ETF et ETC : l'or, l'obligataire et les émergents l'emportent

21/10/2009 - 18:57 - Option Finance

(AOF / Funds) - Le troisième trimestre 2009 a confirmé l'intérêt des investisseurs pour les ETF et les Exchange Traded Commodities (ETC). La collecte marque une préférence pour l'or et les marchés émergents. "A fin septembre, le volume collecté par les ETF en 2009 est sensiblement identique à celui de l'an passé", indique Eric Wohleber, directeur en France de Barclays Global Investors (BGI) et de iShares. Depuis le début de l'année jusqu'à la fin du mois de septembre, les ETF et ETN ont ainsi augmenté de 36,5 % en Europe, à 139,47 milliards d'euros et de 31,3 % dans le monde, à 933,49 milliards de dollars, selon BGI. Sur la période, le trio de tête, composé d'iShares (54,66 milliards d'euros), Lyxor (28,7 milliards d'euros) et Db x-trackers (23,02 milliards d'euros), concentre désormais plus de 75 % des parts de marchés en Europe. Cette progression d'encours s'est accompagnée d'une hausse du nombre de produits. A fin septembre, le marché recense 783 ETF en Europe et 1 819 dans le monde. En France, pour les neuf premiers mois de l'année, Euronext Paris a listé une cinquantaine de nouveaux produits, alors que, dans le même temps, la gestion collective rationalisait son offre en clôturant 400 OPCVM selon les statistiques de l'Association française de la gestion financière (AFG). Les émetteurs ont notamment élargi leur gamme de trackers obligataires avec des ETF indexés sur des obligations d'entreprises, ainsi que sur des obligations indexées sur l'inflation. Ils ont également renforcé leur gamme de fonds actions avec des fonds sectoriels, notamment sur l'énergie et la finance, ou sur les marchés émergents, comme les BRIC. Sur les neuf premiers mois de l'année, seuls les ETF monétaires ont enregistré une décollecte, avec un recul de 32,7 % de leurs encours depuis le début d'année à fin septembre, selon les données de BGI. Pour le reste, si l'ensemble des ETF a progressé, trois types de produits tirent particulièrement bien leur épingle du jeu en terme de collecte. Les bonnes performances des métaux précieux liés au cycle industriel (notamment le palladium et l'argent), le nouveau record historique de l'or, à 1 050 dollars l'once, ainsi que des craintes liées à une inflation future, ont ainsi conduit les investisseurs à privilégier les matières premières. "Les ETC adossés à l'or physique d'ETF Securities, notamment l'ETFS Physical Gold et les Gold Bullion Securities, ont suscité une forte demande, indique Nicholas Brooks, directeur de la recherche et de la stratégie d'investissement d'ETF Securities. Les encours sous gestion se sont envolés de 1,3 milliard de dollars au troisième trimestre, portant le total des positions en or d'ETF Securities à 8,5 milliards de dollars, soit une hausse de 61 % par rapport aux niveaux enregistrés à la fin de l'année 2008. L'ETF Natural Gas vient juste derrière, en seconde position, avec un encours de gestion en progression de 793 millions de dollars sur le trimestre, soit une hausse de 163 % par rapport aux niveaux du second trimestre 2009". Parmi les cinq meilleures collectes en Europe figurent trois ETC sur l'or et un ETC sur le gaz. Cette tendance devrait se poursuivre selon ETF Securities, car "les matières premières restent la classe d'actifs la plus performante sur un horizon de dix ans, l'ETFS Forward All Commodities DJ-UBSCI-F3 ayant affiché une croissance cumulée de 238 % contre un recul de 12 % pour l'indice Dow Jones Euro Stoxx 50, une croissance de 19 % pour l'indice FTSE 100, une augmentation de 2 % pour les biens immobiliers et un rendement de 79 % pour les obligations". Une tendance qui a également profité à Lyxor : "depuis le début d'année, les encours de nos ETF indexés sur des indices de matières premières (CRB) ont été multipliés par quatre, passant de 200 millions d'euros à 800 millions d'euros", indique Isabelle Bourcier, responsable de l'activité ETF de Lyxor.

