(AOF / Funds) - La crise financière est le moment initial d'une profonde mutation de l'économie mondiale. Car elle a marqué la fin d'un mode de croissance insoutenable. La débâcle financière a d'abord été celle d'un secteur financier devenu prédateur. Mais cette posture a été rendue possible par la dérive de longue durée de l'endettement de l'économie privée qui a entraîné la consommation bien au-delà du pouvoir d'achat des revenus des salariés, lesquels n'ont pas suivi les progrès de productivité. Cette distorsion a été exacerbée par l'élargissement démesuré des inégalités sociales. La crise sociale se double d'une crise écologique. En effet, l'augmentation massive de la consommation à la mode américaine a polarisé la croissance des pays émergents sur un modèle d'exportation destructeur de capital naturel, en sus des dégradations infligées dans les pays occidentaux. Le coût rapidement croissant des ressources énergétiques et alimentaires exerce une pression intolérable sur l'écosystème planétaire. La transition en Occident passe par le désendettement prolongé du secteur privé et la remontée de l'épargne. Ce processus dépressif est amorti par l'essor des dettes publiques sans stopper l'augmentation inexorable du chômage. Il s'ensuit une croissance basse à moyen terme. Corrélativement, les pays émergents doivent réorienter leur mode de croissance pour soutenir le rattrapage de leur niveau de vie. Une profonde transformation des rapports de puissance économique dans le monde va en résulter. Quels sont les facteurs à long terme qui peuvent faire de ce basculement le processus porteur d'une ère de prospérité mondial