ALCATEL-LUCENT : S&P abaisse la note de crédit long terme à " B "

10/11/2009 - 10:45 - Option Finance

(AOF) - S&P a abaissé la note de crédit long terme d'Alcatel-Lucent de " B+ " à " B ". L'agence de notation a confirmé la note de court terme " B ". La perspective est négative. " Le redressement de la performance opérationnelle d'Alcatel-Lucent, et notamment le retour à une génération de trésorerie durablement positive, pourrait prendre plusieurs trimestres ", a indiqué S&P pour justifier sa dégradation. L'agence de notation s'attend par ailleurs à ce que la demande pour les équipements télécoms reste molle au cours des prochains trimestres, alors que la concurrence entre vendeurs, particulièrement en Europe et en Chine, restera intense.

AOF - EN SAVOIR PLUS

LEXIQUE

Standard & Poor's : Standard & Poor's est sans doute la plus connue des agences de notation financière (ou "credit rating"). Une agence de notation attribue, selon des critères et une classification qui lui sont propres, une note traduisant son opinion sur la capacité d'un émetteur à remplir ses obligations financières, (donc à ne pas se trouver en situation de défaut de paiement) et à rembourser ses dettes en temps et en heure. En tant que mesure du niveau du risque de crédit, la note influe sur le niveau du taux d'intérêt proposé à l'entreprise notée. En d'autres termes, plus la note d'un émetteur est mauvaise, plus il lui coûtera cher d'emprunter car il lui sera difficile d'intéresser les investisseurs. L'échelle des notes de Standard & Poor's se décline comme suit : - La catégorie investissement regroupe les notes AAA, AA+, AA, AA-, A+, A, A-, BBB+, BBB, BBB- (notes à long terme, durée initiale de la dette émise supérieure à un an) et A-1+, A-1, A-2, A-3 (notes à court terme, durée initiale de la dette émise inférieure à un an). Cette catégorie est censée refléter une qualité de crédit solide. Si AAA est la note la plus forte, même un A offre une espérance de parcours sans incident, avec une forte probabilité pour que la dette soit remboursée à temps même si l'environnement économique ou la société elle-même rencontrent quelques turbulences. Au niveau BBB, la capacité de la société à payer ses intérêts et capital est encore suffisante bien qu' à ce niveau là de note des conditions économiques défavorables ou une modification des circonstances sont davantage susceptibles d'affecter l'aptitude au service normal de la dette. - La catégorie spéculative regroupe les notes BB+, BB, BB-, B+, B, B-, CCC+, CCC, CCC- (à long terme) et B, C (à court terme). Cette catégorie suppose des risques sérieux d'incidents de paiement, qui deviennent extrêmement sérieux pour les CCC (on parle alors de " junk bond ", ou obligation pourrie). En cas de défaut imminent ou avéré sont appliquées les notes CC et D à long terme, D à court terme. Les notes long terme de Standard & Poor's sont assorties, d'une perspective " stable ", " positive " ou " négative ". Cette indication a pour but d'indiquer le sens vers lequel les notes sont susceptibles d'évoluer à moyen terme, sans qu'il s'agisse en l'occurrence d'une certitude. Agence de notation : Une agence de notation est une agence spécialisée qui attribue des notes, sous la forme de symboles, pour qualifier le risque de crédit attaché à une entreprise et à sa dette (négociée sous forme d'obligation). Standard & Poor's, Moody's et Fitch Ratings sont les principales agences de notation de crédit.

Performances et stratégie

Chiffre d'affaires

- Au 30/06/2009 : 7,503 milliards d'euros (-5,8%) - Au 31/12/2008 : 16,984 milliards d'euros (-4,5%)

Résultats

- Au 30/06/2009, résultat d'exploitation : -316 millions d'euros, soit -4,2% des revenus; résultat net part du groupe : -302 millions (contre -317 millions au 1er semestre 2008); - Au 31/12/2008, résultat de l'activité opérationnelle :-5,303 milliards contre -4,249 en 2007. Résultat net part du groupe : -5,215 milliards d'euros contre -3,518 en 2007.

Prévisions

Alcatel-Lucent a réaffirmé ses prévisions pour l'année 2009. Il prévoit toujours une baisse du marché global des équipements de télécommunications et des services de déploiement associés de 8% à 12% pour 2009, à taux de change constant. Le résultat d'exploitation ajusté (hors éléments exceptionnels) devrait atteindre l'équilibre en 2009.

