril). En rythme annuel, la baisse atteint 3,3 %, confirmant que la consommation en Europe traverse ses heures les plus difficiles depuis la Seconde Guerre mondiale. Ces chiffres rappellent aux opérateurs que si le pire de la crise est sans doute passé, la récession n'en reste pas moins d'une gravité exceptionnelle. Dans ce contexte morose, les investisseurs ont privilégié les valeurs jugées les plus défensives (agro-alimentaire, distribution, santé) aux dépens des cycliques (métaux, construction, chimie et énergie hors pétrole). Sanofi-Aventis se refait une santé : lanterne rouge du CAC 40 la semaine précédente en raison des doutes entourant la santé de son antibiotique Lantus, Sanofi-Aventis (+ 4,81 % à 42,815 euros) a enregistré la semaine dernière la meilleure performance du CAC 40, soutenu par le feu vert donné par la FDA à la commercialisation du Multaq (contre les troubles du rythme cardiaque). Cette décision est une bonne nouvelle pour Sanofi après l'échec en 2007 de l'Acomplia, son médicament contre l'obésité. Selon des analystes, les ventes du Multaq pourraient à terme dépasser le milliard de dollars par an. En outre, le groupe a bénéficié vendredi du bon accueil réservé par les analystes à son séminaire sur la thématique des marchés émergents. Credit Suisse et CM-CIC Securities ont renouvelé leur recommandation d'Achat, soulignant notamment l'ambition de Sanofi de doubler ses ventes sur ces marchés prometteurs d'ici à 2013. L'incertitude sur les prix pénalise les valeurs liées à l'énergie : EDF (- 5,90 % à 31,965 euros) a signé la semaine dernière la deuxième plus mauvaise performance du CAC 40, pénalisé en fin de semaine par une salve d'avis négatifs de brokers. Les analystes soulignent l'incertitude entourant l'évolution des prix après les propositions formulées par la commission Champsaur en avril dernier sur la réglementation des tarifs de l'électricité destinés aux industriels. Morgan Stanley a dégradé sa recommandation sur le groupe de Surpondérer à Pondérer en ligne avec un objectif de cours de 45 euros contre 50 euros précédemment. "Nous pensons que le titre va continuer à se traiter avec une décote par rapport à son ANR (actif net réévalué), de 45 euros, jusqu'à ce que nous ayons une vision plus claire sur le nouveau système de tarification qui changerait radicalement le profil d'EDF", a déclaré le broker. Outre Morgan Stanley, UBS a réduit son objectif de cours sur EDF de 54 à 50 euros en raison de l'impact potentiel sur les résultats 2009 des récentes grèves dans le nucléaire. Enfin, Citigroup a revu à la baisse son objectif de cours sur l'électricien de 38 à 37 euros. Les biens d'équipements profitent de la mutation d'Areva : en confirmant la cession prochaine de sa branche Transmission et Distribution (T&D) à un candidat proposant un projet industriel et social, la présidente du directoire du groupe nucléaire public, Anne Lauvergeon, a ravivé l'intérêt du marché pour Alstom. Oddo Securities considère ainsi Alstom comme le repreneur naturel de la branche T&D. En effet, explique le broker, un tel rachat permettrait au groupe d'étoffer son maillage commercial et, de facto, sa taille critique (27 % de chiffre d'affaires supplémentaire). Un autre avantage serait de contrebalancer en partie les cycles économiques, l'activité T&D étant moins corrélée à la conjoncture. Enfin, l'opération permettrait à Alstom de bénéficier du fort dynamisme de moyen et long terme de ce segment. A la Bourse de Paris, le titre a gagné 3,58 % à 42,91 euros en cinq séances. De son côté, le certificat d'investissement Areva a terminé la semaine sur un gain de 1,95 % à 410,84 euros. Pierre-Jean Lepagnot