MICHELIN placé sous surveillance négative par S&P

23/12/2009 - 15:44 - Option Finance

(AOF) - Standard & Poor's a placé sous surveillance avec implication négative la note à long terme BBB de Michelin. Selon l'agence de notation, la performance opérationnelle du fabricant de pneumatiques a subi des pressions durant les neuf premiers mois de l'année 2009. S&P estime que l'amélioration attendue pour 2010 ne sera pas suffisante pour maintenir la note actuelle.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Performances et stratégie

Chiffre d'affaires

- Au 30.06.2009 : 7 134 millions d'euros (-13,4%) - Au 31.12.2008 : 16 408 millions d'euros (-2,7%)

Résultats

- Au 30.06.2009, marge opérationnelle avant produits et charges non récurrents : 4,0% (contre 8,6% au premier semestre 2008) ; résultat net du groupe : -122 millions d'euros (contre 430 millions d'euros de profits au premier semestre 2008) - Au 31.12.2008 : marge opérationnelle à 5,6% ; résultat net du Groupe : 357 millions d'euros (- 54%)

Prévisions

Michelin prévoit que l'évolution des cours de matières premières devrait soutenir la rentabilité du second semestre. Pour la deuxième moitié de l'année 2009, le groupe vise à dégager un cash flow libre positif (qui s'élevait à 575 millions d'euros au premier semestre). Michelin ne s'attend pas à une reprise du marché des pneumatiques avant fin 2010.

Stratégie

Le groupe a trois priorités stratégiques inscrites dans son plan de compétitivité "Horizon 2010 " : (i) le développement à l'Est, sur les marchés en forte croissance, (ii) la différenciation de ses produits et services grâce à l'innovation et (iii) l'amélioration de sa compétitivité. Dans ce but, Michelin cherche à poursuivre la baisse de ses effectifs, avec un objectif de réduction compris entre 1700 et 3000 emplois en France d'ici fin 2011. Un plan de départs volontaires concernant 1093 salariés en France en 2010 a déjà été annoncé. Il ne devrait susciter aucun licenciement sec en jouant sur la mobilité interne et les départs anticipés à la retraite.

Evènements financiers

Il n'y a eu ni acquisition ni cession significative en 2008 et début 2009. Le lancement en avril d'un emprunt obligataire de 750 millions d'euros, d'une maturité de 5 ans et offrant un coupon de 8,625%, a été un succès.

Forces et faiblesses de la société

Forces

- Le groupe bénéficie d'une marque très forte ; - Il dispose d'une bonne capacité de recherche et d'innovation, qui lui confère un avantage stratégique indéniable dans un contexte extrêmement concurrentiel ; - Le maintien de l'effort de recherche et développement sur les six premiers mois, en dépit de la crise, souligne la vision à long terme du groupe ; - Les trois-quarts de son activité sont réalisés sur le marché des pneus de remplacement, qui est moins cyclique que celui de la première monte ; - Au premier semestre les ventes ont été positivement impactées par l'effet Mix-prix (+9,6%), qui traduit la fermeté de la politique de prix du groupe dans un environnement pourtant dégradé ; - Au premier semestre 2009, le groupe a généré un cash flow libre positif de 575 millions d'euros (contre un cash flow libre négatif de 445 millions d'euros sur la même période 2008). Cette amélioration est liée notamment à la réduction des stocks à hauteur de 580 millions d'euros sur le semestre, soulignant la réactivité de l'entreprise à la crise ; - Le ratio d'endettement a été réduit de 80% à 75% entre les premiers semestres 2008 et 2009, en particulier suite à une réduction des dépenses d'investissement.

Faiblesses

- Sur le premier semestre, les volumes vendus ont chuté de 23%, reflétant les difficultés pour l'activité de Première monte et plus largement pour le Poids lourd ; - La marge opérationnelle du groupe s'est fortement dégradée sur cette période, du fait des mauvaises performances des activités poids lourds ; - Michelin va distribuer un dividende en baisse de 37 % (à 1 euro par action).

La valeur et son secteur

Principales activités

Trois types de produits : les pneumatiques, tourisme & navigation (cartes, guides et produits numériques) & Accessoires (casques, enjoliveurs). La répartition du chiffre d'affaires est la suivante : tourisme, camionnette & distribution associée : 53% du CA ; Poids lourds : 33% ; Activités de spécialités (avions, génie civil, cartes, guides, produits associés) : 14%

Le secteur

Michelin se porte mieux que ses concurrents. En effet, s'il a enregistré 122 millions d'euros de pertes au premier semestre, Goodyear a affiché des pertes de 400 millions et Continental de 457 millions. Le marché du remplacement est en repli sur tous les continents en raison de la baisse du kilométrage moyen des automobilistes. Le marché de remplacement dans l'activité des poids lourds est particulièrement en berne : il subit le recul du fret lié au ralentissement économique mondial et au repli du commerce international.

La valeur dans son secteur

Leader mondial des pneumatiques avec 17,1% du marché mondial en valeur.

Comment suivre la valeur

En tant qu'équipementier automobile, les performances du groupe sont étroitement liées à celle du marché automobile mondial (du fait de sa diversification géographique) qui impacte son activité de première monte. L'activité de remplacement est sensible aux évolutions de l'économie, en particulier au taux de chômage et à l'évolution du PIB. L'évolution du cours des matières premières est également à surveiller de près : le caoutchouc naturel représente près du tiers de ses achats de matières premières en valeur et les noirs de carbone et les matières premières entrant dans la fabrication du caoutchouc synthétique (dérivées du pétrole) en représentent 40%.

Rémunération des actionnaires

Dividendes versés

1 euro par action sur les résultats 2008

Taux de distribution des dividendes

40,7 % (contre 30,1 % sur résultats 2007)

Taux de croissance du dividende par action

-37 %

Rendement

2,6%

Estimations de dividendes par action

1 euro en 2009

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Automobile - Equipementiers

Selon le Clepa, association qui représente les fournisseurs automobiles européens, le nombre de faillites parmi les équipementiers automobiles pourrait atteindre 500 cette année en Europe. En France, la Fiev (Fédération des industries des équipements pour véhicules) estime que l'activité du secteur devrait chuter de 20% à 25% cette année. Le Fonds de modernisation des équipementiers automobiles (FMEA), mis en place cette année, a déjà aidé financièrement huit entreprises de la branche. 182 millions d'euros ont été distribués, sur une enveloppe disponible de 600 millions. Peugeot PSA a consacré cette année plus de 2 milliards d'euros en faveur de ses équipementiers. Il devrait continuer à aider ses fournisseurs car certains d'entre eux sont en difficulté. En contrepartie, il entend être plus exigeant avec une quinzaine de fournisseurs en leur demandant d'assumer une plus grande part du développement des nouveaux véhicules grâce à des relations beaucoup plus étroites. Les équipementiers vont donc devoir investir davantage dans la R&D, ce qui risque de grever leur rentabilité.