DANONE met fin à son litige avec le chinois Wahaha

30/09/2009 - 08:10 - Option Finance

(AOF) - Danone et le groupe Wahaha ont annoncé la signature d'un règlement à l'amiable de leur différend. Dans ce cadre, le groupe français va céder la part de 51% qu'il détenait dans les co-entreprises Danone-Wahaha à ses partenaires chinois, mettant ainsi fin à leur partenariat. Ce règlement amiable est soumis à l'approbation des autorités chinoises. " L'exécution de l'accord mettra fin à l'ensemble des procédures juridiques relatives au litige entre les deux parties ", ont précisé les deux groupes. Commentant l'accord, Franck Riboud, président directeur général de Danone, a déclaré: " (.. .) L'engagement de Danone en Chine s'inscrit dans le long-terme : notre présence dans ce pays remonte à 1987 et nous souhaitons accélérer à l'avenir le succès de nos activités chinoises, et remplir ainsi notre mission : apporter la santé par l'alimentation au plus grand nombre ". Pour sa part, Zong Qinhou, président de Wahaha Group a déclaré: " La Chine est un pays ouvert. Les Chinois sont des gens ouverts d'esprit. Les entreprises chinoises sont désireuses de coopérer et de croître avec les autres leaders mondiaux sur la base de relations équitables et de bénéfice réciproque. "

AOF - EN SAVOIR PLUS

Performances et stratégie

Chiffre d'affaires

- Au 30/06/2009 : 7,520 milliards d'euros (-2,2% en données brutes et +1,6% à périmètre de consolidation et taux de change constants); - Au 31/12/2008 : +19,1% à 15,220 milliards d'euros du fait de l'acquisition de Numico (croissance de 8,4% à données comparables).

Résultats

- Au 30/06/2009, résultat opérationnel courant : 1,206 milliard d'euros (+8,1% à périmètre de consolidation et taux de change constants). Amélioration de la marge opérationnelle courante de 98pb (à 16,03%) à données comparables; - Au 31/12/2008, croissance de 12,3% du résultat opérationnel courant (à 2,27 milliards d'euros) et amélioration de la marge opérationnelle courante de 53pb (à 14,91%) à données comparables.

Prévisions

Le groupe a confirmé ses objectifs pour l'année 2009 : - Croissance du chiffre d'affaires en données comparables inférieure de quelques points à l'objectif de croissance à moyen terme (comprise entre 8% et 10% par an); - Progression de la marge opérationnelle courante (EBIT) en données comparables; - Croissance de 10% du bénéfice net courant dilué par action, à périmètre de consolidation et taux de change constants (en excluant l'effet de l'augmentation de capital de 3 milliards d'euros qui a eu lieu en juin 2009).

Stratégie

Pour l'ensemble de l'année 2009 le groupe a pour priorité d'augmenter le rapport prix-bénéfice consommateur sur tous ses marchés clefs afin de répondre aux tendances de consommation. Cela devrait lui permettre de gagner des parts de marché dans ces pays. Ainsi, pour enrayer le recul des volumes dans les produits laitiers, Danone a baissé ses prix sur de nombreux articles et lancé une gamme économique, Eco Pack, un pack de 6 yaourts basiques vendu 1 euro. Le groupe ne devrait pas relever ses prix à moyen terme car il estime que les habitudes de consommation devraient changer durablement.

Evènements financiers

Danone a récemment lancé une augmentation de capital avec maintien du droit préférentiel de souscription des actionnaires pour un montant brut de 3,048 milliards d'euros. Cette émission a été sursouscrite à 182%. En 2007 le groupe a mené simultanément une cession majeure (pôle Biscuits) et une acquisition stratégique, la plus grosse jamais effectuée par le groupe (Numico).

Forces et faiblesses de la société

Forces

- Acteur majeur de l'industrie alimentaire mondiale; - Grâce à l'acquisition du néerlandais Numico, Danone intègre deux métiers orientés santé et en forte croissance, la nutrition médicale et la nutrition infantile; - Sa politique commerciale agressive a été payante sur les derniers mois : les ventes de produits laitiers ont augmenté en volume pour la première fois au second trimestre (+2,7%), après cinq trimestres consécutifs de recul (dont -0,1% au premier trimestre); - Fort dynamisme en termes d'offre grâce à une politique d'innovation constante et à une grande réactivité par rapport à la demande des consommateurs; - L'augmentation de capital en juin dernier a permis de consolider la structure financière : selon Moody's, l'endettement, qui représentait fin mars 3,7 fois l'excédent brut d'exploitation (EBE) du groupe, devrait être ramené à 2,6 fois l'EBE après cette opération; - Avec un flottant de près de 79%, et en l'absence d'un actionnaire de référence, le groupe est potentiellement opéable, ce qui présente un intérêt spéculatif.

