V. Strauss (Comgest) : spécialiste des marchés asiatiques et émergents

15/07/2009 - 16:02 - Option Finance

(AOF / Funds) - Vincent Strauss, diplômé des HEC de l'université de Lausanne et titulaire d'un DEA de sciences économiques, a débuté sa carrière à la direction financière du Crédit Commercial de France. Il est ensuite devenu responsable de la gestion sur les marchés asiatiques à la Banque Indosuez, puis directeur de la Batif. Après avoir été directeur de Multifinance International, il a rejoint Comgest, en avril 1994, où il est actuellement membre du directoire et responsable gérant Asie et pays émergents.

La stratégie d'investissement du gérant

Spécialiste dans le stock-picking d'entreprises basées en Asie et dans des pays émergents, Vincent Strauss ne s'intéresse ainsi qu'à des entreprises susceptibles de s'apprécier de façon durable. Pour cela, Comgest met en oeuvre une analyse fondamentale, menée par une équipe internationale de plus de 60 analystes gérants. Ce processus vise à trouver des sociétés avec un bilan solide et une visibilité des résultats "à au moins cinq ans. C'est pourquoi nous évitons les valeurs cycliques, comme les banques", précise-t-il. Les sociétés doivent également présenter une rentabilité élevée de leurs capitaux propres, une capacité d'autofinancement, une marge bénéficiaire au-dessus de la moyenne et un positionnement concurrentiel dominant. Pour évaluer le potentiel de croissance à venir d'une entreprise, Comgest juge également la capacité du management à respecter ses engagements, ses minoritaires, ses clients, ses actionnaires... Sur un univers d'investissement d'environ 160 valeurs, très peu de sociétés répondent à ce profil très sélectif. Par conséquent, les fonds gérés par Vincent Strauss sont concentrés autour d'une quarantaine de titres. Pour construire ses portefeuilles, Vincent Strauss met en oeuvre une gestion contrariante. "Je me méfie des effets de mode", indique-t-il. Il privilégie ainsi les entreprises qui, en croissance, offrent un prix raisonnable, dont il se sépare notamment lorsque ce dernier devient excessif. "Cela nous a permis d'être très peu exposés à la chute des valeurs, très cycliques en 2008. Dans les pays émergents, il y a des tendances de long terme : à la fin des années 1990, les sociétés liées à la consommation des ménages et aux infrastructures étaient peu recherchées et se traitaient à des multiples incroyablement bas. Dix ans après, à partir de 2005/2006, ces valeurs sont devenues incontournables pour les gérants spécialisés et leur valorisation était parfois devenue excessive. A la fin de l'année 2007, nos portefeuilles émergents étaient extrêmement défensifs, avec une exposition élevée sur des valeurs de télécoms et sur certaines valeurs d'infrastructure comme des producteurs d'électricité." Le gérant parvient ainsi à délivrer une surperformance, dans les périodes de baisse comme de hausse normale des marchés. Sur trois ans, au 26 juin, son fonds phare, Magellan, s'est ainsi apprécié de 12,50 %, contre - 7,55 % pour la moyenne de sa catégorie "marchés émergents". Sur un an, le gérant fait quasiment deux fois mieux que ses concurrents, avec - 12 ,03 %, contre - 23,55%. Une appréciation forte de ces marchés est moins évidente à court terme que sur le long terme. "A titre d'exemple, la consommation de la Chine et de l'Inde se situe aux alentours de 1 500 milliards de dollars par an, soit le dixième seulement de la consommation cumulée de l'Europe et des Etats-Unis, affirme Vincent Strauss. Pour ne serait-ce que compenser une baisse de la consommation de 3 % dans les pays développés, il faudrait dans le même temps une croissance de 30 % en Chine et en Inde..." A long terme, "un investissement dans les pays émergents devient incontournable dans l'allocation d'actifs d'un investisseur de long terme, explique Vincent Strauss. De façon générale, l'Afrique du Sud offre des opportunités intéressantes, car de nombreux groupes sont des 'consolidateurs' qui permettent d'avoir une exposition sur l'ensemble de l'Afrique. Ce marché dispose d'un marché financier efficace qui offre aux entreprises des capitaux à long terme, grâce à un système bancaire, des compagnies d'assurances et d'assurance vie, ainsi que des fonds de pension qui fonctionnent. Elles lui permettent de financer les entreprises et les investissements du pays, ce qui est rarissime dans les pays émergents".

Les valeurs préférées du gérant

- MTN, opérateur mobile multinational sud-africain : pour son gisement de consommateurs potentiels en Afrique, un continent qui enregistre la plus forte croissance démographique au monde. - TSMC, fabricant taïwanais de semi-conducteurs : il sortira renforcé de la crise, grâce à un bilan solide, un accès au crédit et une génération de free cash flow. - JBS, géant brésilien de l'industrie du boeuf : un positionnement leader en Amérique du Sud et du Nord, une position forte en Australie et un superbe réseau de distribution en Europe. Ce groupe va probablement pouvoir prendre des parts de marchés au détriment de compétiteurs financièrement affaiblis par la crise.

A retenir

- Société de gestion : Comgest - Expérience du gérant : trente-deux ans - Fonds phare du gérant : Magellan, géré depuis 1994 - Encours gérés et supervisés : 5 milliards d'euros