VEOLIA : priorité à la rentabilité

30/11/2009 - 09:55 - Option Finance

(AOF) - Le nouveau directeur général de Veolia Environnement Antoine Frérot a déclaré que le défi du groupe était davantage l'augmentation de la rentabilité que la gestion de la dette. "La dette de Veolia, c'est simple : elle est la même qu'il y a dix ans. Mais depuis lors l'entreprise dégage 1,5 fois plus de cash-flow !", a souligné Antoine Frérot lors d'un entretien au quotidien "Les Echos". "Ajoutons que nous n'avons aucun problème de liquidité, aucun remboursement important d'ici à 2012 et disposons d'importantes lignes de crédit. Notre défi est donc moins notre dette que notre rentabilité qui a diminué depuis deux ans", a-t-il souligné. "Nos quatre spécialités sont au coeur d'une politique de développement durable des collectivités publiques comme des industriels. Ce serait donc une erreur de se séparer de l'un d'entre eux. Je ne le ferai pas. Notre défi, c'est de faire la preuve, davantage encore, de leur complémentarité." "Nous devons gagner en sveltesse et abaisser nos points morts", a-t-il précisé. En 2009, Veolia a revu à la hausse son programme d'économies en le portant de 180 à 220 millions d'euros. Pour 2010, un objectif de 220 millions d'euros supplémentaires a été fixé. "Si l'on ajoute les 100 millions d'euros d'économies que nous nous sommes imposé dans le secteur de la propreté particulièrement touché par la crise, cela fait un total de 540 millions d'euros". "Nous allons par ailleurs faire des choix et fixer les critères de priorité pour nos développements et nos désinvestissements. D'ici au mois de mars, je serai en mesure d'expliquer ces choix et de prendre des engagements pour les trois à cinq ans qui viennent." Concernant Dalkia, filiale de services énergétiques dont Veolia détient 66% du capital alors qu'EDF en contrôle 34%, Antoine Frérot a déclaré : "Il me semble aujourd'hui qu'il peut être de l'intérêt des deux groupes de faire évoluer cette situation. D'abord en renforçant nos coopérations industrielles, notamment à l'étranger, et pas seulement au travers du seul secteur de l'énergie." "Et donc aussi en clarifiant l'actionnariat de Dalkia et en permettant à EDF de pouvoir collaborer et d'être impliqué avec l'ensemble des équipes de notre groupe. Pour cette évolution actionnariale, il est évident que le travail d'évaluation se ferait sous l'oeil attentif des administrateurs indépendants des deux groupes."

AOF - EN SAVOIR PLUS

Performances et stratégie

Chiffre d'affaires

- Au 30.06.2009 : 17 426,9 millions d'euros (-0,8%) - Au 31.12.2008 : 36 205,5 millions d'euros (+13,4 %)

Résultats

- Au 30.06.2009 : Résultat opérationnel 1 000,8 millions d'euros (-22,6%); Résultat net 346,2 millions d'euros (-46,8%) - Au 31.12.2008 : Résultat opérationnel 1 951,3 millions d'euros (-21,4%) ; Résultat net 405 millions d'euros (-56,3%)

Prévisions

Les objectifs ont été maintenus pour 2009 : (i) générer un free cash flow positif après versement du dividende au titre de l'exercice 2008 (il était négatif de 1,8 milliard d'euros au 31.12.2008) et (ii) dégager une capacité d'autofinancement opérationnelle après déduction des investissements nets de l'ordre de 2 milliards d'euros à taux de change constant.

Stratégie

Le plan d'efficacité " Veolia 2010 " vise à réduire les coûts de 180 millions d'euros en 2009 et de 220 millions d'euros additionnels en 2010. Il prévoit également la diminution des investissements nets d'au moins 1,6 milliard d'euros pour qu'ils atteignent 2 milliards d'euros en 2009. Un plan de cessions de 3 milliards d'euros d'ici à 2011 a été annoncé, dont 1 milliard au moins au seul titre de l'année 2009. Le départ du président de Veolia, Henri Proglio, qui va diriger le groupe EDF, ne devrait pas avoir d'impact sur cette stratégie car le groupe n'a pas le choix : il doit réduire un endettement devenu trop lourd.

