DANONE rachète des obligations

16/11/2009 - 10:16 - Option Finance

(AOF) - Danone a annoncé le lancement d'une offre publique d'achat sur certaines de ses obligations dans le but de réduire sa dette brute, d'optimiser la structure de sa dette et de réduire son coût moyen dès 2010. Le géant de l'agroalimentaire invite les porteurs de titres obligataires à présenter à la vente contre paiement en numéraire et ce jusqu'à un montant nominal cumulé maximum de 1,25 milliard d'euros la totalité des titres de la souche 1,25 milliard d'euros, 5,25% à échéance du 6 mai 2011. Danone invite également les porteurs à présenter à la vente, à la seule discrétion du groupe, un montant, déterminé le jour du pricing, de sa souche un milliard d'euros, 6,375% à échéance du 4 février 2014 et/ou un montant de sa souche un milliard d'euros 5,5% à échéance du 6 mai 2015. Les titres achetés par Danone dans le cadre de l'offre d'achat seront annulés et ne pourront être réémis ou revendus. Les titres qui n'auront pas été valablement soumis et acceptés dans le cadre de l'offre d'achat resteront en circulation. L'offre d'achat débutera le 16 novembre 2009 et s'achèvera le 24 novembre 2009, sauf modification de la période d'offre par Danone. Danone a mandaté BNP Paribas et Société Générale Corporate & Investment Banking en tant qu'Etablissements Présentateurs. Société Générale Securities Services interviendra en tant qu'Agent Centralisateur de l'offre d'achat. Fin juin, Danone a bouclé une augmentation de capital de trois milliards d'euros qui lui a permis de réduire de moitié sa dette nette à 4,108 milliards d'euros.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Performances et stratégie

Chiffre d'affaires

- Au 30/06/2009 : 7,520 milliards d'euros (-2,2% en données brutes et +1,6% à périmètre de consolidation et taux de change constants); - Au 31/12/2008 : +19,1% à 15,220 milliards d'euros du fait de l'acquisition de Numico (croissance de 8,4% à données comparables).

Résultats

- Au 30/06/2009, résultat opérationnel courant : 1,206 milliard d'euros (+8,1% à périmètre de consolidation et taux de change constants). Amélioration de la marge opérationnelle courante de 98pb (à 16,03%) à données comparables; - Au 31/12/2008, croissance de 12,3% du résultat opérationnel courant (à 2,27 milliards d'euros) et amélioration de la marge opérationnelle courante de 53pb (à 14,91%) à données comparables.

Prévisions

Le groupe a confirmé ses objectifs pour l'année 2009 : - Croissance du chiffre d'affaires en données comparables inférieure de quelques points à l'objectif de croissance à moyen terme (comprise entre 8% et 10% par an); - Progression de la marge opérationnelle courante (EBIT) en données comparables; - Croissance de 10% du bénéfice net courant dilué par action, à périmètre de consolidation et taux de change constants (en excluant l'effet de l'augmentation de capital de 3 milliards d'euros qui a eu lieu en juin 2009).

Stratégie

Pour l'ensemble de l'année 2009 le groupe a pour priorité d'augmenter le rapport prix-bénéfice consommateur sur tous ses marchés clefs afin de répondre aux tendances de consommation. Cela devrait lui permettre de gagner des parts de marché dans ces pays. Ainsi, pour enrayer le recul des volumes dans les produits laitiers, Danone a baissé ses prix sur de nombreux articles et lancé une gamme économique, Eco Pack, un pack de 6 yaourts basiques vendu 1 euro. Le groupe ne devrait pas relever ses prix à moyen terme car il estime que les habitudes de consommation devraient changer durablement.

Evènements financiers

Danone a récemment lancé une augmentation de capital avec maintien du droit préférentiel de souscription des actionnaires pour un montant brut de 3,048 milliards d'euros. Cette émission a été sursouscrite à 182%. En 2007 le groupe a mené simultanément une cession majeure (pôle Biscuits) et une acquisition stratégique, la plus grosse jamais effectuée par le groupe (Numico).

