Gérant / Simon Lue-Fong, spécialiste de la dette émergente

07/09/2009 - 14:58 - Option Finance

(AOF / Funds) - Diplômé en finance de l'université de Bournemouth, Simon Lue-Fong a débuté sa carrière en 1991, en tant que gérant global obligations et devises, une fonction qu'il a exercée jusqu'en 1996. Depuis cette date, Simon Lue-Fong s'est spécialisé en gestion de la dette émergente, tout d'abord chez Fischer Francis Trees & Watts, où il a développé cette expertise, puis chez Standard Asset Management et enfin chez Invesco. En 2005, il rejoignait Pictet à Londres, où il est actuellement responsable de la dette émergente.

La stratégie du gérant

Simon Lue-Fong fait partie des gérants qui ont le mieux supporté la crise. L'essentiel de sa valeur ajoutée repose sur sa capacité à dégager une surperformance significative par rapport à son indice de référence (JPM EMBI Global Diversified) avec peu de risque supplémentaire. Sur trois ans, le fonds Global Emerging Debt a ainsi enregistré une progression de 28,84 %, contre 18,71 % pour l'indice (-10,9 % pour la moyenne de ses concurrents), avec une faible tracking error de 3 %. S'agissant de ce fonds, le gérant investit majoritairement dans des obligations souveraines et des titres de crédit de pays émergents. Les sources d'alpha proviennent donc essentiellement des choix d'allocations géographiques et du positionnement sur la courbe des taux, dans le cadre d'un processus de gestion qui combine une approche top-down et bottom-up. La stratégie d'investissement est axée en premier lieu sur l'approche top-down pour évaluer le contexte économique général, surtout l'aversion au risque des investisseurs, ainsi que les facteurs fondamentaux des pays à court terme, comme les risques géopolitiques. "Cette étape nous permet de nous replier suffisamment tôt lorsque l'environnement devient défavorable en raccourcissant la duration de nos investissements et en privilégiant les pays dont les fondamentaux sont les plus solides", explique le gérant. Vient ensuite l'étape bottom-up de sélection des titres pour l'analyse des courbes de rendement des obligations souveraines et des titres de crédit. Lors de cette étape, le gérant s'appuie sur la recherche fondamentale au sein du groupe Pictet de 20 spécialistes de la gestion obligataire et de 14 experts des marchés émergents. Lorsqu'il construit son portefeuille, "chaque position est initiée avec un objectif de gains et de perte maximale, explique-t-il. En général, nous visons une performance de 5 à 20 %, en fonction de notre degré de conviction. Une fois le niveau atteint, la position est débouclée. Mais nous gardons la possibilité de revoir les bornes pour éviter d'être pris à revers en cas de tendances fortes de marché". Si Simon Lue-Fong met en oeuvre des paris marqués, notamment sur le Brésil, l'Argentine et la Turquie, sa gestion est néanmoins contrainte par plusieurs critères. Il peut ainsi allouer au maximum 35 % de l'actif du fonds par pays, 20 % au crédit (avec 25 % maximum de titres notés CCC ou non notés) et 30 % en monnaies locales (le gérant jouant la diversification sur les devises) avec au moins trois devises différentes. Actuellement, Simon Lue-Fong est optimiste puisqu'il investit sur des pays qui possèdent un "bêta" (sensibilité au marché) plus fort que son indice de référence. "Compte tenu de la réduction des écarts de rémunération des pays émergents les mieux notés, les marchés les plus performants restent les régions à fort "bêta" comme l'Argentine, l'Equateur et le Venezuela. Sur ces régions, la duration de nos investissements est supérieure à celle de l'indice. Parallèlement, nous jouons le déplacement d'un titre par rapport à un autre dans un univers d'investissement comparable (opérations de valeur relative). Par exemple, nous sommes long Indonésie/court Philippines, long Ghana/court Gabon".

A retenir

- Société de gestion : Pictet Funds - Expérience du gérant : 19 ans - Fonds gérés : notamment PF Global Emerging Debt - Encours gérés par l'équipe Dette Emergente : 2 milliards de dollars

Les dettes émergentes préférées du gérant

Le gérant se positionne notamment sur l'obligation gouvernementale Argentine 2038, l'obligation gouvernementale Indonésie 2037 et l'obligation gouvernementale Colombie 2027 : "En raison de la réduction probable des spreads, de la réduction de l'aversion au risque des investisseurs, d'une meilleure perception des investisseurs des fondamentaux de ces pays en particulier, ainsi que du soutien des institutions internationales (FMI)." Floriane Tedoldi

AOF - EN SAVOIR PLUS

LEXIQUE

Tracking error : Mesure relative de la déviation d'un fonds par rapport à son indice de référence. Cette mesure indique le risque de voir la performance du fonds dévier de celle de son indice de référence. Alpha : L'alpha désigne la surperformance ou la sous-performance du fonds par rapport à celle de son indice de référence. Plus l'alpha est important, meilleures sont les performances du fonds par rapport à celles du marché. Il mesure la différence entre les résultats actuels d'un fonds et les résultats qu'un fonds moyen ayant le même bêta (qui mesure la sensibilité d'un fonds à son indice de référence) et étant dans la même catégorie devrait statistiquement atteindre. Il est calculé par régression linéaire sur une période de 36 mois. Top-down : Une stratégie d'investissement dite top-down (de haut en bas) évolue du général au particulier : on s'intéresse d'abord à la santé générale de l'économie d'un pays, puis on recherche quels secteurs d'activité se portent bien dans cette économie. Finalement, on achète uniquement des valeurs issues de ces secteurs. A l'opposé se situe l'approche bottom-up (de bas en haut). Bottom-up : Voir aussi stock picking Cette stratégie d'investissement s'attache avant tout à l'analyse des titres au niveau individuel. Une approche "bottom up" part en effet du principe qu'un titre donné peut très bien réaliser une bonne performance en bourse même s'il appartient à un secteur chahuté ou à une zone géographique où la conjoncture est difficile. Quelles que soient les conditions économiques, l'investisseur "de bas en haut" sélectionne ses actions pour leur valeur intrinsèque.