TOTAL : le financement du projet Chtokman est retardé

08/12/2009 - 12:07 - Option Finance

(AOF) - Total a annoncé le report de neuf mois du projet gazier Chtokman en raison des difficultés de financement liés à la crise financière. Le financement du projet est reporté à la fin 2010. "Dans les conditions actuelles, il est tout à fait normal que le projet prenne plus de temps que ce qui était initialement prévu", a déclaré à Reuters Arnaud Breuillac, vice-président des activités d'exploration et de production de Total en Europe centrale et en Asie continentale. Chtokman, dont le coût de la première phase est estimé à 15 milliards de dollars (dix milliards d'euros), est un projet emmené par le géant gazier russe Gazprom dans lequel Total et le norvégien Statoil détiennent des participations minoritaires. Le champ gazier Chtokman, situé dans l'Arctique, est considéré comme l'un des plus importants champs du monde avec près de 3500 milliards de mètres cubes de gaz et 31 millions de tonnes de condensats, un mélange de gaz et de pétrole brut. Fin novembre, Jean-Jacques Mosconi responsable du développement de Total cité par le "Wall Street Journal" annonçait que la mise en exploitation de Chtokman pourrait être retardé de deux ans, celle-ci intervenant en 2015. La production de GNL devrait suivre en 2016. Le retard serait dû à des difficultés techniques. Les différents partenaires du projet sont en désaccord sur la solution technique à adopter pour transporter le gaz et les condensats depuis la plateforme jusqu'à la terre. Selon le "Wall Street Journal", l'indécision des compagnies en présence est renforcée par la faiblesse de la demande gazière en Europe et les doutes suscités par le potentiel du marché nord-américain.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Performances et stratégie

Chiffre d'affaires

- Au 30.06.2009 : 61 471 millions d'euros (-33,5%) - Au 31.12.2008 : 179 976 millions d'euros (+13,4%)

Résultats

- Au 30.06.2009, résultat opérationnel ajusté : 6 659 millions d'euros (-55%) ; Résultat net consolidé part du groupe : 4 547 millions (-46%) - Au 31.12.2008, résultat opérationnel net ajusté : 13 961 millions d'euros (+14,1%) ; Résultat net part du groupe : 13 920 millions d'euros (+14%)

Prévisions

L'objectif d'un ratio d'endettement compris entre 25% et 30% pour l'année 2009 a été maintenu. Pour la seconde partie de l'année, le groupe perçoit des signes de reprise de la demande en Asie. L'activité sur les prochains mois devrait être portée par la montée en puissance des gisements récemment mis en service (tels que Akpo au Nigeria, Tahiti aux Etats-Unis et Tyrihans en Norvège). De plus l'entrée en production, d'ici la fin de l'année, des nouveaux projets au Yemen et au Qatar vont permettre au groupe d'accroître sa production de pétrole et de gaz. Néanmoins les difficultés demeurent pour les activités aval (raffinage et pétrochimie), qui ont déjà pâti d'un résultat opérationnel ajusté en baisse de 25% sur le premier semestre. L'acompte sur dividende (1,14 euro par action) a été maintenu, témoignant de la confiance de Total en l'avenir.

Stratégie

La priorité du groupe est de réduire ses coûts. Certaines unités pourraient être fermées pour faire face aux surcapacités. Un plan de 555 suppressions de postes (sans licenciements) d'ici à 2013 a été adopté concernant des activités de raffinage et de pétrochimie en France. L'objectif de 18 milliards de dollars d'investissements sur l'année pourrait ne pas être atteint car des projets ont été reportés.

Evènements financiers

Avec pour objectif de vendre l'intégralité de sa participation à l'horizon 2012, Total a franchi à la baisse le seuil de 15% des droits de vote chez Sanofi-Aventis, et détenait fin août 9,09 % du capital de la société. Le groupe a signé un protocole d'accord avec le gazier russe Novatek afin d'acquérir 49 % de la société Terneftegas. Cette dernière détient un important gisement de gaz en Russie. De plus, Total a annoncé, en association avec le saoudien Saudi Aramco, le lancement de la construction de la raffinerie de Jubaïl en Arabie saoudite, pour un montant global de 9,6 milliards de dollars.

