LAFARGE : résultat net neuf mois divisé par deux

06/11/2009 - 08:38 - Option Finance

(AOF) - Lafarge a réalisé au troisième trimestre 2009 un résultat net part du groupe en baisse de 38% à 404 millions d'euros. Le résultat d'exploitation courant (REX) a reculé de 28% à 852 millions d'euros pour un chiffre d'affaires en baisse de 20% à à 4,252 milliards d'euros (-16% à périmètre et taux de change constants). Les analystes interrogés par Reuters tablaient en moyenne sur un résultat net de 4,62 milliards et un REX de 856 millions. Sur les neuf premiers mois de 2009, le résultat net affiche un repli de 50% à 774 millions d'euros et un REX en déclin de 29% à 1,983 milliard d'euros. Lafarge a abaissé sa prévision pour la demande de ciment. Selon le groupe, en 2009, les volumes devraient reculer de -6% à -8% sur les marchés sur lesquels il est présent. Globalement, les prix devraient rester solides sur l'année à l'exception d'un petit nombre de marchés. La baisse des coûts énergétiques observée au troisième trimestre devrait se poursuivre au quatrième trimestre par rapport à 2008. Pour autant, "l'amélioration progressive de la situation économique, associée aux plans de relance des gouvernements et à leur part importante de dépenses d'infrastructures annoncées, devraient avoir un impact positif sur nos marchés à partir de la seconde partie de 2010", a précisé Lafarge. Par ailleurs ajoute le cimentier, dans les économies en développement, la demande de ciment restera structurellement soutenue par les besoins à long terme liés à l'urbanisation, à la croissance démographique et aux infrastructures. Le P-DG de Lafarge, Bruno Lafont a déclaré : "le troisième trimestre a montré les tout premiers signes de stabilisation du ralentissement économique mondial. Sur les marchés développés, un redressement des volumes pourrait se dessiner à partir de la seconde partie de l'année 2010". "La vitalité des marchés émergents sur lesquels nous sommes positionnés, à l'exception de l'Europe Centrale et de l'Est, a soutenu nos résultats. Nous continuerons à bénéficier l'année prochaine de l'avantage stratégique que nous donne ce portefeuille géographique". "L'accent mis sur la génération de cash-flow libre et la réduction de coûts est à l'origine de la solidité de notre marge d'exploitation et de la réduction significative de notre endettement".

AOF - EN SAVOIR PLUS

Performances et stratégie

Chiffre d'affaires

- Au 30.06.2009 : 7 991 millions d'euros (-12%) - Au 31.12.2008 : 19 033 millions d'euros (+8%)

Résultats

- Au 30.06.2009, résultat d'exploitation courant : 1 131 millions d'euros (-30%); Résultat net part du groupe : 370 millions d'euros (contre 911 millions au 1er semestre 2008) - Au 31.12.2008, résultat d'exploitation courant : +9% à 3 542 millions d'euros; Résultat net part du groupe en baisse de 16% à 1 598 millions d'euros

Prévisions

Le groupe a révisé à la baisse ses prévisions. Il table désormais sur une baisse annuelle des volumes de ciment comprise entre 4% et 8% sur les marchés sur lesquels il est présent cette année (contre un recul de 2% à 5% estimé auparavant). Le groupe considère que la baisse des volumes devrait continuer à peser sur les marges opérationnelles. Les coûts d'énergie devraient diminuer durant la seconde moitié de l'année. Il perçoit déjà certains effets positifs des plans de relance en Chine. L'impact de la plupart des autres plans sur le secteur devrait être notable en 2010.

Stratégie

Lafarge donne la priorité au désendettement et à la génération de cash-flow. Le groupe va poursuivre la mise en oeuvre rapide du programme de réduction de coûts de 400 millions d'euros d'ici 2011. 750 millions d'euros de désinvestissements ont été réalisé sur un total de 1 milliard d'euros pour 2009. Lafarge a également deux priorités stratégiques pour l'avenir : poursuivre sa croissance sur les marchés émergents et accélérer l'innovation, notamment pour répondre aux modes de construction plus durables. Dès 2010, 65% de ses résultats devraient être réalisés sur les marchés émergents.

