CAPGEMINI prêt à réaliser des acquisitions - Exclusif AOF

19/02/2010 - 11:36 - Option Finance

(AOF) - Les investisseurs ont réservé hier un bon accueil aux résultats 2009 de Capgemini. L'action a affiché la plus forte hausse du CAC 40 avec un gain de 6,19%. L'année dernière, le groupe a réalisé une marge opérationnelle de 595 millions d'euros, représentant 7,1% du chiffre d'affaires, en repli de 1,4 point. Cette année, le spécialiste du conseil et des services informatiques table sur un taux de marge opérationnelle compris entre 6 et 6,5%. L'Agence Option Finance a interviewé Nicolas Dufourcq, directeur général adjoint et directeur financier du groupe Capgemini.

Quelles sont les principales leçons que vous tirez d'une année 2009 qui a été particulièrement mauvaise pour le secteur des services informatiques ?

Permettez-moi d'abord de nuancer le tableau de cette année ! S'il est vrai que les activités cycliques telles que l'intégration de systèmes et le conseil ont souffert, l'infogérance s'est développée et s'est avérée particulièrement adaptée aux préoccupations des clients. Pour notre part, nous avons signé ou renouvelé de beaux contrats dans ce métier. Citons parmi les plus récents, le ministère de l'Agriculture hollandais, Environment Agency au Royaume-Uni ou encore Ontario Power Generation et Kraft Foods en Amérique du Nord. Cela dit, le principal enseignement que nous tirons de cette crise est qu'elle a certes mis entre parenthèses les investissements informatiques des clients, mais qu'elle n'a pas entamé à long terme leur appétit pour les technologies. La principale raison à cela est que la crise n'a pas été précédée d'une période de sur-investissement informatique comme cela avait été le cas avant l'éclatement de la bulle internet. C'est pour cela que nous avons jeté les bases, dès fin 2009, de cinq offres globales s'appuyant sur l'ensemble de nos métiers pour répondre aux nouvelles attentes des clients. Deux offres ont déjà été lancées en 2009 : la gestion des données (Business Information Management) et le développement et la maintenance des applications (Application Lifecycle Services) où nous avons fait part hier d'un contrat remporté avec Bouygues Telecom. Trois autres offres seront lancées d'ici la fin du mois prochain : le test applicatif (Testing), les compteurs et réseaux intelligents (Smart Energy Services) où nous venons d'annoncer un contrat avec Fortum en Scandinavie et enfin l'accompagnement des clients dans l'ère de la virtualisation et du cloud computing (Infostructure Transformation Services).

Vous anticipez un nouveau repli du taux de marge opérationnelle cette année. Quels sont les principaux éléments qui vont peser sur votre rentabilité opérationnelle ?

D'abord je voudrais souligner que nous étions attendus sur notre capacité à préserver notre rentabilité en 2009 et que nous avons relevé ce défi : en dépit de la baisse de notre chiffre d'affaires, notre taux de marge opérationnelle atteint 7,1%, en recul de seulement 1,4 point par rapport à 2008. Nous y sommes parvenus grâce à une gestion très rigoureuse de nos coûts et à un accroissement de nos ressources offshore qui représentent maintenant 31% de l'effectif total. Nous avons en effet annoncé une marge opérationnelle comprise entre 6 et 6,5% pour 2010. Ce léger recul par rapport à 2009 est en réalité le résultat de plusieurs phénomènes : d'abord la baisse de notre effectif - essentiellement liée à des départs non remplacés - en 2009 qui entraîne une baisse moins importante que prévue de nos coûts salariaux unitaires en occident ; ensuite, nous avons accompli un formidable travail de réduction du coût des fonctions supports (de 100 millions d'euros en 2009) que nous ne pourrons reproduire avec une telle ampleur en 2010 ; nous avons aussi pris la décision de ne pas couper les coûts commerciaux mais au contraire d'investir 30 millions d'euros dans les nouvelles offres que j'évoquais et dans un plan " Lean " de compétitivité ; enfin, nous retournons en 2010 à des niveaux habituels de charges de restructuration (autour de 75 millions d'euros). Pour conclure, je souligne que nous confirmons notre ambition d'atteindre à terme une marge opérationnelle à deux chiffres avec la volonté de la porter à 8% en 2011.

