Gestion alternative : les stratégies qui s'en sortent le mieux

15/10/2009 - 19:04 - Option Finance

(AOF / Funds) - Les performances de la gestion alternative en 2008 et 2009 ont révélé la cyclicité de ce style de gestion, contrairement à ce que pensaient la plupart des investisseurs avant la crise. Certaines stratégies alternatives parviennent néanmoins à tirer leur épingle du jeu. En 2008, seules deux stratégies alternatives sur douze répertoriées par l'Edhec se sont fait remarquer en enregistrant des progressions positives. La volatilité exceptionnelle des marchés en 2008, 80 % aux Etats-Unis au plus fort de la crise et 40 % à fin décembre, contre 20 % avant la crise, et les tendances fortes (sur le pétrole, les devises, les taux d'intérêts...) ont profité aux gérants alternatifs de Commodity Trading Advisor (CTA). Utilisant le plus souvent une stratégie de suivi de tendance (Trend Following) qui capte les tendances clairement haussières et baissières sur divers marchés (actions, taux d'intérêt, devises, matières premières...), les CTA ont fonctionné à plein régime l'an passé. Ils ont ainsi enregistré une des meilleures progressions, avec + 14 % pour l'indice Barclay CTA Index retraçant l'évolution de vingt principaux marchés à terme mondiaux. Les stratégies de short selling (vente à découvert reposant sur la vente de titres que le vendeur emprunte parce qu'il mise sur la baisse du cours pendant le délai de livraison) ont quant à elles profité de l'effondrement des cours de Bourse. Elles remportent la plus forte progression, de l'ordre de 30 %, en 2008. Avec l'amélioration de la situation (appréciation des actions, retour de la liquidité, resserrement des spreads de crédit...), les stratégies alternatives qui avaient fonctionné l'an passé ont connu un revirement violent en 2009. "Dans un contexte de sortie de crise, tout ce qui a fonctionné cette année est ce qui a le moins bien performé l'an passé", indique Dominique Leprévots, président du directoire d'UBI (groupe Union Bancaire Privée).

Le risk arbitrage et l'event driven ont le vent en poupe

Contrairement à l'an passé, les short sellings et les CTA sont les seules stratégies alternatives à avoir enregistré des progressions négatives en 2009, avec respectivement, - 14,79 % et - 2,61 %. En ce qui concerne les short sellings, dès que le cours des actions remonte, le vendeur à découvert réalise des pertes puisque, au départ, il parie sur leur baisse. Les CTA ont pour leur part pâti de la réduction progressive de la volatilité depuis le début de l'année, l'indice Vix étant passé de 56 % à fin janvier dernier à 36 % à fin avril, pour atteindre environ 25 % à fin juin, en raison de l'absence de tendance résultant "d'un manque de conviction sur les marchés, indique François Bonnin, président de John Locke Investments, spécialisé dans les fonds alternatifs basés sur des stratégies de CTA. Il existe bien en ce moment une tendance à la hausse des actions, mais cette classe d'actifs ne contribue à notre performance que pour environ un huitième. Et, sur les autres marchés, aucune tendance, à la hausse ou à la baisse, suffisamment franche pour être repérée par les CTA ne s'est dégagée en 2009." A l'inverse, les stratégies à même de profiter de la valorisation des actions et des obligations ont le mieux fonctionné en 2009, comme l'arbitrage de convertibles. Cette stratégie a enregistré 35 % de performance depuis le début de l'année, selon l'Edhec Risk. Soit la meilleure progression, devant l'arbitrage de crédit (+ 15,6 %), qui a pour sa part "bénéficié de la réduction des spreads de crédit et de l'écart entre les taux cash et CDS, ajoute Dominique Leprévots. Les stratégies de distressed securities, ciblant des actifs sous-évalués en cas de faillite et/ou de restructuration d'entreprise, ont elles aussi bénéficié d'un retour de la liquidité et de la diminution de l'aversion aux risques". Le long/short equity qui avait été, dans l'absolu, décevant en 2008 (-18,9 % selon l'Edhec Risk), a bien profité de l'amélioration des marchés actions en 2009 (+ 14 % selon l'Edhec Risk). Cependant, chez UBI, on estime qu'elles "sont globalement un peu en retard sur les marchés actions par rapport à ce que l'on peut attendre d'elles en période de marchés haussiers, et ce en raison d'expositions aux marchés actions souvent trop défensives au printemps". Concernant les stratégies à privilégier pour les mois à venir, un consensus se dégage nettement autour des stratégies de risk arbitrage ou d'event driven (prise de position sur les titres de sociétés qui fusionnent). "Le risk arbitrage et l'event driven sont nos deux stratégies alternatives favorites en ce moment, affirme Fabrice Cuchet, responsable de la Gestion Alternative chez Dexia AM. La première bénéficie de la réouverture du marché du financement et du crédit. La seconde, pour laquelle nous anticipons 8 à 10 % de performance l'année prochaine, tirera parti d'un mouvement de concentration des entreprises sur leur coeur de métier et de recherche de relais de croissance externe." Si les stratégies event driven sont intéressantes, "elles ne correspondent pas à des investissements à court terme, prévient Dominique Leprévots, mais plutôt à moyen et à long terme". Les stratégies global macro sont également privilégiées, car "elles prennent des paris aussi bien sur les marchés d'actions que d'obligations, sur lesquelles ils existent toujours des tendances à travailler", ajoute Dominique Leprévots. Les CTA restent également intéressants, mais sans doute à plus long terme. "Ils jouent un rôle de décorrélation dans un portefeuille à moyen et long terme, affirme François Bonnin. Entre l'inflation, le réchauffement climatique... je ne peux pas imaginer qu'aucune tendance forte ne se dessine dans les années à venir, dont les CTA bénéficieront." En attendant, la confirmation de résultats positifs en 2009 pour la plupart des stratégies alternatives devrait aider ces dernières à redorer leur image auprès des investisseurs. Floriane Tedoldi