TOTAL : Irak berceau de la vie

10/12/2009 - 15:49 - Option Finance

(AOF) - Total et 44 autres compagnies pétrolières occidentales, russes ou asiatiques participeront vendredi 11 et samedi 12 décembre aux enchères organisées par les autorités irakiennes pour l'exploitation d'importants champs pétrolifères. Hussein Chahristani, le ministre irakien du pétrole s'attend à une forte concurrence. Il s'agit du deuxième "round" depuis que Bagdad a rouvert la porte aux compagnies internationales, fermée depuis l'invasion américaine en 2003. Fin juin, le premier appel offre s'était soldé par un échec pour le gouvernement irakien. Les majors avaient refusé les conditions de prix draconiennes imposées par l'Etat. Seul le britannique BP associé au chinois CNPC s'est plié à ces conditions. Depuis l'ensemble des protagonistes ont baissé leurs prétentions. Les majors peuvent difficilement être absente d'Irak tandis que le pays a besoin de la manne pétrolière pour financer sa reconstruction. Le pays possède 9,1% des réserves mondiales (115 milliards de barils), derrière l'Arabie Saoudite (264 milliards) et l'Iran (130 milliards). Surtout, le territoire n'a pas été intégralement exploité, et les réserves pourraient être supérieures. Total est particulièrement attaché à l'Irak, terre qui a vu naître le groupe (la Compagnie française des pétrole devenue Total en 1954) à la suite de la découverte d'un gisement près de Kirkouk en 1927. Au-delà de cet avantage historique, le major français bénéficie de deux atouts supplémentaires : le soutien d'une partie de la classe politique irakienne et son expérience géologique des gisements irakien. Total est justement intéressé par le champ de Majnoun (le quatrième du pays avec 12 milliards de barils estimés), qu'il connaît bien pour y avoir travaillé de nombreuses années. Pour autant, la concurrence s'annonce vive. Total devra mettre en avant son savoir faire technique pour contrer les groupes américains et surtout chinois. Forts du soutien de l'Etat, ces derniers ont tendance à tirer les prix vers le bas pour remporter les marchés et renforcer ainsi la sécurité énergétique de leur pays.

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Performances et stratégie

Chiffre d'affaires

- Au 30.06.2009 : 61 471 millions d'euros (-33,5%) - Au 31.12.2008 : 179 976 millions d'euros (+13,4%)

Résultats

- Au 30.06.2009, résultat opérationnel ajusté : 6 659 millions d'euros (-55%) ; Résultat net consolidé part du groupe : 4 547 millions (-46%) - Au 31.12.2008, résultat opérationnel net ajusté : 13 961 millions d'euros (+14,1%) ; Résultat net part du groupe : 13 920 millions d'euros (+14%)

Prévisions

L'objectif d'un ratio d'endettement compris entre 25% et 30% pour l'année 2009 a été maintenu. Pour la seconde partie de l'année, le groupe perçoit des signes de reprise de la demande en Asie. L'activité sur les prochains mois devrait être portée par la montée en puissance des gisements récemment mis en service (tels que Akpo au Nigeria, Tahiti aux Etats-Unis et Tyrihans en Norvège). De plus l'entrée en production, d'ici la fin de l'année, des nouveaux projets au Yemen et au Qatar vont permettre au groupe d'accroître sa production de pétrole et de gaz. Néanmoins les difficultés demeurent pour les activités aval (raffinage et pétrochimie), qui ont déjà pâti d'un résultat opérationnel ajusté en baisse de 25% sur le premier semestre. L'acompte sur dividende (1,14 euro par action) a été maintenu, témoignant de la confiance de Total en l'avenir.

Stratégie

La priorité du groupe est de réduire ses coûts. Certaines unités pourraient être fermées pour faire face aux surcapacités. Un plan de 555 suppressions de postes (sans licenciements) d'ici à 2013 a été adopté concernant des activités de raffinage et de pétrochimie en France. L'objectif de 18 milliards de dollars d'investissements sur l'année pourrait ne pas être atteint car des projets ont été reportés.

Evènements financiers

Avec pour objectif de vendre l'intégralité de sa participation à l'horizon 2012, Total a franchi à la baisse le seuil de 15% des droits de vote chez Sanofi-Aventis, et détenait fin août 9,09 % du capital de la société. Le groupe a signé un protocole d'accord avec le gazier russe Novatek afin d'acquérir 49 % de la société Terneftegas. Cette dernière détient un important gisement de gaz en Russie. De plus, Total a annoncé, en association avec le saoudien Saudi Aramco, le lancement de la construction de la raffinerie de Jubaïl en Arabie saoudite, pour un montant global de 9,6 milliards de dollars.

