Chronique / Sur le taux d'épargne en France

01/02/2010 - 10:56 - Option Finance

(AOF / Funds) - Le taux d'épargne des ménages français est remonté à 17 % au 3e trimestre 2009 contre seulement 15 % un an auparavant. Est-ce que cela traduit un changement de tendance sur le comportement des Français ou est-ce simplement un phénomène ponctuel ? Cette interrogation est souvent posée ces derniers temps et doit être traitée sous plusieurs aspects. Il faut d'abord observer que depuis le milieu des années 1990, le taux d'épargne des ménages français est relativement stable et assez peu volatil. De 1993 à 2008 il a été en moyenne de 15,5 % et sans tendance haussière ni baissière. Les écarts autour de cette moyenne ont été assez réduits. Le comportement des ménages est alors assez simple à lire. Lorsque l'environnement est plutôt favorable, les ménages font un peu moins attention à leurs dépenses et le taux d'épargne se réduit. On observe un comportement inverse lorsque la situation conjoncturelle se dégrade, le taux d'épargne est plus élevé que la moyenne. Dans cette dynamique il y a un peu de persistance. En d'autres termes, le taux d'épargne peut s'écarter et rester éloigner de la moyenne pendant deux ou trois trimestres. Cependant on observe qu'il revient ensuite vers le taux moyen de 15,5 %. Au regard des données actuellement disponible, la remontée du taux d'épargne à 17 % s'inscrit très bien dans cette dynamique. On observe, dans les différentes enquêtes, que les ménages ne sont pas vraiment rassurés sur leur environnement. Il est alors prématuré d'imaginer que les ménages français vont accroître encore davantage leur épargne et sortir de la dynamique observée depuis plus d'une quinzaine d'années. De ce point de vue, il faut être vigilant car il y a parfois des confusions La dynamique du taux d'épargne en France n'est pas la dynamique du taux d'épargne américain. Là-bas, effectivement, il y a un véritable changement de comportement, et probablement un taux d'épargne qui remontera durablement. L'environnement incertain dans lequel se situe l'économie française incitera les ménages français à rester prudents, c'est l'effet persistance évoqué, mais on ne peut pas en conclure pour l'instant que cela traduira un changement radical de comportement. Par Philippe Waechter, directeur de la recherche économique, Natixis Asset Management