Une semaine de Bourse - La reprise tarde, les marchés s'impatientent

10/07/2009 - 18:46 - Option Finance

(AOF) - Les places boursières mondiales ont poursuivi leur chute entamée mi-juin. Les premiers résultats d'entreprises américaines en demi-teinte et le repli aussi marqué qu'inattendu de la confiance des consommateurs américains ont semble-t-il définitivement éloigné la perspective d'une reprise rapide de l'économie américaine. A New York, le Dow Jones s'apprêtait vendredi à terminer la semaine sur une perte hebdomadaire de 2,73%. L'indice élargi, le S&P 500 perdait 2,46 % à 876,50 points, enregistrant un recul de plus de 7 % depuis le 12 juin. Il avait rebondi de 40 % depuis mars, soutenu par l'espoir d'un retour de la croissance américaine au second semestre. Sur la semaine, le CAC 40 a plongé de 4,37 % à 2 983,10 points. Depuis le pic atteint le 1er juin à 3 379 points, l'indice parisien a perdu plus de 11 %. Vendredi, il est passé sous la barre des 3 000 points pour la première fois depuis fin avril. Les analystes pensent désormais que les bénéfices et l'ampleur estimée du redressement de la profitabilité des entreprises devraient constituer le principal moteur des marchés actions au cours des deux à trois prochains mois. Le point le plus important sera probablement la direction que prendra l'éventuelle reprise et la publication des bénéfices du deuxième trimestre y contribuera. Jusqu'ici, le consensus anticipe une contraction de 34 % sur un an des bénéfices du S&P 500 au deuxième trimestre. Dans le doute, les investisseurs ont opéré une rotation sectorielle, se reportant sur les valeurs qui ont le moins bénéficié du récent rebond, comme l'immobilier, la grande distribution ou l'agroalimentaire. En revanche, les valeurs cycliques ont subi des dégagements importants à l'image des mines, de l'automobile ou de l'énergie. Le net repli du brut pénalise les valeurs pétrolières : les prix du pétrole ont clôturé la semaine sous 60 dollars le baril pour la première fois depuis fin mai, le marché s'inquiétant de la faiblesse de la demande. Le WTI affiche une chute de 13 dollars par rapport à ses sommets touchés début juillet. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit toujours un net recul de la demande mondiale de pétrole (- 2,9 %), mais prédit un rebond en 2010 (+ 1,7 %). De son côté, le département américain à l'énergie a fait état d'une nouvelle progression des stocks de produits pétroliers aux Etats-Unis. A la Bourse de Paris, le titre Vallourec, très corrélé à l'industrie pétrolière, a accusé l'une des plus fortes baisses du CAC 40 (-9,49 % 76,84 euros). Les analystes ne voient pas d'amélioration de la situation du groupe avant 2010. Total, premier composant de l'indice CAC 40, a abandonné 4,59 % à 35,98 euros en cinq séances. La quatrième compagnie pétrolière mondiale a été pénalisée par l'avertissement sur résultats de Chevron. La major américaine a annoncé que ses comptes du deuxième trimestre allaient être affectés par une forte baisse de ses marges de raffinage. Hors CAC 40, CGG Veritas, lui aussi très sensible au prix du brut, a reculé de 11,98 % à 10,87 euros. Technip a perdu 7,44 % à 35,98 euros malgré l'annonce de deux contrats remportés dans le cadre de la construction d'une nouvelle raffinerie en Arabie saoudite et le relèvement d'objectif de cours de 30 à 42 euros par la Deutsche Bank. Enfin, Maurel & Prom a chuté de 11,79 % à 10,73 euros. GDF-Suez et EDF pénalisés par la rigidité des prix de vente : en baisse de 9,42 % à 23,80 euros, GDF-Suez a signé l'une des plus mauvaises performances hebdomadaires de la Bourse de Paris, pénalisé par une actualité défavorable. Mercredi, le commissariat européen chargé de la concurrence a infligé une amende de 553 millions d'euros au groupe français ainsi qu'à l'allemand E.ON pour entente sur les prix. Cette lourde amende s'est ajoutée une dégradation de Credit Suisse. Le broker a revu à la baisse son opinion sur la valeur à Neutre avec un objectif de cours réduit de 10 euros à 31 euros. Selon le bureau d'études, seule une hausse du prix du gaz permettrait au groupe d'engranger davantage de bénéfices. Or, les tarifs du gaz sont fixés par l'Etat qui, au vu de la conjoncture, ne semble pas prêt à faire ce geste. EDF partage cette problématique. Le P-DG du groupe, Pierre Gadonneix, a demandé par voie de presse au gouvernement de relever de 20 % ses tarifs sur trois ou quatre ans afin qu'il puisse financer ses investissements. Citigroup et Oddo ne pensent pas qu'EDF obtienne satisfaction cette année. Le titre a cependant limité son repli en cinq séances (- 3,28 % à 30,91 euros) grâce au succès de l'emprunt réservé aux particuliers. Les doutes sur la reprise font trébucher les cycliques : emporté par la baisse des matières premières liée au regain d'inquiétude sur le retour de la croissance, Eramet a plongé de 13,28 % à 157,40 euros. Au sein du CAC 40, ArcelorMittal a abandonné 7,11 % à 20,96 euros. Mercredi soir, le premier sidérurgiste du monde a pourtant rassuré les investisseurs en confirmant être en discussions avancées avec ses principales banques sur ses engagements de crédit. Bien que le groupe ne prévoie pas d'enfreindre les clauses existantes, il a jugé prudent, compte tenu de l'actuel contexte opérationnel, de renforcer sa position financière "pour le cas où surviendrait une décélération additionnelle imprévue". Par ailleurs, les valeurs automobiles, qui avaient fortement contribué à l'embellie de ces derniers mois, ont subi de lourdes prises de bénéfices. Renault (- 10,61 % à 22,39 euros) a enregistré la plus mauvaise performance du CAC 40, Peugeot a perdu 6,95 % à 16,59 euros. Pierre-Jean Lepagnot