Vous terminez l'année avec une trésorerie nette en forte hausse à 1,269 milliard d'euros. Quelles sont vos priorités pour son utilisation ?

Nous disposons en effet d'un solide niveau de cash en hausse de 495 millions d'euros. C'était, il est vrai, un précieux airbag en temps de crise. Nous sommes maintenant prêts à réaliser des acquisitions pour nous développer dans certaines régions - notamment en Amérique du Nord ou dans les pays émergents -, et pour renforcer notre expertise dans certains métiers. L'acquisition récente de la société de e-procurement IBX en Suède est un très bon exemple du type d'acquisitions que nous pourrions réaliser en 2010 : elle nous permet de compléter et renforcer notre offre de BPO Purchasing mais aussi de nous développer dans le domaine prometteur du software-as-a-service. J'ajoute que, fort de la capacité de résistance de Capgemini à un environnement défavorable et de sa solidité financière, le Conseil d'Administration proposera à la prochaine Assemblée Générale Ordinaire de verser un dividende de 0,80 euro par action. Alors que le Groupe a coutume de distribuer un tiers de ce résultat net sous forme de dividende, nous allons ainsi doubler cette proportion. Propos recueillis par Christophe Jegu.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Performances et stratégie

Chiffre d'affaires

Au 30.09.2009 : (donnée trimestrielle) : 1.946 millions d'euros (-7,3% en publié et -9% en comparable) Au 30.06.2009 : 4.376 millions d'euros (stable et -2,2% à taux de change et périmètre constants). Au 31.12.2008 : 8.710 millions d'euros (stable mais en croissance de 5% à périmètre et taux de change constants).

Résultats

Au 30.06.2009, Résultat opérationnel : 167 millions d'euros (-42%)- Résultat net part du groupe : 78 millions d'euros (-66%) Au 31.12.2008, Résultat opérationnel : 586 millions d'euros (+18,9%)- Résultat net part du groupe : 451 millions d'euros (+2,5%)

Prévisions

- Le groupe s'attend à une baisse de 9% (à données comparables) de ses revenus sur le quatrième trimestre 2009, par rapport au dernier trimestre 2008. Grâce à la gestion très rigoureuse de ses coûts, il a néanmoins confirmé son objectif de marge opérationnelle de l'ordre de 7% pour l'ensemble de l'année 2009. - Pour la totalité de l'exercice, il vise à présent un repli de 5,5% à données comparables (contre une baisse de 3 à 4 % précédemment estimée). - Si l'entreprise perçoit des signes de stabilisation, voire de reprise, dans certains segments du marché, elle considère toutefois que leurs effets ne seront pas immédiats. Le retour à la croissance devrait probablement intervenir en fin d'année 2010.

Stratégie

- Pour tirer partie de la reprise progressive, Capgemini va lancer, d'ici mars 2010, cinq nouvelles prestations, baptisées "business as unusual", comprenant notamment de la gestion d'information et de la maintenance d'applications. Son objectif est de signer 800 millions d'euros de contrats en 2010, avec 3.000 embauches prévues pour la seule offre de gestion de l'information. Le groupe cherche également, à côté de l'infogérance (ou maintenance de parties entières de l'informatique chez un client) de nouvelles sources de revenus récurrents, dans un marché où l'apparition des services de " cloud computing " conduit à de nouveaux comportements de la part des clients. Ces derniers peuvent désormais payer le matériel et les logiciels à l'usage. - Pour contrôler ses coûts, le groupe évolue vers un modèle de production reposant sur des équipes situées dans des pays à bas coûts. L'Inde est ainsi devenue la première implantation du groupe avec 20.432 salariés.

