Chronique / La liquidité continue d'être alimentée

13/11/2009 - 11:48 - Option Finance

(AOF / Funds) - Au cours d'une semaine rythmée par les réunions monétaires des grandes banques centrales, les marchés boursiers ont connu des trous d'air importants avant de finir la semaine en territoire positif face au statu quo monétaire favorable au maintien d'une liquidité abondante. Tout au long de la semaine, le marché est demeuré dans l'expectative avant les réunions monétaires de la Fed, de la BCE et de la BoE (banque d'Angleterre), pour lesquelles les interrogations portaient non pas sur les taux directeurs, mais plutôt sur les stratégies de sortie des politiques quantitatives (Fed et BoE) et des mesures non conventionnelles (BCE). Les communiqués de la Fed et de la BoE étaient bien plus neutres que celui de la BCE. Le communiqué de la Fed était quasiment inchangé. Le marché craignait qu'elle ne retire certains mots suggérant que les taux directeurs resteront durablement inchangés suite à l'amélioration de la croissance. Mais il n'en a rien été et elle a confirmé ses programmes de liquidités, notamment celui relatif aux achats d'obligations hypothécaires jusqu'en mars 2010. En résumé, la Fed considère que, malgré la reprise de l'activité, les risques demeurent encore et qu'il convient par conséquent de maintenir une certaine liquidité. La mise sous chapitre 11 des faillites de la banque CIT, spécialisée dans le financement des PME, est venue rappeler que le secteur bancaire n'est pas complètement sorti d'affaires. De son côté, la BoE a relevé son plafond d'achat de Gilt de 25 milliards de sterling jusqu'à 200 milliards, montrant ainsi qu'elle reste très active pour soutenir l'économie, sachant que l'économie britannique n'est pas sortie de la récession au troisième trimestre comme aux Etats-Unis ou en zone euro. La BoE n'a donc pour l'heure pas l'intention de retirer de la liquidité, même si le programme d'achat de Gilt ne devrait plus être relevé à l'avenir. De plus, les difficultés du secteur bancaire anglais n'ont pas disparu, comme en témoigne la recapitalisation de RBS. Enfin, la BCE a continué à souligner qu'elle maintiendrait ses taux directeurs inchangés à court terme en dépit des signaux de reprise de l'activité, mais elle s'est distinguée en appelant à une réduction de la liquidité dans le futur au fur et à mesure que la croissance se raffermit. Elle n'a toutefois donné ni les modalités ni le calendrier de retrait de la liquidité, alors qu'Axel Weber avait laissé entendre qu'il faudrait supprimer les opérations de refinancement de long terme (douze mois) dès le début de l'année 2010. Jean-Claude Trichet ne s'est pas exprimé là-dessus, préférant remettre cette question à la prochaine réunion du mois de décembre. En résumé, les banques centrales se sont montrées encore prudentes et continueront à court terme à alimenter le marché en liquidités. Cela a donc permis aux actifs risqués de se redresser en fin de semaine après avoir connu un gros trou d'air en début de semaine. Les marchés boursiers ont en outre été soutenus par la révision à la hausse des prévisions de croissance de la Commission européenne à 0,7 % en 2010 et le fait que la BCE devrait faire de même lors de sa prochaine réunion monétaire. De notre côté, nous devrions aussi revoir notre prévision de croissance européenne légèrement à la hausse, probablement à 0,4 % pour 2010, suite au projet de budget allemand prévoyant de larges allégements fiscaux. Dans cet environnement, ce sont surtout les valeurs cycliques qui ont rebondi au détriment des valeurs défensives. De leur côté, les marchés obligataires ont corrigé, face au rebond des indices boursiers et du marché du crédit. Le taux dix ans allemand est revenu sur un niveau de 3,35 %, provoquant une poursuite de la pentification du segment deux/dix ans euro jusqu'à 207 pb. Un tel environnement monétaire conjugué à la multiplication de signaux d'amélioration de l'activité est particulièrement favorable aux actifs risqués et, par là, à la mise en place de positions de carry trade en dollar, sachant que la Fed n'a quasiment pas changé son communiqué de presse. L'autre fait important négatif pour le dollar est le comportement des banques centrales émergentes toujours à l'affût de nouveaux moyens de diversifier leurs réserves notamment en achetant de l'or. A ce titre, l'achat par la RBI (banque centrale indienne) de 200 tonnes d'or provenant du FMI pour un montant de 6,7 milliards de dollars reflète le sentiment négatif sur la devise américaine. Le dollar est donc reparti à la baisse en fin de semaine et les devises à bêta élevé (AUD, ZAR, BRL, SEK...) ont repris leur chemin haussier. Pour sa part, l'eurodollar est repassé au-dessus de 1,49 et devrait revenir tester son récent plus haut de 1,5064. Dans la semaine à venir, on se focalisera sur les indicateurs économiques aux Etats-Unis (ventes de détail) et en zone euro (PIB du troisième trimestre), qui devraient confirmer la reprise économique et soutenir les actifs risqués. Par Nordim Naam, stratégiste, Natixis