Dossier "Où investir en 2010 ?" (1) / Quelle sortie pour la crise ?

04/11/2009 - 10:57 - Option Finance

(AOF / Funds) - L'enquête réalisée par Schroders en octobre auprès de 90 conseillers financiers d'Europe et du Moyen-Orient lors de sa conférence européenne montre que 55 % des clients surpondèrent désormais les actifs risqués tandis que 15 % les sous-pondèrent. Des résultats qui traduisent un changement radical du sentiment des investisseurs : six mois auparavant, ils étaient 17 % à surpondérer les actifs risqués et 46 % à les sous-pondérer. Cette tendance a été illustrée récemment par le rallye sur les actions et le crédit mais également par les importantes souscriptions nettes observées sur les fonds des classes d'actifs à risque. EuroPerformance constate ainsi un revirement notable dans la dynamique de collecte en OPCVM ces derniers mois. Au début du deuxième trimestre 2009, soit six mois après la chute de Lehman Brothers, les premières tendances de réallocation ont émergé. Parmi celles-ci, on retiendra particulièrement le regain d'appétit pour le risque de crédit et le retour progressif des investisseurs sur les classes d'actifs qu'ils avaient désaffectées depuis le début de la crise (trésorerie dynamique et absolute return). Moins averses au risque, les investisseurs sont ensuite revenus sur les OPCVM actions de gestion active. "L'année 2008 avait été également marquée par l'immense succès des ETF, motivé par le niveau de frais de gestion de la gestion passive, et par une relative défiance vis-à-vis des gérants actifs. Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour observer un changement de ces comportements, constatent Alexandre Cassan et Julien Laugel chez EuroPerformance. Si la crise financière, s'accorde-t-on à dire, n'est pas terminée, la crise de confiance envers les acteurs de la gestion collective semble amoindrie, même si l'analyse de la concentration des collectes sur certaines catégories laisse penser que tous les gérants ne se verront pas accorder des mandats aux pouvoirs étendus." Une embellie aussi rapide suscite toutefois de nombreuses interrogations de la part des investisseurs. En effet, si, à court terme, les premiers signes de reprise économique ont soutenu les marchés d'actions et le crédit, dans quelle mesure ceux-ci n'ont-ils pas d'ores et déjà entièrement intégré le retour de la croissance ? "Cette croissance, précisément, dont on sait pertinemment qu'elle sera d'ampleur limitée (déleveraging, maintien d'un taux de chômage structurellement plus élevé aux Etats-Unis...), ne menace-t-elle pas de flancher une fois les politiques de soutien abandonnées ?", s'interroge-t-on chez CamGestion. Une nette divergence se profile d'ailleurs au sein des marchés de taux et d'actions, remarquent les analystes de CAAM. Les marchés d'actions semblent avoir été tirés par l'amélioration de l'environnement économique et l'espoir d'une sortie de récession rapide. Le marché obligataire, au contraire, semble accorder plus de crédit à une sortie de crise plus lente. Pour le moment, l'abondance de liquidités à la recherche de rendement entraîne une inertie des taux conjuguée à une poursuite de la progression des actifs risqués. Mais pour combien de temps ? Si la visibilité semble assez bonne pour les prochains mois, il faudra être très réactif en 2010 pour adapter les allocations d'actifs au profil qu'adoptera effectivement la sortie de crise. Guitel Cohen-Cebula

AOF - EN SAVOIR PLUS

LEXIQUE

Rally boursier : Mouvement spéculatif de hausse prononcée mais éphémère d'un titre, d'un marché ou d'un type de placement (rally obligataire par exemple) dans une configuration de marché baissier.