Forces et faiblesses de la société

Forces

- Acteur majeur de l'industrie alimentaire mondiale; - Grâce à l'acquisition du néerlandais Numico, Danone intègre deux métiers orientés santé et en forte croissance, la nutrition médicale et la nutrition infantile; - Sa politique commerciale agressive a été payante sur les derniers mois : les ventes de produits laitiers ont augmenté en volume pour la première fois au second trimestre (+2,7%), après cinq trimestres consécutifs de recul (dont -0,1% au premier trimestre); - Fort dynamisme en termes d'offre grâce à une politique d'innovation constante et à une grande réactivité par rapport à la demande des consommateurs; - L'augmentation de capital en juin dernier a permis de consolider la structure financière : selon Moody's, l'endettement, qui représentait fin mars 3,7 fois l'excédent brut d'exploitation (EBE) du groupe, devrait être ramené à 2,6 fois l'EBE après cette opération; - Avec un flottant de près de 79%, et en l'absence d'un actionnaire de référence, le groupe est potentiellement opéable, ce qui présente un intérêt spéculatif.

Faiblesses

- Une incertitude pèse sur l'évolution de la marge opérationnelle du groupe à moyen terme en considérant que la politique de baisse des prix va perdurer. Au premier semestre cette marge a bien progressé en particulier grâce à la baisse des cours des matières premières; - En France, les marques de distributeurs se développent dans un contexte de crise; - Les difficultés structurelles du pôle des eaux embouteillées dans les pays développés ont été confirmées au premier semestre; - Les coopérations dans les pays émergents sont difficiles : au conflit avec le chinois Wahaha (depuis 2005) s'est ajoutée la rupture du joint-venture avec l'indien Wadia Group; - Du fait des nouvelles normes comptables (qui imposent de réévaluer les goodwill), le groupe pourrait enregistrer des dépréciations élevées suite au rachat de Numico, qui a par ailleurs gonflé l'endettement du groupe.

La valeur et son secteur

Principales activités

Produits laitiers frais, eaux, alimentation infantile et nutrition médicale

Le secteur

La crise et la baisse consécutive de leur pouvoir d'achat ont incité les consommateurs à modifier leur comportement et à tenir davantage compte des prix. Parallèlement, la grande distribution a développé les référencements en marques de distributeurs (MDD), vendus environ 30 % moins cher que les grandes marques. Les industriels doivent alors s'adapter, à l'image de Danone, en offrant des prix plus attractifs.

La valeur dans son secteur

Le groupe est n° 1 mondial des produits laitiers frais, n° 2 des eaux embouteillées, n°2 de la nutrition infantile (et leader européen) et n° 3 de la nutrition médicale. Danone est l'un des rares acteurs de l'agroalimentaire totalement recentré sur la santé, ce qui lui confère un avantage stratégique certain.

Comment suivre la valeur

- Valeur défensive du fait de son activité. Néanmoins, la concurrence des MDD souligne bien que les performances du groupe sont influencées par le contexte économique général; - Danone cherche à se désendetter, donc certaines cessions sont possibles; - Entreprise facilement opéable, d'autant plus que le cours de l'action a reculé de 19% en un an.

Rémunération des actionnaires

Principaux actionnaires

- public : 78,9% - autocontrôle : 7% - Eurazeo : 5,1% - Caisse des dépôts et des consignations : 3,9% - autres / divers : 5,1%

Dividendes

- dividende versé : 1,2 euro par action - taux de distribution des dividendes : 44% - taux de croissance du dividende par action : +9% en 2008 - rendement (dividendes / cours moyen pendant l'année) : 3% - estimations de dividendes par action : 1,19 euro en 2009

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Agroalimentaire

Fitch conteste, pour trois raisons la réputation défensive attribuée au secteur agroalimentaire. La première réside dans l'attrait croissant qu'exercent les marques de distributeurs sur les consommateurs. Cela a un impact non négligeable sur les marges des industriels, qui voient leur pouvoir de négociation amoindri face à la grande distribution. Selon l'agence de notation, le taux de pénétration des marques de distributeurs en Europe varie entre 40% et 50%. Deuxièmement, les pays émergents sont eux aussi affectés par le ralentissement économique. Les acteurs ne peuvent donc plus forcément compter à court-terme sur ces relais de croissance, en particulier en Russie et en Europe Centrale. Enfin, l'évolution des prix des matières premières agricoles reste défavorable aux performances des groupes agroalimentaires. Même si ces prix ont diminué après avoir atteint des sommets durant l'été 2008, ils sont néanmoins bien supérieurs à leur niveau d'il y a quatre ans. Toutefois, Fitch insiste sur la solidité financière des acteurs du secteur et n'exclut pas le retour à un mouvement de concentration.