Evènements financiers

14.000 collaborateurs de Capgemini sont récemment devenus actionnaires, et détiennent 4% du capital. Ces nouveaux titres ont permis à la société de lever plus de 165 millions d'euros.

Forces et faiblesses de la société

Forces

- Le groupe a récemment confirmé son objectif annuel de rentabilité, soit une marge opérationnelle autour de 7% ; - Au troisième trimestre 2009, l'activité d'infogérance, a joué son rôle de stabilisateur de l'activité du Groupe, avec un chiffre d'affaires en recul de seulement 2,7%, et avec des prises de commandes qui progressent de 7% ; - Malgré un contexte difficile le groupe va maintenir son dividende à 1 euro par action. Il devrait donc distribuer 80% à 85 % de son bénéfice net ; - Capgemini recourt de façon croissante à l'offshore, ce qui lui permet de proposer des prestations à moindre coût en améliorant ses marges ; - Son bilan est solide avec, au 30 juin 2009, une trésorerie nette en augmentation de 43 millions d'euros par rapport à celle constatée au 30 juin 2008 (576 millions d'euros contre 533) ; - Certains analystes estiment que Capgemini est sous-valorisé. Le cours du titre bénéficie donc d'un potentiel de valorisation.

Faiblesses

- Sur le troisième trimestre 2009, le conseil et l'assistance technique de proximité, métiers les plus cycliques, ont le plus souffert ; - Les prévisions de chiffre d'affaires ont été revues à la baisse pour le quatrième trimestre 2009 : alors que le groupe tablait auparavant sur une baisse de ses revenus comprise entre 4 et 6%, il table désormais sur un recul comparable à celui du troisième trimestre, soit 9% à taux et périmètre constants. - La présence du groupe dans les pays émergents est inférieure à celle des grands acteurs du secteur ; - Le groupe est très sensible à l'évolution de la livre sterling car il réalise une part importante de son activité en Grande-Bretagne : l'an passé l'activité a été négativement impactée par la forte appréciation de l'euro par rapport à la livre sterling (+16,1%) ;

La valeur et son secteur

Principales activités

Quatre métiers : le Conseil en stratégie et transformation, l'Intégration de systèmes, l'Infogérance, et les Services Informatiques de Proximité.

Le secteur

Capgemini intervient sur un marché où la concurrence est très vive. Il y a, d'un côté, les géants américains Accenture, Hewlett-Packard ou IBM, et d'un autre, les nouveaux géants venus d'Inde, comme Wipro, Infosys ou Tata Consulting, qui sont offensifs auprès des clients européens. Pour l'ensemble du secteur, certains analystes prévoient qu'après une stabilisation du marché pour le quatrième trimestre 2009, la croissance des SSII devrait reprendre au deuxième trimestre 2010 puis s'accélérer en 2011.

La valeur dans son secteur

Sixième acteur mondial du conseil, des services informatiques et de l'infogérance. Leader français des services informatiques.

Comment suivre la valeur

Comme pour toute SSII, les performances de Capgemini sont sensibles aux dépenses informatiques engagées dans les entreprises, aux effectifs et au niveau d'intercontrats. Suivre les acquisitions, d'autant que le groupe a récemment réaffirmé sa volonté de rester actif dans ce domaine.

Rémunération des actionnaires

Dividende versé

1,00 euro par action

Taux de distribution des dividendes

33%

Taux de croissance du dividende par action

Stable

Rendement

2,3%

Estimation du prochain dividende par action

1,00 euro en 2009

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Informatique - SSII

Selon le Syntec Informatique, qui regroupe sociétés de services et éditeurs de logiciels, l'activité du secteur du conseil et des services informatiques devrait décroître de 2,5% cette année, du fait d'une réduction des investissements des entreprises. Ce recul fait suite à quatre années consécutives durant lesquelles la hausse du chiffre