Point de vue / La reprise est-elle soutenable ?

15/09/2009 - 12:34 - Option Finance

(AOF / Funds) - La crainte déflationniste du début de l'été est bel et bien oubliée, la fin de la récession apparaît maintenant au grand jour. Les banques centrales et le gouvernement en font d'ailleurs officiellement état. Le retournement de la conjoncture semble très puissant, il se fonde sur les exportations, le restockage, l'automobile et la construction. Mais il faut noter que l'impulsion vient en particulier de l'industrie et surtout de l'automobile. Partout la reprise est alimentée par les politiques de relance. Si les banques centrales des pays développés écartent pour le moment tout resserrement monétaire, il n'en va pas de même au niveau des stimulations budgétaires où plusieurs gouvernements parlent déjà d'un durcissement des politiques, ainsi la prime à la casse dans l'automobile va s'arrêter en Allemagne et aux Etats-Unis. C'est incontestablement une fragilité qui subsiste, un retrait prématuré du soutien budgétaire pourrait en effet ramener au premier plan le risque déflationniste dans les pays développés. Le danger est certes moindre chez les pays émergents ou en particulier en Chine où on peut déjà déceler des signes de surchauffe qui justifient une plus grande prudence dans le "policy mix". Quelle allocation d'actifs garder ou mettre en place dans un tel contexte ? L'amélioration conjoncturelle, l'abondance des liquidités, la valorisation modérée et le "momentum" militent beaucoup en faveur des actions qui au minimum ne doivent plus être sous-pondérées dans un tel contexte, la seule réserve réside dans le côté suracheté de beaucoup d'indicateurs techniques qui militeraient plutôt pour une certaine réserve en septembre et octobre. Mais il faut reconnaître aussi que la concurrence des autres classes d'actif n'est pas très vive. Les taux des emprunts d'Etat semblent encore bien bas en ce début de reprise, les 3,4 % et 3,7 % pour le Bund et l'OAT 10 ans n'apparaissent pas vraiment protecteurs sur le moyen terme. Les obligations indexées de la zone euro redeviennent légèrement attractives avec des points morts début septembre autour de 3 % sur 5 ans. Mais c'est le crédit, qui peut éventuellement soutenir la comparaison avec les actions, l'amplitude de la récession étant maintenant connue, il devient possible d'estimer le niveau du taux de défaut des entreprises. Il ne devrait finalement pas être fortement éloigné de celui des précédentes récessions (1974 - 1990 - 2001) tandis que le prix du marché continue à anticiper quelque chose de plus sévère. Jean-Pierre Hellebuyck, vice-président, directeur de la stratégie d'investissement, Axa Investment Managers