Une semaine de marchés / Début de consolidation ?

07/09/2009 - 15:57 - Option Finance

(AOF) - Après avoir progressé quasiment sans discontinuer depuis mars, les marchés actions ont marqué une pause. Sur la semaine, les indices cèdent entre 2 et 3 % (CAC - 2,9 % ; S&P - 2 % ; Nasdaq - 1,7 %). Shanghai, qui fait en ce moment sur les marchés un peu office de poisson pilote pour les Bourses, s'est stabilisée. Le contexte macroéconomique s'améliore, certes, mais devrait rester mitigé encore de longs mois. Les actions n'ont pas de raisons de continuer beaucoup plus leur progression avec la fin de la publication des résultats du deuxième trimestre. Les entreprises du CAC 40 affichent tout de même une baisse de 57 % de leurs résultats au 1er semestre par rapport à l'année dernière... ce qui encourage plutôt à la consolidation, une fois retrouvés désormais des multiples de valorisation plus rationnels. Le rebond depuis mars tient sans doute beaucoup au soulagement d'avoir, en définitive, évité le pire. La seconde vague haussière dépendra de la poursuite de l'amélioration macroéconomique et de l'anticipation d'un rebond des profits des entreprises en 2010. Parmi les valeurs les plus entourées, les automobiles n'ont pas échappé à la consolidation (Renault - 7 % ; Peugeot - 4 %) malgré des ventes en hausse de 7 % en août (Peugeot Citroën + 17 % ; Renault + 11 %), du fait de la prime à la casse, qui devrait être prolongée partiellement en 2010. Les financières ont également corrigé (BNP Paribas - 5 % ; Société Générale - 9 %). Cette semaine, les chiffres macroéconomiques confirment à nouveau l'amélioration qui se dessine pour le deuxième semestre, mais laissent en suspens la soutenabilté de la reprise à plus long terme une fois que les stimuli auront disparu. L'activité manufacturière aux Etats-Unis a progressé pour la première fois en un an et demi, passant de 48,9 en juillet à 52,9 en août. Cette semaine encore, les maisons en instance de vente ont progressé de 12 % pour le mois de juillet et se retrouvent au plus haut depuis deux ans. Des statistiques positives, mais qui reflètent toutefois pour une grande partie les aides gouvernementales - primes à la casse automobile et aides aux primo accédants. Même si le point bas est atteint au niveau macroéconomique, il faudra malheureusement attendre avant d'en voir les effets positifs sur l'emploi, qui continue de se dégrader et devrait peser encore sur la consommation. En Europe, le chômage est ressorti en juillet à 9,5 %, un record depuis la création de l'euro en 1999. Aux Etats-Unis, le rapport sur l'emploi, qui constituait le principal focus macroéconomique du marché, a lui aussi fait état de 216 000 destructions de postes en août pour un taux de chômage désormais à 9,7 %, soit un plus haut depuis vingt-six ans. Parallèlement, Jean-Claude Trichet est apparu très prudent lors de la conférence de presse de la réunion de la BCE, soulignant qu'il était trop tôt pour considérer la crise comme terminée. Comme attendu, les taux directeurs n'ont pas été modifiés et le marché s'est surtout focalisé sur le discours de Jean-Claude Trichet afin de déterminer un éventuel changement de ton. Il n'en a rien été, puisqu'il a confirmé que la politique monétaire restait appropriée en dépit de la stabilité de l'activité, du fait de la persistance des incertitudes. Les prévisions de croissance et d'inflation ne sont ainsi que marginalement révisées à la hausse. Alors qu'en juin la BCE voyait la croissance en baisse de 4,6 % cette année, c'est désormais - 4,1 % qui est attendu. En 2010, la zone euro renouerait avec une "croissance" de 0,2 % (contre - 0,3 % anticipé en juin). L'inflation est moins sujette à révision et la BCE prévoit cette an-née 0,4 % de progression des prix et 1,2 % en 2010. Les mesures exceptionnelles prises par la BCE sont maintenues dans ce contexte. Le marché, qui attendait des indications quant au taux qui sera appliqué à la fin du mois sur l'allocation de liquidité à douze mois, n'a pas été déçu. Jean-Claude Trichet a levé les incertitudes et annoncé que ce LTRO se ferait à 1 % comme précédemment, et ce sans limite de montant. Comme l'a souligné ce vendredi le gouverneur de la Bundesbank, les marchés interbancaires restent dépendants de la BCE pour leur fonctionnement. Les stratégies de sortie de crise ne sont pas d'actualité... du moins pour le moment. Le marché obligataire a logiquement progressé avec une surperfomance de la partie courte, le taux à deux ans perdant 15 points de base à 1,10 %, le taux à dix ans restant sur les niveaux déjà relativement bas de 3,25 % sous l'effet notamment des adjudications. Cette semaine a marqué en effet le retour des émetteurs souverains qui vont animer le mois de septembre sur le marché obligataire. Ainsi, ce sont près de 12 milliards qui ont été proposés au marché. La France a émis 7,5 milliards d'OAT et est désormais en avance sur son programme de financement 2009, avec plus de 80 % des émissions menées à bien. Enfin, dans ce contexte de consolidation, sans surprise, l'or a fortement progressé à 989 l'once, alors que l'euro a cédé du terrain face au dollar à 1,4230. Jean-François Robin, stratégiste Natixis