LAFARGE valorise sa part dans Cimpor

04/02/2010 - 10:06 - Option Finance

(AOF) - Lafarge a annoncé la cession au conglomérat brésilien Votorantim de sa participation de 17,28% dans le cimentier portugais Cimpor. Cette opération devrait prendre la forme d'un échange entre les actions de Cimpor détenues par Lafarge et des actifs brésiliens de Votorantim. "La contrepartie de la vente de la participation de Lafarge dépendra de l'évolution de l'offre publique d'achat en cours sur Cimpor et de la décision consécutive de Votorantim de garder ou non les titres reçus", a expliqué le groupe français, présent depuis dix ans au capital du groupe portugais. En effet, Cimpor est la cible depuis décembre d'une offre de 3,86 milliards d'euros du sidérurgiste brésilien CSN. Le cimentier portugais a rejeté cette offre la jugeant trop faible au regard du potentiel de la société. Ainsi, en fonction de l'issue des évènements en cours, le groupe pourra recevoir des actifs cimentiers de Votorantim, qui complèteront le dispositif industriel actuel de Lafarge au Brésil. En fonction de la valeur finale accordée à Cimpor, ils pourront être complétés par des actifs supplémentaires ou un apport en cash. Mais Lafarge peut également percevoir un paiement intégral en cash, dans le cas où Votorantim déciderait d'apporter ses titres à une offre réussie sur Cimpor. Hier, le titre Cimpor a clôturé la séance à 6,17 euros. Ainsi, les 116 millions d'actions détenues par le cimentier français sont valorisées près de 720 millions d'euros. "Cette transaction permet au groupe de débloquer sa participation minoritaire dans Cimpor tout en la valorisant au mieux", a souligné Lafarge.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Performances et stratégie

Chiffre d'affaires

Au 30.09.2009 : 12.243 millions d'euros (-15%) Au 30.06.2009 : 7.991 millions d'euros (-12%) Au 31.12.2008 : 19.033 millions d'euros (+8%)

Résultats

Au 30.09.2009 : Résultat d'exploitation courant : 1.983 millions d'euros (-29%) ; résultat net part du groupe : 774 millions d'euros (-50%) Au 30.06.2009 : Résultat d'exploitation courant : 1.131 millions d'euros (-30%) Résultat net part du Groupe : 370 millions d'euros (contre 911 millions au 1er semestre 2008) Au 31.12.2008 résultat d'exploitation courant + 9% à 3.542 millions d'euros ; Résultat net part du Groupe en baisse de 16 % à 1.598 millions d'euros

Prévisions

Le groupe estime que cette année les volumes devraient reculer de 6% à 8% sur ses marchés. La baisse des coûts énergétiques, observée au troisième trimestre, devrait se poursuivre au quatrième trimestre par rapport à 2008. Il prévoit que l'amélioration progressive de la situation économique, associée aux plans de relance des gouvernements et à leur part importante de dépenses d'infrastructures annoncées, ne devraient pas avoir un impact positif aussi rapidement que prévu initialement en Europe. La reprise devrait plutôt intervenir en 2012, et non dans la seconde partie de 2010. Il entrevoit de bonnes perspectives à long terme dans les économies en développement du fait d'une demande de ciment qui restera structurellement soutenue par les besoins liés à l'urbanisation, à la croissance démographique et aux infrastructures.

Stratégie

Lafarge donne la priorité au désendettement et à la génération de cash-flow, et cherche à améliorer davantage sa structure financière. A fin septembre 2009, le groupe a réduit son endettement de 3,2 milliards d'euros, par rapport à la même période de 2008. Lafarge a également deux priorités stratégiques pour l'avenir : poursuivre sa croissance sur les marchés émergents et accélérer l'innovation, notamment pour répondre aux modes de construction plus durables. Dès 2010, 65% de ses résultats devraient être réalisés sur les marchés émergents.

Evènements financiers

Lafarge a réalisé plusieurs émissions obligataires de façon à optimiser l'échéancier de sa dette. Il a récemment levé 750 millions d'euros à 10 ans à un taux de 5,5 %, ce qui représente la cinquième opération de ce type sur l'année 2009. Au total, près de 3,2 milliards d'euros ont été émis depuis le mois de mai, date à laquelle le groupe est revenu sur les marchés obligataires.

