MICHELIN : amélioration de la rentabilité opérationnelle en 2009

12/02/2010 - 08:30 - Option Finance

(AOF) - Michelin a réalisé un bénéfice net 2009 de 104 millions d'euros, en chute de 70,9%, en raison de 412 millions d'euros de charges de restructuration. A 862 millions d'euros, le résultat opérationnel avant éléments non récurrents est en baisse de 6,3%. Sur la base d'un chiffre d'affaires en baisse de 9,8% à 14,8 milliards d'euros, la marge opérationnelle avant éléments non récurrents s'est établie à 5,8%, en légère amélioration par rapport à 2008 : 5,6%. Michelin a annoncé le maintien d'un objectif de génération de cash flow libre positif en 2010. " En ce début de 2010, la visibilité sur les marchés et la hausse des matières premières, notamment du caoutchouc naturel, incitent à une grande vigilance, a averti Michel Rollier, gérant.

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Performances et stratégie

Chiffre d'affaires

Au 30.09.2009 : 10.888 millions d'euros (-12,5%) Au 30.06.2009 : 7.134 millions d'euros (-13,4%) Au 31.12.2008 : 16.408 millions d'euros (-2,7%)

Résultats

Au 30.06.2009, marge opérationnelle avant produits et charges non récurrents : 4,0% (contre 8,6% au premier semestre 2008) ; résultat net du groupe : -122 millions d'euros (contre 430 millions d'euros de profits au premier semestre 2008) Au 31.12.2008 : marge opérationnelle à 5,6% ; résultat net du Groupe : 357 millions d'euros (-54%)

Prévisions

Le groupe prévoit une amélioration de sa rentabilité sur le second semestre par rapport au premier, grâce à un effet favorable des prix des matières premières (550 millions d'euros à taux de change constants). Il anticipe une nouvelle baisse des stocks et a confirmé le niveau de 700 millions d'euros pour les investissements annuels (contre 1,4 milliard envisagés initialement). Michelin a maintenu son objectif de génération de cash flow libre positif au second semestre 2009.

Stratégie

Le groupe a trois priorités stratégiques inscrites dans son plan de compétitivité "Horizon 2010 " : (i) le développement à l'Est, sur les marchés en forte croissance, (ii) la différenciation de ses produits et services grâce à l'innovation et (iii) l'amélioration de sa compétitivité. Dans ce but, Michelin cherche à poursuivre la baisse de ses effectifs, avec un objectif de réduction compris entre 1.700 et 3.000 emplois en France d'ici fin 2011. Un plan de départs volontaires concernant 1.093 salariés en France en 2010 a déjà été annoncé. Il ne devrait susciter aucun licenciement sec en jouant sur la mobilité interne et les départs anticipés à la retraite.

Evènements financiers

Pour suivre la forte croissance dans les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), Michelin a prévu d'y doubler ses capacités de production de pneus pour voitures d'ici à 2012 et d'augmenter de 40% celles de ses pneus pour camions. Pour cela il va investir environ 800 millions de dollars en Inde et autant en Chine. Le Brésil, et dans une moindre mesure, la Russie, font également partie de ses priorités.

Forces et faiblesses de la société

Forces

- Le groupe bénéficie d'une marque très forte lui permettant de relever ses prix pour affronter la crise : sur les neuf premiers mois de 2009, le mix-prix est significativement positif (+7,6%) ; - Il dispose d'une bonne capacité de recherche et d'innovation, qui lui confère un avantage stratégique indéniable dans un contexte extrêmement concurrentiel ; - Le maintien de l'effort de recherche et développement sur les six premiers mois, en dépit de la crise, souligne la vision à long terme du groupe ; - Les trois-quarts de son activité sont réalisés sur le marché des pneus de remplacement, qui est moins cyclique que celui de la première monte ; - Sur le troisième trimestre, le recul des ventes en volumes a ralenti : à 14%, il est moindre que celui des deux premiers trimestres de 2009 ; - L'activité " tourisme-camionnette ", qui représente 55% du chiffre d'affaires, s'est sensiblement améliorée au troisième trimestre, bénéficiant de la multiplication des primes à la casse. Ces dernières ont permis une meilleure orientation des ventes en première monte (pneus vendus aux constructeurs pour équiper les véhicules neufs) ; - Le ratio d'endettement a été réduit de 80% à 75% entre les premiers semestres 2008 et 2009, en particulier suite à une réduction des dépenses d'investissement. Une meilleure génération de trésorerie fait partie des priorités du groupe ; - En développant particulièrement sa présence en Chine et en Inde, Michelin renforce son potentiel de développement.

