Chronique / Le casse-tête chinois

29/10/2009 - 10:53 - Option Finance

(AOF / Funds) - L'économie chinoise connaît actuellement un rebond spectaculaire, avec un taux de croissance de 8,9 % sur un an au troisième trimestre. Ce dynamisme est dû principalement aux mesures prises par les autorités : une relance budgétaire massive, un net assouplissement de la politique monétaire et une volonté de laisser les banques chinoises (peu touchées par la crise des subprimes) prêter agressivement. Les prix à la consommation sont encore en baisse, mais des signes de surchauffe ne tarderont pas à revenir étant donné le dynamisme économique. Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que les autorités chinoises étudient de près leur stratégie de sortie. Côté budgétaire, le choix est relativement simple ; il suffit de ne pas reconduire les dépenses, très concentrées sur l'investissement. Côté monétaire, le choix relève davantage du casse-tête : soit la banque centrale adopte une stratégie "interne", en augmentant à la fois le taux des réserves obligatoires pour les banques et les taux d'intérêt directeurs, soit elle suit une stratégie "externe", en réengageant une appréciation progressive du renminbi. Ces choix ne sont toutefois cependant pas indépendants. Le rythme d'accumulation des réserves de change chinoises dépasse de nouveau l'excédent commercial, signe d'un afflux de capitaux vers la Chine. Or l'expérience a montré la difficulté de "stériliser" ce type de flux : la création monétaire résultante peut générer soit des pressions inflationnistes soit, plus vraisemblablement, des bulles sur les prix des actifs. Pour les investisseurs, une appréciation du renminbi semble ainsi de plus en plus inévitable, ce qui génère à son tour d'avantage d'entrées de capitaux. Le taux forward mise déjà sur appréciation du renminbi de 3 % contre le dollar à l'horizon d'un an. Dans la suite du G20, appelant à réduire les déséquilibres mondiaux, les Américains et les Européens se réjouiraient sans doute si la Chine choisissait de laisser sa devise s'apprécier graduellement. Pourtant, des conséquences indésirables pourraient en résulter à court terme : côté américain, les taux longs risqueraient de remonter du fait d'une moindre demande chinoise pour les obligations du Trésor. Côté européen, la hausse de l'euro contre le billet vert pourrait s'accélérer en raison de la diminution des achats de dollars par la Chine. Michala Marcussen Directeur de la stratégie et de la recherche économique, Société Générale Asset Management