Forces et faiblesses de la société

Forces

- Positions de leader dans chacune de ses activités ; - Grâce à la génération d'un cash-flow libre en hausse de 620 millions d'euros à sur les neufs premiers mois, le groupe est parvenu à réduire son endettement net de 3,2 milliards d'euros sur la période ; - Lafarge devrait atteindre dès 2010 son objectif de réduction de coûts de 400 millions d'euros, initialement programmé initialement pour 2011 ; - Sa diversification géographique permet au groupe de mieux résister que ses concurrents à la conjoncture difficile, grâce au poids important des pays émergents dans son chiffre d'affaires (46% réalisé au Moyen-Orient, en Europe Centrale et de l'Est, en Afrique et en Asie à fin 2008). Le rachat d'Orascom Cement a permis à Lafarge de détenir des positions de leader au Moyen-Orient, marché en plein essor ; - Les difficultés financières de Dubaï ne pèsent pas sur le groupe : même si depuis l'acquisition d'Orascom, Lafarge est très implanté dans les pays émergents, le premier cimentier mondial ne réalise pas plus de 1% de son activité totale dans les Emirats arabes unis ; - La politique de désendettement combinant cessions et augmentation de capital a permis non seulement au groupe de réduire son endettement net mais aussi d'éliminer son covenant bancaire associé et optimiser l'échéancier de ses remboursements.

Faiblesses

- Les investisseurs n'ont pas apprécié que Lafarge revoit récemment, pour la seconde fois depuis le mois de juillet, ses anticipations de volumes pour 2009. Il s'attend désormais pour 2009 à un recul de ses volumes de 6% à 8% sur ses marchés, alors qu'il tablait précédemment sur une fourchette plus large, avec une baisse comprise entre 4% et 8% ; - Déjà confronté à un fort repli de son activité (-15%) sur les neuf premiers mois de l'année, il ne prévoit pas de redressement rapide des volumes de ventes ; - Prudent pour l'avenir, le cimentier a préféré diviser par deux le dividende versé à ses actionnaires au titre de l'exercice 2008 ; - Le ralentissement économique a pesé sur les volumes et les marges. A fin septembre 2009, la marge opérationnelle a reculé sur un an, passant de 19,4% à 16,2% ; - Même si l'augmentation de capital a renforcé la structure financière du groupe, elle aura un impact dilutif sur le bénéfice net par action ; - La génération de trésorerie reste un enjeu primordial dans les prochains mois car le groupe continue à supporter une dette élevée (14,6 milliards d'euros à fin septembre).

La valeur et son secteur

Principales activités

Trois activités : ciments (57% du chiffre d'affaires), béton et granulats (35%) ; Plâtre (8%).

Le secteur

Les dirigeants de Lafarge et Holcim s'inquiètent de la hausse de la dette des États, qui devrait se traduire par un tassement des dépenses d'infrastructures. En Europe, la demande de ciment en 2010 devrait donc être inférieure de 30% à celle de 2007. Cette demande devrait se redresser légèrement en 2012. Selon Lafarge, même en Chine où le gouvernement a été le plus rapide à mettre en place ses plans de soutien, les effets du programme de relance de 800 milliards de dollars commencent seulement porter leurs fruits. Quant au groupe suisse Holcim, il considère qu'il faudra entre trois et cinq ans pour que les marchés occidentaux retrouvent leur niveau d'activité précédant la crise.

La valeur dans son secteur

Leader mondial des matériaux de construction : leader mondial du ciment, numéro 2 des granulats, numéro 3 du béton et du plâtre

Comment suivre la valeur

- Les performances de Lafarge sont étroitement liées à l'état du secteur de la construction. Fortement cyclique ce dernier dépend de l'évolution des taux d'intérêt, des facilités d'accès au crédit et du climat de confiance. - Le prix de l'énergie est également à surveiller car il compte pour 25% à 30% du coût de production du ciment. - Les résultats de Lafarge sont, pour partie, dépendants du cours du dollar par rapport à l'euro du fait de sa présence aux Etats-Unis.

Rémunération des actionnaires

Dividendes versés

1,51 euro par action au titre de 2008

Taux de distribution des dividendes

25% des bénéfices 2008

Taux de croissance du dividende par action

-100%

Rendement 2009

2,6%

Estimation du prochain dividende par action

2 euros en 2010

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Construction - Matériaux

Les acteurs doivent s'adapter à deux défis : la crise et un meilleur respect de l'environnement. Pour affronter la crise, la plupart, à l'instar de Saint-Gobain, ont mis en place des plans de réduction des coûts. Quant au respect de l'environnement, selon les objectifs fixés par le Grenelle de l'environnement, la consommation énergétique moyenne du parc de bâtiments, estimée à 240 kWh/m2/an, doit être ramenée à 50 kWh/m2/an en 2050. Les acteurs du secteur de la construction comme de celui des matériaux de construction innovent pour satisfaire ces exigences. Ainsi Lafarge et Bouygues Construction ont coopéré pour créer une nouvelle gamme de bétons isolants prêts à l'emploi, Thermedia. Ce produit diviserait par trois la conductivité thermique par rapport à un béton standard et limiterait donc les déperditions thermiques des bâtiments. Il ne sera lancé qu'en septembre 2011. Lafarge et Bouygues avaient déjà mis au point dans le passé un béton léger, le Ductal. Les distributeurs de matériaux s'adaptent également, et commercialisent de nouveaux matériaux, en particulier les panneaux photovoltaïques.