La gestion flexible, une solution pour revenir vers les actifs risqués

31/08/2009 - 10:57 - Option Finance

(AOF / Funds) - Malgré l'embellie sur les marchés actions, les investisseurs institutionnels demeurent encore frileux et tardent à revenir vers les actifs risqués. Pour les inciter à réallouer leurs actifs notamment vers les actions, de nombreuses sociétés de gestion misent actuellement sur une nouvelle méthode de gestion pour les investisseurs institutionnels à savoir la gestion flexible. Cette technique de gestion s'inspire de la gestion patrimoniale. Dans ce cadre, les fonds peuvent être investis entre 0 % et 100 % en actions selon les anticipations des gérants quant aux évolutions des marchés financiers. Les gérants pilotent l'allocation d'actifs avec un double objectif : capter de la performance lorsque les marchés sont en phase ascendante et préserver le capital lorsque les marchés sont orientés à la baisse. La gestion n'ayant pas d'indice de référence, cette méthode permet de se replier rapidement sur les actifs sans risque en cas de retournement brutal des marchés. Si le principe est globalement toujours le même, le profil des fonds varie ensuite selon les promoteurs. Certains vont associer exclusivement des actifs sans risque aux actions quand d'autres mixent plusieurs classes d'actifs, certains fonds sont engagés dans une logique directionnelle (paris sur les grandes tendances de marché), d'autres privilégient le trading (achats/ventes d'actifs en fonction des opportunités à très court terme). Par ailleurs, des paris tactiques peuvent être associés à l'allocation stratégique et portent sur des actifs qui ne sont pas coeur de portefeuilles comme les devises ou encore les matières premières. Dorval Finance propose depuis 2007 plusieurs fonds investis en actions selon cette méthode. Ils couvrent l'Europe ou le Monde. La spécificité de la société de gestion réside dans le fait que la part du fonds qui n'est pas investie en actions l'est exclusivement en liquidités à travers des OPCVM monétaires ou des titres à très court terme détenus en direct. Les actions sont sélectionnées à travers un processus de stock picking. Ces fonds sont par ailleurs également proposés à la clientèle de Natixis Asset Management (NAM) dans le cadre d'un partenariat avec Dorval Finance. NAM utilise également cette méthode dans le cadre de mandats de gestion. Le gérant propose dans ce cadre aux investisseurs institutionnels de piloter leur allocation stratégique à travers une gestion flexible comprenant des actions, des obligations et du monétaire. Un budget de risque est également déterminé en concertation avec les investisseurs. Les fonds sont investis en utilisant essentiellement des ETF. Ils présentent deux avantages : les transactions peuvent être effectuées très rapidement et à des tarifs plus compétitifs que s'il s'agissait de titres vifs. Enfin, la gestion tactique est également utilisée comme un moteur de performance. Depuis un peu plus d'un an, Robeco Gestions a modifié un de ses fonds diversifiés utilisant un process de gestion quantitatif afin de l'investir de façon flexible. L'allocation du fonds est déterminée à partir d'un budget de risque. "Un pourcentage maximal de perte en capital et un objectif maximal de perte par rapport à la valeur historique la plus élevée obtenue par le fonds sont déterminés et fixés sur un horizon court, 12 mois glissants", indique Yves Maillot, directeur des investissements et de la gestion actions chez Robeco Gestions. Le fonds peut être investi en actions ou en obligations là encore à travers des ETF ou en monétaire. Il comprend deux grands blocs, une gestion coeur investie en produits de taux et accessoirement en gestion alternative et une gestion satellite investie en actions. Cette méthode peut être également proposée à travers des mandats. Deux filiales de la Compagnie Financière Edmond de Rothschild à savoir Edmond de Rothschild Asset Management (EDRAM) et Edmond de Rothschild Investment Managers (EDRIM) participent à ce mouvement. Mandarine Gestion s'est associée avec EDRAM pour créer une nouvelle offre de gestion. Dans ce cadre, le fonds est investi à au moins 90 % en actions à travers les deux fonds de Mandarine Gestion. Parallèlement, l'exposition aux marchés actions est pilotée à travers des instruments de couverture mis en oeuvre par EDRAM. Celle-ci peut varier entre 0 % et 60 % de l'actif. Le fonds Mandarine Reflex peut être également exposé aux devises et aux instruments de taux par le biais d'instruments de couverture. La solution mise en oeuvre par EDRIM est assez différente des précédentes. Cette dernière propose un fonds de performance absolue RFS Quad IV investi en actions, en obligations ou en devises selon l'évolution des marchés. Ce fonds peut investir sur l'ensemble des marchés internationaux à travers du trading tout en limitant son exposition aux marchés émergents à 12 % de l'actif pour des raisons de contrôle des risques. Si les méthodes employées sont différentes, les anticipations des gérants quant à l'évolution des marchés le sont également. Cela se traduit par des niveaux d'exposition aux marchés actions très variables selon les fonds. Les fonds les plus exposés aux marchés actions sont ceux pilotés par Dorval Finance. Ils sont actuellement investis à hauteur de 55 % en actions, le reste correspondant à des actifs liquides. "Les résultats des sociétés publiés cet été ont été meilleurs que prévus, indique Louis Bert, président de Dorval Finance, par ailleurs, les indicateurs macroéconomiques s'améliorent. Enfin, on commence à assister à une réallocation des flux vers les actions compte tenu des niveaux actuels des taux d'intérêt. Tous ces éléments plaident en faveur des actions. Cependant la grippe A pourrait cristalliser des prises de bénéfices dans les semaines à venir, ce qui permettrait à un certain nombre d'investisseurs d'entrer dans le marché." Même constat pour Mandarine Reflex qui demeure toutefois moins exposé. "Aujourd'hui, Mandarine Reflex est exposé à hauteur de 41 %, selon Marc Renaud, président de Mandarine Gestion et gérant, les marchés sont installés dans une tendance haussière qui devrait se poursuivre. Cependant, même si nous restons positifs, nous sommes prudents quant à de possibles secousses du marché, qui peuvent par ailleurs constituer de bonnes opportunités pour se renforcer." L'exposition aux marchés actions est bien inférieure pour Robeco Gestions. "Nos investissements en actions restent modestes, ils ne représentent que 13 % de l'actif, relate Yves Maillot. Nous avons intégré par ailleurs deux fonds alternatifs, chaque ligne s'élevant à 5 % de l'actif. Il s'agit de fonds à liquidité quotidienne et à faible volatilité. La majorité du fonds est donc investie en produits de taux soit essentiellement de la dette souveraine de la zone euro". Enfin, EDRIM reste absente des marchés actions. "Nous sommes bien plus confiants sur le crédit que sur les actions, car ce qui est frappant à l'heure actuelle, ce ne sont pas les perspectives de reprise économique, qui restent très fragiles, mais l'extraordinaire capacité des entreprises à restaurer leur trésorerie et leurs marges, souligne Benjamin Melman, gérant du fonds RFS Quad IV chez EDRIM. Par ailleurs, les dernières enquêtes montrent que les banques commencent à desserrer la vanne du crédit. Nous sommes également positifs sur les emprunts d'Etat qui constituent une assurance contre une éventuelle contraction de l'activité. Enfin, à la marge, nous effectuons des investissements sur le réal et la couronne norvégienne." Sandra Sebag