Forces et faiblesses de la société

Forces

- L'agence de notation Fitch Ratings a confirmé les notes du groupe au motif qu'il devrait confirmer sa forte position dans l'industrie pétrolière avec la finalisation d'importants projets qui entreront en production en 2009 et 2010 ; - Total va distribuer un dividende par action en hausse de 10% (à 2,28 euros) sur le résultat 2008 ; - Total, moins présent que ses concurrents aux Etats-Unis, résiste mieux à la crise ; - Le titre bénéficie du statut de valeur de rendement du fait de la qualité de la génération de ses flux de trésorerie : fin juin 2009 sa trésorerie s'élevait à 14 milliards d'euros contre 7 milliards un an plus tôt ; - Sa structure financière demeure solide avec un ratio d'endettement net sur fonds propres de 24,7 % au 30 juin. Il peut donc mener des acquisitions et renouveler ses réserves.

Faiblesses

- Sur second trimestre 2009, la production d'hydrocarbures a chuté de 7,3%, à 2 182 milliers de barils équivalent pétrole par jour; - Sur la période, le résultat opérationnel de Total, qui a reculé de 55%, a souffert de plusieurs facteurs : de la baisse des cours du pétrole, du recul des prix du gaz, de marges de raffinage fortement dégradées et d'une production plus faible par rapport à son niveau du premier semestre 2008 ; - L'image de l'entreprise auprès du grand public, déjà dégradée dans le passé, a récemment été écornée par les récents accidents de salariés. La fréquence des accidents de travail des employés et sous-traitants de Total est biens supérieure à celle de ses concurrents à 3,6 par million d'heures travaillées en 2008, contre 1,8 pour Shell ou 2,4 pour BP.

La valeur et son secteur

Principales activités

- Secteur amont de la chaine pétrolière (exploration, développement, production d'hydrocarbures, de gaz naturel et de GNL) : 13,5% du chiffre d'affaires - Aval (raffinage, marketing des produits pétroliers, vente et transport maritime) : 75,3% du CA - Chimie (de base et de spécialités) : 11,2%

Le secteur

Les cours du baril de brent se maintiennent aux environs de 70 dollars soit 40 % au-dessus de la moyenne des six premiers mois. Cette tendance, qui devrait impacter positivement les résultats des majors pétrolières, provient en grande partie de la progression de l'activité industrielle en Chine, aux Etats-Unis et dans la zone euro. L'Agence Internationale de l'Energie (AIE) a donc revu à la hausse ses prévisions de demande de pétrole pour l'année 2009, qui ne devrait baisser que de 2,7% cette année, à 83,9 millions de barils par jour.

La valeur dans son secteur

Cinquième groupe pétrolier intégré international.

Comment suivre la valeur

- L'évolution du cours du titre est très liée aux cours du baril de pétrole. - Le cours du dollar par rapport à l'euro est également à suivre car l'augmentation de l'euro par rapport au dollar ampute le résultat opérationnel. - Les tensions géopolitiques sont à surveiller car elles peuvent perturber la production ou les réserves stratégiques de Total. - Enfin, les acquisitions du groupe dans le pétrole non conventionnel sont à suivre.

Rémunération des actionnaires

Dividendes versés

2,28 euros par action

Taux de distribution des dividendes

37%

Taux de croissance du dividende par action

+10%

Rendement

5,9%

Estimations de dividendes par action

2,28 euros en 2009

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Pétrole et parapétrolier

L'AIE (Agence internationale de l'énergie) a revu à la hausse ses prévisions de demande de pétrole pour cette année. Elle prévoit désormais un recul de 1,7% sur un an, à 84,8 millions de barils par jour (mbj). Jusqu'à présent elle tablait plutôt sur une diminution de 1,9%. Les estimations de l'AIE ont également été revues à la hausse pour 2010 : la demande devrait progresser de 1,6% sur un an, pour s'établir à 86,2 mbj. Les producteurs de pétrole s'inquiètent des conséquences sur leurs économies que pourrait avoir un accord sur le climat à Copenhague, en réduisant significativement la demande de pétrole. Ces inquiétudes ont été corroborées par les données de l'AIE, qui estime que le manque à gagner pour les producteurs lié à l'adoption de politiques davantage tournées vers l'environnement pourrait s'élever environ à 4.000 milliards de dollars d'ici 2030. Sans changement des politiques énergétiques, les revenus de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) s'élèveraient à 28.000 milliards de dollars entre 2008 et 2030.