Forces et faiblesses de la société

Forces

- L'agence de notation Fitch Ratings a confirmé les notes du groupe au motif qu'il devrait confirmer sa forte position dans l'industrie pétrolière avec la finalisation d'importants projets qui entreront en production en 2009 et 2010 ; - Total va distribuer un dividende par action en hausse de 10% (à 2,28 euros) sur le résultat 2008 ; - Total, moins présent que ses concurrents aux Etats-Unis, résiste mieux à la crise ; - Le titre bénéficie du statut de valeur de rendement du fait de la qualité de la génération de ses flux de trésorerie : fin juin 2009 sa trésorerie s'élevait à 14 milliards d'euros contre 7 milliards un an plus tôt ; - Sa structure financière demeure solide avec un ratio d'endettement net sur fonds propres de 24,7 % au 30 juin. Il peut donc mener des acquisitions et renouveler ses réserves.

Faiblesses

- Sur second trimestre 2009, la production d'hydrocarbures a chuté de 7,3%, à 2 182 milliers de barils équivalent pétrole par jour; - Sur la période, le résultat opérationnel de Total, qui a reculé de 55%, a souffert de plusieurs facteurs : de la baisse des cours du pétrole, du recul des prix du gaz, de marges de raffinage fortement dégradées et d'une production plus faible par rapport à son niveau du premier semestre 2008 ; - L'image de l'entreprise auprès du grand public, déjà dégradée dans le passé, a récemment été écornée par les récents accidents de salariés. La fréquence des accidents de travail des employés et sous-traitants de Total est biens supérieure à celle de ses concurrents à 3,6 par million d'heures travaillées en 2008, contre 1,8 pour Shell ou 2,4 pour BP.

La valeur et son secteur

Principales activités

- Secteur amont de la chaine pétrolière (exploration, développement, production d'hydrocarbures, de gaz naturel et de GNL) : 13,5% du chiffre d'affaires - Aval (raffinage, marketing des produits pétroliers, vente et transport maritime) : 75,3% du CA - Chimie (de base et de spécialités) : 11,2%

Le secteur

Les cours du baril de brent se maintiennent aux environs de 70 dollars soit 40 % au-dessus de la moyenne des six premiers mois. Cette tendance, qui devrait impacter positivement les résultats des majors pétrolières, provient en grande partie de la progression de l'activité industrielle en Chine, aux Etats-Unis et dans la zone euro. L'Agence Internationale de l'Energie (AIE) a donc revu à la hausse ses prévisions de demande de pétrole pour l'année 2009, qui ne devrait baisser que de 2,7% cette année, à 83,9 millions de barils par jour.

La valeur dans son secteur

Cinquième groupe pétrolier intégré international.

Comment suivre la valeur

- L'évolution du cours du titre est très liée aux cours du baril de pétrole. - Le cours du dollar par rapport à l'euro est également à suivre car l'augmentation de l'euro par rapport au dollar ampute le résultat opérationnel. - Les tensions géopolitiques sont à surveiller car elles peuvent perturber la production ou les réserves stratégiques de Total. - Enfin, les acquisitions du groupe dans le pétrole non conventionnel sont à suivre.

Rémunération des actionnaires

Dividendes versés

2,28 euros par action

Taux de distribution des dividendes

37%

Taux de croissance du dividende par action

+10%

Rendement

5,9%

Estimations de dividendes par action

2,28 euros en 2009

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Pétrole et parapétrolier

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a révisé à la hausse ses prévisions pour la demande de pétrole. Cette dernière devrait diminuer cette année de 2,2% par rapport à l'an dernier, contre une baisse de 2,7% précédemment estimée. Ces données plus optimistes reflètent la croissance de la consommation chinoise et la demande plus forte que prévue aux Etats-Unis. L'IAE estime désormais que la demande devrait atteindre 84,4 millions de barils par jour (mbj) cette année. Pour 2010, elle devrait s'accroître de 1,5%, à 85,7 mbj. Selon l'Agence deux scénarios peuvent être envisagés pour l'avenir. Dans le premier, la croissance mondiale atteindrait 5% par an en 2012-2014. La demande de pétrole augmenterait alors de 1,4% par an après 2009. Dans ce cas un " choc pétrolier " risque de survenir car les compagnies reportent actuellement leurs investissements actuels, ce qui pénalise l'offre future. Dans le second scénario, la croissance mondiale serait plus limitée, de l'ordre de 3% par an sur la période 2012-2014. La demande serait alors satisfaite par l'offre et tout " choc pétrolier " serait écarté.