Les convictions de ... Olivier Baduel (gérant CAAM Select France)

13/07/2009 - 09:53 - Option Finance

(AOF / Funds) - Olivier Baduel gère, avec son équipe, 3,8 milliards d'euros sous la même bannière : gestion de conviction de valeurs européennes selon un processus de sélection "bottom-up". L'offre comprend les fonds ouverts de la marque Select (476 millions d'euros au 31 mars 2009), ainsi que des mandats et fonds dédiés aux institutionnels et des portefeuilles "buy and hold". L'équipe comprend quatre gérants spécialisés par secteurs. Olivier Baduel est entré au Crédit Agricole en janvier 1995. Il a été classé parmi les meilleurs gérants européens par Citywire cette année avec une note AAA.

Quelles ont été les grandes options de gestion ces derniers mois ?

Mi-2006, nous avons conclu de nos analyses que la rentabilité des sociétés financières et particulièrement des banques n'était pas soutenable à long terme, ce qui nous a conduits à sous-pondérer ces valeurs bien avant les premiers signes de crise financière. En juin 2007, nous n'étions plus à l'aise avec la valorisation des valeurs moyennes cycliques. Nous avions beaucoup de mal à justifier des progressions de cours sur la base de nos hypothèses de croissance alors que les marges étaient au plus haut. Nous avons donc réduit nos positions. Tout le second semestre 2007, nous avions de l'ordre de 10 % de liquidités en portefeuille parce que nous avions commencé à prendre des bénéfices sur les financières et les cycliques mais que les valeurs de qualité nous semblaient encore relativement chères. Cela nous a permis de ne pas être totalement exposés dans la baisse du marché en 2008. L'an dernier, nous avons également bénéficié de notre positionnement sur des valeurs plutôt défensives. Au premier trimestre 2009, nous sommes revenus de façon très ponctuelle sur certaines financières et cycliques (Renault, Axa, BNP Paribas, Saint-Gobain), ce qui nous a permis de profiter du violent rebond du marché.Au total, ce qui a fait notre succès ces dernières années, c'est la fidélité à notre process et à nos convictions. Nous ne cherchons pas à capter les mouvements sectoriels. Nous ne prétendons pas tirer parti de tous les mouvements de marché. Il nous faut des convictions à horizon 18/24 mois pour intervenir.

Quel est le profil du portefeuille aujourd'hui ?

Au point bas le 9 mars, nous étions arrivés à des niveaux de valorisation vraiment déprimés. Depuis, l'essentiel du rebond à court terme a été effectué. Il faudra attendre le prochain trimestre pour s'assurer de la soutenabilité de la reprise des marchés actions. C'est pourquoi nous avons de nouveau sous-pondéré les financières et les cycliques, les industrielles et les matériaux. Aujourd'hui, CAAM Select France privilégie les grandes capitalisations avec une bonne visibilité, des valeurs de qualité plutôt défensives. Thalès est une de nos lignes principales, aux côtés de GDF Suez ou France Télécom pour leur rendement attractif. Nous misons également sur Carrefour, un pari plus risqué.Alors que nous l'avions peu fait jusque-là, nous avons participé à des émissions d'obligations convertibles (Arcelor, Danone) que nous avons jugées très attractives.

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CAAM SELECT FRANCE

ISIN FR0000944696 Promoteur : CREDIT AGRICOLE ASSET MANAGEMENT Catégorie : ACTIONS européennes - Général Par une gestion de conviction, l'équipe en charge du fonds CAAM Select France cherche à surperformer l'indice SBF 120, à moyen/long terme. Sans contrainte a priori, le processus d'investissement se fonde sur une analyse fondamentale et approfondie des entreprises. L'ambition de CAAM Select France est de présenter un profil de risque "tout temps" capable de délivrer de la surperformance indépendamment des configurations de marché. Fidèle à sa vocation d'investissement en actions françaises, ce fonds ne vise pas une performance absolue. Il est adapté aux besoins d'investisseurs qui souhaitent s'exposer aux actions françaises en faisant le choix d'une gestion active, sans pour autant privilégier un style spécifique. L'équipe n'a pas de biais a priori. Elle ne sera jamais dans les extrêmes comme les gérants typés "value", "croissance" ou "small caps", etc., et ne devrait pas faire mieux qu'eux quand les phases de marché leur sont favorables. Par contre, sur la durée, cette gestion de conviction doit pouvoir s'adapter à toutes les conditions de marché. L'allocation n'obéit à aucune contrainte en termes de secteurs ou de zones géographiques. "La gestion se veut pragmatique, explique Olivier Baduel. La sélection de titres se fait sans biais a priori. En revanche, les fonds peuvent adopter un biais lié aux opportunités de marché." L'équipe a délivré un ratio d'information supérieur à 1 sur trois ans, ce qui est remarquable, avec une surperformance de 1,4 % en brut sur trois ans et une tracking error, résultante de la sélection de valeurs, nettement inférieure à 7 % (2,5 % au plus bas dans des marchés peu volatils). "Gérée au sein d'une équipe à taille humaine, cette offre est très lisible pour les investisseurs", résume le gérant. "Notre processus de décision est collégial. Chaque idée d'investissement est d'abord proposée à l'équipe de façon à ce que chacun puisse apporter ses questions et ses contradictions", explique Olivier Baduel. Les gérants, spécialisés par secteurs, rédigent ainsi une "carte postale" pour chaque idée d'achat. Cette carte postale comprend les arguments d'achat (le texte), les risques internes ou externes (l'adresse) afin que chacun puisse les identifier et les suivre, et un objectif de cours explicité à 18 ou 24 mois (le timbre). Le process fonde sa discipline sur la valorisation de chaque cas d'investissement basé sur une analyse à 360° de chaque société (produits, concurrents, clients, fournisseurs, avantages compétitifs, environnement réglementaire...). "Nous avons une sensibilité forte à la valorisation. Nous utilisons l'outil HOLT (produit développé par Crédit Suisse) pour analyser l'entreprise et déterminer une valorisation avec nos propres hypothèses. Nous évitons ainsi les valeurs chères qui ne tiennent que par la dynamique de révision en hausse des perspectives de croissance mais nous mettons aussi de côté les valeurs décotées sur lesquelles nous ne détectons aucune dynamique", précise le gérant. Si les décisions d'investissement sont collégiales, un seul gérant est en charge de la gestion du fonds et de la pondération des titres en portefeuille afin d'en assurer la cohérence et surtout d'en contrôler les niveaux de risque. L'objectif est de pondérer les titres en poids absolu en fonction de leur potentiel de hausse, avec tout de même un biais en fonction de la taille et du risque spécifique des titres (entre 3 et 5 % pour les large caps et entre 1,5 et 3 % pour les mid caps). Le niveau de rotation du fonds se situe entre 40 et 60 % par an. Il peut être plus élevé selon les configurations de marché, notamment dans les retournements de cycle. Le fonds est concentré sur 35 à 50 valeurs (en fonction de l'importance des capitalisations moyennes dans la sélection). Enfin, la détention de cash peut grimper jusqu'à 20 %. "Vendre une action ne veut pas dire s'obliger à en acheter une", indique Olivier Baduel.