Evènements financiers

Le groupe mène une série de cessions pour se désendetter. Après avoir abouti à un accord en vue de se désengager de sa filiale Veolia Propreté Nettoyage et Multiservices pour une valeur d'entreprise de 120 millions d'euros, il a annoncé la vente de Montenay International, son portefeuille de contrats d'incinération aux Etats-Unis, sous réserve d'approbation des autorités de la concurrence. Cette opération s'élève à 450 millions de dollars (dette incluse). Le groupe cherche également à se désengager de Veolia Cargo, sa filiale de fret déficitaire. Il est également entré en discussions privilégiées avec la Caisse des Dépôts en vue d'un rapprochement de Veolia Transport avec la société Transdev détenue à 75% par la Caisse des Dépôts et Consignations et à 25% par la RATP. Naîtrait ainsi le plus grand groupe mondial de transport public.

Forces et faiblesses de la société

Forces

- Positions concurrentielles extrêmement fortes sur ses différents métiers ; - Sur le premier semestre, le groupe a généré une capacité d'autofinancement de 1 978 millions d'euros, représentant un taux de marge de capacité d'autofinancement opérationnelle stable par rapport à l'ensemble de l'année 2008 (à 11,3%) ; - Pour réduire son endettement, l'entreprise a mis en place un plan de cession ambitieux qu'elle mène tambour battant ; - Le groupe a récemment réaffirmé ses objectifs pour l'année 2009.

Faiblesses

- Du fait des acquisitions menées les années précédentes, l'endettement financier est significatif à 16,8 milliards d'euros en juin 2009 pour seulement 9,7 milliards de capitaux propres ; - Les résultats du premier semestre ont déçu les analystes : le chiffre d'affaires a reculé de 0,8%, à 17,4 milliards d'euros, du fait de la baisse de 10,2% de l'activité de la branche Propreté. Le résultat opérationnel de cette division s'est détérioré et le retrait du résultat net est supérieur à celui anticipé par les analystes ; - Alors qu'une hausse de 10% du dividende avait été initialement prévue, le groupe a annoncé un versement stable à 1,21 euro par action au titre de 2008.

La valeur et son secteur

Principales activités

Quatre activités : la gestion de l'eau (35% du chiffre d'affaires), la gestion des déchets (28%), la gestion des transports de voyageurs (20%) et la gestion énergétique (17%)

Le secteur

Les acteurs intervenant dans le traitement des déchets pâtissent du recul de l'activité de leurs clients industriels. A des baisses de volumes s'ajoute également une pression sur les prix. L'activité de gestion de l'eau est jugée, elle, moins cyclique et plus stable. L'activité des groupes d'environnement est étroitement liée à l'évolution du PIB des pays dans lesquels ils interviennent. Selon le FMI le PIB européen devrait seulement se stabiliser en 2010 (- 0,1 %).

Comment suivre la valeur

- Le groupe est facilement opéable du fait d'un capital éclaté. - Surveiller les prochaines cessions qui vont permettre au groupe de réduire son endettement, ainsi que les nouveaux contrats, conclus pour plusieurs années. - Suivre l'évolution de l'activité Propreté, particulièrement touchée par la crise. - Suivre également le rapprochement de Veolia Transport avec la société Transdev : le nouvel ensemble ainsi créé devrait être introduit en Bourse. - Autre sujet important : un rapprochement capitalistique qui paraît de plus en plus probable avec EDF, surtout depuis la nomination d'Henri Proglio à la tête de l'énergéticien. EDF et Veolia ont déjà une société commune, Dalkia, qui opère dans le service à l'énergie. Le groupe d'environnement pourrait proposer à EDF l'échange des 34 % du capital que ce dernier détient dans Dalkia en échange de titres Veolia.

Rémunération des actionnaires

Dividendes versés

1,21 euro par action

Taux de distribution des dividendes

86%

Taux de croissance du dividende par action

Stable

Rendement

5,8%

Estimation de dividende par action

1,21 euro en 2009

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Services aux collectivités

Les autorités françaises ont récemment approuvé la création d'une agence de financement des collectivités locales, à l'instar de ce qui se fait déjà dans de nombreux pays dans le monde. Grâce à cette agence, qui lancera des emprunts sur le marché obligataire au profit des régions, des départements, des agglomérations ou des villes, les collectivités espèrent diversifier leurs sources de financement. Celles ci sont, pour l'instant, très dépendantes des financements bancaires, particulièrement en provenance de Dexia et des Caisses d'Epargne. Dans le passé, les collectivités se sont déjà associées plusieurs fois pour lever des fonds sur le marché obligataire. Le dernier emprunt date de 2008, lorsque 32 collectivités ont levé 250 millions d'euros. Néanmoins, depuis ces dernières années, l'Acuf (Association des communautés urbaines de France) soutient le lancement d'un véhicule de financement qui bénéficierait de la meilleure note attribuée par les agences (notation " AAA ") et qui pourrait ainsi facilement se refinancer sur les marchés.