Stratégie

A fin juin 2009, Alcatel Lucent estimait avoir atteint environ 35% de son plan annualisé de réduction de coûts. Ce plan vise (en rythme annualisé) 750 millions d'euros de réduction de coûts d'ici la fin du quatrième trimestre 2009. Des réductions d'effectifs sont prévues, notamment en France, ainsi que des réductions du nombre de sous-traitants, la rationalisation des sites, entre autres. A cela s'ajoute une stratégie de co-sourcing : le 18 juin dernier, Alcatel-Lucent et HP ont annoncé leur intention de mettre en oeuvre un projet d'une durée de 10 ans, qui devrait permettre d'améliorer l'efficacité de l'infrastructure informatique et de télécommunications d'Alcatel-Lucent. Des revenus devraient également être générés grâce à des offres commerciales conjointes.

Evènements financiers

Le groupe vient de lancer une émission d'obligations convertibles et/ou échangeables en actions nouvelles ou existantes (Océanes) pour 870 millions d'euros. Ce montant pourrait être porté à 1 milliard d'euros. L'objectif de l'émission est essentiellement de permettre le refinancement de l'endettement du groupe et le rallongement de sa maturité. La cession des titres Thales (20,8% du capital) à Dassault Aviation a été finalisée pour 1,566 milliard d'euros. L'entreprise étudie la possibilité de vendre d'autres actifs qui ne font pas partie de son coeur de métier.

Forces et faiblesses de la société

Forces

- Sur le second trimestre le chiffre d'affaires a progressé de 8,5 %, alors que le recul du marché était compris entre 8% et 12% à taux de change constants; - Le groupe a publié un bénéfice net de 14 millions d'euros au deuxième trimestre. Il s'agit du premier profit depuis la fusion entre Alcatel et Lucent, survenue en 2006; - Le nouveau management devrait faciliter la réorientation stratégique : le style direct du nouveau directeur général, Ben Verwaayen, et sa recherche de proximité avec les salariés, tranche avec l'équipe précédente; - Le groupe est engagé dans un vaste plan d'économies, qui devrait améliorer ses performances opérationnelles. Il pourrait quitter son siège historique dans le VIIIe arrondissement de Paris; - Le groupe a récemment réitéré ses objectifs financiers; - L'équipementier vient de signer deux nouveaux contrats en Chine auprès de China Mobile et China Telecom, les deux autres opérateurs du pays. Le groupe est déjà le premier équipementier occidental en Chine, via sa coentreprise Alcatel-Lucent Shanghai Bell. La Chine constituerait un important relais de croissance car il bénéficie d'une hausse d'activité estimée de 5% alors que le marché mondial risque de chuter de 10% cette année.

Faiblesses

- La situation de trésorerie du groupe est tendue : à fin juin 2009, sa trésorerie opérationnelle était négative pour 330 millions d'euros tandis que le déficit de financement des retraites s'est creusé à 1,162 milliard d'euros; - Le groupe ne cesse d'enregistrer des dépréciations d'actifs depuis sa fusion avec Lucent : l'an passé il a dû comptabiliser une perte de valeur sur actifs, plus importante qu'en 2007 et s'élevant à 4,725 milliards d'euros; - Certains analystes considèrent que la stratégie n'est pas très claire et qu'elle doit encore faire ses preuves; - Le groupe ne versera pas de dividende pour l'année 2008. Si distribuer des dividendes fait partie intégrante de la stratégie, les dirigeants ne peuvent dire quand l'entreprise pourra en verser.

La valeur et son secteur

Principales activités

Trois segments : opérateurs (68%), services (24%), entreprises (8%)

Le secteur

Les équipementiers télécoms sont pénalisés par les réticences des opérateurs à investir dans leurs infrastructures dans un contexte de crise. Ces derniers reportent leurs investissements pour préserver leurs marges. Les équipementiers doivent également affronter une concurrence accrue avec l'apparition de nouveaux acteurs. Les chinois Huawei et ZTE, qui ont renforcé leur compétence technologique, tirent les prix vers le bas.

La valeur dans son secteur

Leader mondial dans le secteur des équipements de réseaux d'opérateurs. Leader dans l'accès haut débit, en optique (terrestre et sous-marin), en CDMA (équivalent américain du GSM), et dans le secteur de la téléphonie d'entreprise en Europe occidentale.

Comment suivre la valeur

- Surveiller la santé des opérateurs télécoms est indispensable pour évaluer comment se porte la demande d'infrastructures auprès des équipementiers; - Surveiller le développement en Chine, qui représente un enjeu majeur; - Suivre l'amélioration des performances opérationnelles suite à la réalisation du plan de réduction des coûts.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Equipementiers télécoms

La technologie LTE ("long term evolution") s'impose face au WiMax comme le standard de l'industrie pour les futurs réseaux de téléphonie mobile. Cette quatrième génération de téléphonie mobile représente une convergence au niveau mondial, aussi bien de la norme européenne (GSM-UMTS), que de la norme américaine (CDMA) et chinoise (TD-SCDMA). Néanmoins, si les équipementiers de réseaux affirment être prêts pour la LTE, il n'en est pas de même pour les fabricants de téléphones.