L'obligataire reste une tendance porteuse

A côté des matières premières, d'autres classes d'actifs ont attiré les investisseurs. Les marchés émergents ont ainsi également été une thématique forte au troisième trimestre. "Nous avons enregistré une collecte intéressante sur les BRIC, plus particulièrement sur le Brésil, la Chine et l'Inde. Les performances telles celles d'EasyETF Taiwan, combinant les approches géographiques (marché émergent) et les sectorielles (technologie) ont été très encourageantes", indique Danièle Thomé-Adet, responsable développement produits EasyETF et fonds indiciels BNP Paribas Asset Management. De même, l'obligataire est resté une classe d'actifs porteuse. "Notre ETF crédit est l'ETF qui a réalisé la plus forte collecte en Europe depuis le début d'année à fin septembre", indique Eric Wohleber. Une tendance également observée chez Casam : "Malgré la hausse des marchés actions, les investisseurs sont toujours intéressés par les ETF obligataires sur emprunts d'Etat, avec une préférence pour les maturités de trois à cinq ans, observe Valérie Baudson, directeur de Casam ETF. Mais à un horizon plus long terme, les investisseurs sont convaincus que ce sont les marchés en actions qui leur apporteront le plus de performances." Chez Easy ETF, on observe d'ailleurs déjà "un léger ajustement dans les portefeuilles en faveur des ETF actions sur des indexations larges, comme l'Eurostoxx 50", indique Danièle Thomé-Adet. Deux ETF actions sur le DJ Euro Stoxx 50 figurent ainsi à nouveau parmi des dix meilleures collectes en Europe, ce qui n'était plus le cas depuis plusieurs mois. "Les ETF représentatifs d'un secteur, et plus particulièrement ceux indexés sur le DJ Stoxx 600, sont particulièrement demandés depuis la crise, affirme Isabelle Bourcier. Ils sont de plus en plus utilisés par les gérants en actions qui, dans une optique de diversification de leur allocation d'actifs, privilégient l'allocation sectorielle par rappport à la sélection de valeur traditionnelle." Enfin, compte tenu des opportunités qu'offre actuellement l'immobilier et de son rôle de décoréllation dans les portefeuilles des institutionnels en 2007 et 2008, des émetteurs ont plus récemment enregistré des demandes pour des ETF sur cette classe d'actifs. "Sur notre ETF immobilier, coté le 29 septembre dernier, nous avons déjà collecté à ce jour 5,3 millions d'euros", affirme Valérie Baudson. La concurrence pourrait rapidement s'accroître sur ce secteur. Chez Lyxor, on réfléchit à se référencer sur des classes d'actifs peu représentées sur le marché des ETF, comme l'immobilier. Dans les mois qui viennent, les encours des ETF devraient continuer d'augmenter, puisque de plus en plus d'investisseurs envisagent d'élargir leur utilisation. "Nous ne recherchons pas la performance à tout prix, explique Philippe Dutertre, président du directoire d'Agicam. La recherche de la compréhension et de la maîtrise du risque qu'il soit opérationnel, de marché ou de contrepartie, guide nos décisions d'investissement. C'est dans cette optique que nous analysons les outils de gestion indicielle, dont les ETF qui nous semblent constituer une réponse intéressante aux questions qui nous sont posées. Notre exposition à ces produits est à ce jour largement concentrée sur des ETF indexés sur des indices larges, pour lesquels nous nous fournissons chez un seul prestataire, mais nous avons constitué un groupe de travail mixte investissement/risque pour passer en revue l'ensemble des acteurs et des classes d'actifs ou thématiques disponibles."

L'ISR, de nouvelles parts de marché à conquérir ?

Pour conserver l'intérêt des institutionnels déjà utilisateurs d'ETF et capter de nouvelles parts de marchés, les sociétés émettrices travaillent déjà sur les tendances de demain. Cependant, dans un environnement très concurrentiel, elles préfèrent rester discrètes sur le sujet. Une des pistes suivies pourrait concerner l'investissement socialement responsable (ISR), très en vogue actuellement chez les investisseurs institutionnels. "A ce jour, nous n'investissons pas dans des ETF, mais si tel devait être le cas, il faudrait que ces produits puissent s'intégrer dans notre approche d'investisseur 100 % ISR", indique Erik Christiansen, responsable de la stratégie d'investissement du régime de retraite additionnelle de la fonction publique (ERAFP). Chez Agicam, concernant les ETF actions : "En tant qu'investisseur socialement responsable, la thématique du droit de vote est extrêmement importante", souligne Philippe Dutertre. En attendant une offre ISR plus large, les investisseurs institutionnels ont à ce jour la possibilité d'investir dans quelques ETF thématiques, notamment sur les émissions de carbone, l'eau ou l'environnement. Floriane Tedoldi

AOF - EN SAVOIR PLUS

LEXIQUE

Trackers (ETF) : Les trackers sont des fonds indiciels négociables en Bourse. Ils s'échangent et se négocient comme n'importe quelle action, et offrent la performance d'un indice ou d'un panier d'actions. Ils peuvent être éligibles au PEA. Attention, bien que "tracker" soit généralement considéré comme la "traduction" française d'ETF (acronyme d'Exchange-Traded-Fund), ces deux termes ne sont pas tout à fait synonymes. En effet, un tracker se contentera de répliquer la performance d'un indice, alors qu'un ETF est un terme plus général désignant simplement un fonds indiciel coté, qui pourra éventuellement prendre des libertés par rapport à son benchmark.