Evènements financiers

Pour consolider sa structure financière, Lafarge a procédé à une augmentation de capital de 1,5 milliard d'euros. Il a également réalisé plusieurs émissions obligataires d'un montant total proche de 2,5 milliards d'euros, visant à restructurer son endettement.

Forces et faiblesses de la société

Forces

- Positions de leader dans chacune de ses activités ; - Grâce à la génération d'un cash-flow libre de en hausse de 746 millions d'euros à 875 millions d'euros au 1er semestre, le groupe est parvenu à réduire son endettement de 2 292 millions d'euros au 2ème trimestre ; - Sa diversification géographique permet au groupe de mieux résister que ses concurrents à la conjoncture difficile, grâce au poids important des pays émergents dans son chiffre d'affaires (46% réalisé au Moyen-Orient, en Europe Centrale et de l'Est, en Afrique et en Asie à fin 2008). Sur le premier semestre, Lafarge a bénéficié d'une forte croissance de son résultat d'exploitation courant au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie ; - Le rachat d'Orascom Cement a permis à Lafarge de détenir des positions de leader au Moyen-Orient, marché en plein essor ; - Le groupe a mené ses refinancements avec succès : il a ainsi pu réduire son endettement net, éliminer son covenant bancaire associé et optimiser l'échéancier de ses remboursements.

Faiblesses

- Prudent pour l'avenir, le cimentier a préféré diviser par deux le dividende versé à ses actionnaires au titre de l'exercice 2008 ; - Le ralentissement économique a pesé sur les volumes et les marges, notamment dans les marchés développés, à la fois au second trimestre et au premier semestre. Au total ses ventes reculent de 12% au premier semestre et son résultat d'exploitation courant de 30% ; - Même si l'augmentation de capital a renforcé la structure financière du groupe, elle aura un impact dilutif sur le bénéfice net par action.

La valeur et son secteur

Principales activités

Trois activités : ciments (57% du chiffre d'affaires), béton et granulats (35%), plâtre (8%)

Le secteur

Lafarge estime qu'à long terme, l'industrie mondiale du ciment sera soutenue par des tendances de fond telles que l'urbanisation, la croissance démographique et les besoins en infrastructures des pays émergents. Les marchés européen et américain sont aujourd'hui matures. C'est pourquoi les cimentiers sont d'ores et déjà positionnés dans les pays en voie de développement comme l'Inde ou la Chine. Sur le plan géographique les plus gros producteurs de ciment sont la Chine, suivie de l'Inde et ensuite des Etats-Unis.

Comment suivre la valeur

Les performances de Lafarge sont étroitement liées à l'état du secteur de la construction. Fortement cyclique ce dernier dépend de l'évolution des taux d'intérêt, des facilités d'accès au crédit et du climat de confiance. Le prix de l'énergie est également à surveiller car il compte pour 25% à 30% du coût de production du ciment. Les résultats de Lafarge sont, pour partie, dépendants du cours du dollar par rapport à l'euro du fait de sa présence aux Etats-Unis : le groupe bénéficie de la remontée actuelle du dollar.

Rémunération des actionnaires

Dividendes versés

2 euros par action au titre de 2008

Taux de distribution des dividendes

25% des bénéfices 2008

Taux de croissance du dividende par action

-100% (4 euros par actions sur résultats 2007)

Rendement

4,4%

Estimations de dividendes par action

1,73 euro en 2009

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Construction - Matériaux

La politique de renforcement de la réduction des coûts est à l'oeuvre parmi les groupes de matériaux de construction. Holcim avait annoncé en début d'année la suppression de 3.000 postes et la fermeture d'une centaine de sites de production dans le monde. Il a choisi de renforcer encore ces mesures en portant son plan de réduction de capacités de production dans les pays développés de 375 à 600 millions de francs suisses. Son objectif est de se focaliser sur les pays émergents, en particulier la Chine. Il a ajusté ses mesures car il ne prévoit pas de sortie de crise avant 2010, voire 2011. Même stratégie pour Saint-Gobain. Ce dernier a annoncé quasiment le doublement de son programme de réductions de coûts. L'objectif initial de 600 millions est passé à 1,1 milliard. Des fermetures de sites vont intervenir dans les pays les plus touchés par la crise, notamment en Espagne. Cette décision fait suite au même constat que celui d'Holcim : la sortie de crise n'est pas prévue pour tout de suite.