Point de vue / Contagion

02/10/2009 - 15:22 - Option Finance

(AOF / Funds) - Le phénomène de contagion qui a permis le développement de la crise et l'enchaînement de ses conséquences sont maintenant bien identifiés et admis par la plupart des experts de la question. En revanche, les avis divergent quant au processus de sortie de cette crise. Il est vrai que la stabilisation apparente du système financier permet l'indispensable rebond économique qui va sortir, dès ce trimestre, la plupart des pays de la récession. Certains expliquent la rapidité de ce rétablissement, par ce qui est appelé un "recouplage inversé" entre les pays développés et les pays émergents. Ces derniers disposent de réserves qu'ils ont mobilisées pour stimuler avec succès leur demande interne, à l'image du PIB chinois en progression de plus de 15 %, selon les dernières publications. La contagion vers les pays développés se diffuse alors via le redémarrage du commerce international. Cependant, cette condition nécessaire ne peut reformer, à elle seule, le cercle vertueux de la croissance autonome, en l'absence d'un vrai retour de l'"appétit" du consommateur américain. Du côté des marchés, l'optimisme actuel des Bourses, après 60 % de progression sur le S&P 500 depuis le point bas de mars, résulte d'anticipations d'une fin de crise sans ratés. Les institutions financières et gouvernementales s'y emploient non seulement par des politiques de taux d'intérêt et budgétaires très accommodantes, mais également en communication prudemment positive, de revue à la hausse de leurs prévisions de croissance. Ce sentiment se transmet parfaitement aux marchés obligataires qui, de fait, affichent une remarquable stabilité, puisque le rendement à 10 ans allemand reste compris entre 3,20 % et 3,50 % depuis plusieurs mois. Les obligations, dont le prix évolue habituellement en sens inverse des actions (corrélation négative), n'ont pas été influencées par le rally sur les actions, traduisant ici une absence de contagion. Néanmoins, l'amélioration conjoncturelle va impliquer, au second semestre 2010, la mise en place par les autorités monétaires de l'"exit strategy" caractérisée par le retrait des excédents de liquidités, suivi d'une remontée des taux directeurs. Va alors se poser la question du pilotage de la propagation, quasi instantanée dans un monde globalisé, des effets restrictifs de cette politique de retour à la normalité. D'ici là, il conviendra de protéger ses portefeuilles, car personne n'a encore trouvé le vaccin capable d'immuniser les marchés d'actions de la contagion négative issue de la hausse des taux d'intérêt. Thierry Million, directeur de la gestion obligataire et de la recherche quantitative, Allianz Global Investors France