(AOF / Funds) - Sur les marchés, le thème de cette rentrée semble être la stratégie de sortie des politiques de relance. Ce n'est pas un hasard si J.-C. Trichet en a parlé lors de la conférence de presse du 3 septembre. Pourtant, l'économie, en Europe comme dans de nombreux autres pays, se remet à peine de la grande crise financière. La croissance redevient tout juste positive. Le risque d'une rechute n'est pas encore écarté, alors pourquoi aborder la question de l'"exit strategy" ? D'abord, la relance a utilisé des moyens si importants et inhabituels que le retour à la normale soulève de vraies interrogations. J.-C. Trichet a affirmé que le retour à la normale serait assez facile et naturel, car les mesures exceptionnelles ont été précisément élaborées pour être aisément réversibles. Mieux, le président de la BCE suggère que le moment du retour à une politique monétaire moins accommodante n'est pas même visible à l'horizon. Mais, il a aussi appelé les gouvernements de la zone euro à faire preuve d'une certaine rigueur dans la gestion des deniers publics. Il demande une baisse des dépenses dès 2010 et une accentuation de cette politique à compter de 2011. Pourtant, l'an prochain, la croissance ne sera pas solidement installée. Cet horizon est trop proche pour durcir les politiques budgétaires en Europe pour la même raison qu'il ne sera pas temps de resserrer la politique monétaire. La BCE et les gouvernements européens devront accompagner la reprise, pour éviter le risque du retour de la récession, voire de la déflation comme le Japon l'a connue. Du point de vue économique, il est trop tôt pour se préoccuper de l'"exit strategy". Par Dominique Barbet, senior economist, BNP Paribas