Faiblesses

- Une incertitude pèse sur l'évolution de la marge opérationnelle du groupe à moyen terme en considérant que la politique de baisse des prix va perdurer. Au premier semestre cette marge a bien progressé en particulier grâce à la baisse des cours des matières premières; - En France, les marques de distributeurs se développent dans un contexte de crise; - Les difficultés structurelles du pôle des eaux embouteillées dans les pays développés ont été confirmées au premier semestre; - Les coopérations dans les pays émergents sont difficiles : au conflit avec le chinois Wahaha (depuis 2005) s'est ajoutée la rupture du joint-venture avec l'indien Wadia Group; - Du fait des nouvelles normes comptables (qui imposent de réévaluer les goodwill), le groupe pourrait enregistrer des dépréciations élevées suite au rachat de Numico, qui a par ailleurs gonflé l'endettement du groupe.

La valeur et son secteur

Principales activités

Produits laitiers frais, eaux, alimentation infantile et nutrition médicale

Le secteur

La crise et la baisse consécutive de leur pouvoir d'achat ont incité les consommateurs à modifier leur comportement et à tenir davantage compte des prix. Parallèlement, la grande distribution a développé les référencements en marques de distributeurs (MDD), vendus environ 30 % moins cher que les grandes marques. Les industriels doivent alors s'adapter, à l'image de Danone, en offrant des prix plus attractifs.

La valeur dans son secteur

Le groupe est n° 1 mondial des produits laitiers frais, n° 2 des eaux embouteillées, n°2 de la nutrition infantile (et leader européen) et n° 3 de la nutrition médicale. Danone est l'un des rares acteurs de l'agroalimentaire totalement recentré sur la santé, ce qui lui confère un avantage stratégique certain.

Comment suivre la valeur

- Valeur défensive du fait de son activité. Néanmoins, la concurrence des MDD souligne bien que les performances du groupe sont influencées par le contexte économique général; - Danone cherche à se désendetter, donc certaines cessions sont possibles; - Entreprise facilement opéable, d'autant plus que le cours de l'action a reculé de 19% en un an.

Rémunération des actionnaires

Principaux actionnaires

- public : 78,9% - autocontrôle : 7% - Eurazeo : 5,1% - Caisse des dépôts et des consignations : 3,9% - autres / divers : 5,1%

Dividendes

- dividende versé : 1,2 euro par action - taux de distribution des dividendes : 44% - taux de croissance du dividende par action : +9% en 2008 - rendement (dividendes / cours moyen pendant l'année) : 3% - estimations de dividendes par action : 1,19 euro en 2009

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Agroalimentaire

En France, l'Association nationale des industries alimentaires (ANIA) estime que les ventes ont progressé de 5,5% en 2008, à 162,9 milliards d'euros alors même que la part du budget moyen des ménages consacrée à l'alimentation a fléchi pour atteindre 13% (contre 14% en 2007). Néanmoins cette progression reflète essentiellement le renchérissement du coût des matières premières, qui a obligé les groupes agroalimentaires à accroître leurs prix de vente. Cette politique ne leur a pas toujours permis de préserver leurs marges : l'ANIA considère que seuls 25% de l'accroissement du prix des matières premières a pu être répercuté. Sur le premier trimestre le secteur résiste mieux que les autres sur notre territoire : 323 entreprises ont été placées en redressement judiciaire ou en liquidation, un chiffre en recul de 5% par rapport aux trois premiers mois de 2008. C'est beaucoup mieux que le reste de l'économie puisque, tous secteurs confondus, ce chiffre a bondi de 21%. L'autre indicateur qui souligne la bonne résistance de ce marché concerne l'emploi. Le nombre d'emplois est resté quasi-stable en 2008 (-0,6%) contre une baisse de 2% pour tous les secteurs. L'industrie agroalimentaire est le second pourvoyeur d'emplois en France (avec 412000 salariés) derrière la sidérurgie.