Faiblesses

- Standard & Poor's a décidé de placer la note de la dette à long terme de Michelin (BBB) sous surveillance négative au motif que la performance opérationnelle du groupe est sous pression et que l'amélioration en 2010 risque d'être insuffisante ; - L'activité " Poids lourd " (30% du chiffre d'affaires total), toujours en difficulté, s'est stabilisée à un niveau très faible en première monte ; - La marge opérationnelle du groupe s'est fortement dégradée au premier semestre, du fait des mauvaises performances des activités poids lourds ; - Le dividende distribué en 2009 (sur les résultats 2008) est en baisse de 37% (à 1 euro par action).

La valeur et son secteur

Principales activités

Trois types de produits : les pneumatiques, tourisme & navigation (cartes, guides et produits numériques) et les accessoires (casques, enjoliveurs). La répartition du chiffre d'affaires est la suivante : tourisme, camionnette & distribution associée : 53% du CA ; Poids lourds : 33% ; Activités de spécialités (avions, génie civil, cartes, guides, produits associés) : 14%

Le secteur

- En tenant compte des chiffres des neuf premiers mois, Michelin continue à mieux se porter que ses rivaux, le japonais Bridgestone et l'américain GoodYear. - Le déstockage touche à sa fin sur le marché des pneus de remplacement pour les poids lourds. La distribution a également achevé de réduire ses stocks de pneus pour camionnettes. Le marché des pneus de spécialités, par exemple pour les engins de BTP, reste, par contre, très déprimé. - Le marché des véhicules de tourisme a bénéficié de plusieurs facteurs de soutien sur le troisième trimestre 2009: les aides en faveur du secteur automobile, une reprise technique, liée à la fin du déstockage de la distribution, et l'approche de la saison hivernale.

La valeur dans son secteur

Leader mondial des pneumatiques avec 17,1% du marché mondial en valeur.

Comment suivre la valeur

En tant qu'équipementier automobile, les performances du groupe sont étroitement liées à celle du marché automobile mondial (du fait de sa diversification géographique) qui impacte son activité de première monte. L'activité de remplacement est sensible aux évolutions de l'économie, en particulier au taux de chômage et à l'évolution du PIB. L'évolution du cours des matières premières est également à surveiller de près : le caoutchouc naturel représente près du tiers de ses achats de matières premières en valeur et les noirs de carbone et les matières premières entrant dans la fabrication du caoutchouc synthétique (dérivées du pétrole) en représentent 40%.

Rémunération des actionnaires

Dernier dividende versé

1 euro par action sur les résultats 2008

Taux de distribution des dividendes

40,7 % (contre 30,1 % sur résultats 2007)

Taux de croissance du dividende par action

-37 %

Rendement

1%

Estimation du prochain dividende par action

1,25 euro en 2010

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Automobile - Equipementiers

Selon le Clepa, association qui représente les fournisseurs automobiles européens, le nombre de faillites parmi les équipementiers automobiles pourrait atteindre 500 cette année en Europe. En France, la Fiev (Fédération des industries des équipements pour véhicules) estime que l'activité du secteur devrait chuter de 20% à 25% cette année. Le Fonds de modernisation des équipementiers automobiles (FMEA), mis en place cette année, a déjà aidé financièrement huit entreprises de la branche. 182 millions d'euros ont été distribués, sur une enveloppe disponible de 600 millions. Peugeot PSA a consacré cette année plus de 2 milliards d'euros en faveur de ses équipementiers. Il devrait continuer à aider ses fournisseurs car certains d'entre eux sont en difficulté. En contrepartie, il entend être plus exigeant avec une quinzaine de fournisseurs en leur demandant d'assumer une plus grande part du développement des nouveaux véhicules grâce à des relations beaucoup plus étroites. Les équipementiers vont donc devoir investir davantage dans la R&D, ce qui risque de grever leur rentabilité.