ACCOR : scission en deux entités cotées

24/02/2010 - 08:40 - Option Finance

(AOF) - Accor a indiqué dans un communiqué qu'il comptait procéder à la scission de ses deux métiers en deux entités distinctes cotées sur NYSE Euronext. Cette séparation devrait être effective dès le mois de juillet, a précisé le groupe. "Chaque entité, aujourd'hui leader sur son marché, a atteint une taille critique et une renommée internationale lui permettant désormais d'agir de manière autonome dans des marchés en pleine évolution", a indiqué Accor. Le groupe a par ailleurs publié une perte nette de 282 millions d'euros au titre de l'exercice 2009 contre un bénéfice de 575 millions l'année précédente. Le résultat avant impôt est ressorti à 448 millions d'euros, en haut de la fourchette d'objectif de 400 à 450 millions d'euros. Le chiffre d'affaires a atteint 7,065 milliards d'euros, en baisse de 7,9%. Accor souligne que le résultat net 2009 a été "fortement impacté" par les dépréciations d'actifs et les charges de restructuration.

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Performances et stratégie

Chiffre d'affaires

Au 30.09.2009 : 5.258 millions d'euros (-8,9%) Au 30.06.2009 : 3.410 millions d'euros (-9,3%) Au 31.12.2008 : 7,73 milliards d'euros, - 4,7% mais en progression de 2,8% à périmètre et changes constants.

Résultats

Au 30.06.2009 : Résultat avant impôt et éléments non récurrents : 182 millions d'euros (-53,7%) ; Résultat net part du groupe : perte de 150 millions d'euros (contre un profit de 310 millions au premier semestre 2008) Au 31.12.2008 : Résultat avant impôt et éléments non récurrents : 875 millions d'euros (-3,5%) ; Résultat net part du groupe : 575 millions d'euros (-34,9%)

Prévisions

Le groupe a récemment maintenu son objectif de résultat avant impôt et éléments non récurrents pour l'année 2009 compris entre 400 et 450 millions d'euros. Pour 2010 le groupe est très prudent en se basant sur le fait que la reprise dans l'hôtellerie n'intervient généralement que 3 à 6 mois après un rebond du PIB.

Stratégie

Depuis quelques années, à l'instar de ses concurrents internationaux comme Marriott, Accor cède une partie des murs de ses hôtels et se concentre sur des accords de gestion ou de franchise de ses établissements. L'objectif de cette politique, combinée à des réductions de coûts, est d'accroître la capacité de la branche Hôtellerie à générer du cash. Le groupe a ainsi modifié le modèle économique de cette activité en réduisant son intensité capitalistique (stratégie de l' "asset right ") et en se positionnant comme un gestionnaire de marques. Accor désire également centrer son développement sur l'hôtellerie économique et moyen de gamme, l'Europe et les pays BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine).

Evènements financiers

Le 16 décembre dernier, le conseil d'administration a voté la scission entre les deux grands métiers du groupe, l'hôtellerie et les services prépayés (tickets restaurants, cartes prépayées, cartes cadeaux). Ce projet est porté par les deux principaux actionnaires, les sociétés d'investissement Colony Capital et Eurazeo, qui détiennent ensemble environ 30% du capital d'Accor. L'objectif est de mieux valoriser ces deux activités en Bourse. Les actionnaires devront se prononcer sur la scission lors d'une assemblée générale extraordinaire à travers un vote à la majorité des deux tiers. Cette assemblée devrait se tenir au premier semestre 2010.

Forces et faiblesses de la société

Forces

- A fin septembre 2009, le groupe a tiré partie de son positionnement sur l'hôtellerie économique et le milieu de gamme, qui lui permet de limiter les effets de la crise pour sa branche Hôtellerie. A cela s'est ajoutée la bonne performance de la division Services prépayés, la seule à bénéficier d'une croissance de son activité à données comparables (+3,6%) ; - Un certain nombre d'experts considèrent que la scission est très pertinente car aucune synergie n'existe entre les deux métiers du groupe. L'opération devrait aussi permettre à chaque métier d'être plus lisible pour les investisseurs ; - Accor bénéficie d'une structure financière solide avec un gearing de 30% à fin 2008 ; - Le partenariat avec MasterCard devrait renforcer la croissance de l'activité Services, alors que celle-ci résiste mieux à la crise ; - 66% de l'excédent brut d'exploitation provient des activités les moins cycliques : l'hôtellerie économique et les services prépayés ; - Après avoir été interrompue suite à la crise, la politique de cession des murs d'hôtels, désormais reprise, devrait accroître la rentabilité des capitaux investis dans l'Hôtellerie ; - Même si le groupe est engagé dans un plan de réduction des coûts, le dividende versé en 2009 reste inchangé.

Faiblesses

- Accor réalise la majeure partie de son activité dans le secteur hôtelier, qui subit de plein fouet les effets de la crise ; - Certains experts soulignent les risques que fait peser sur le long terme la scission. En effet, jusqu'à présent, les Services, activité plus rentable et moins cyclique, finançaient le développement de l'Hôtellerie et lui permettaient de mieux résister à la crise ; - L'inquiétude des investisseurs quant à la scission est également liée à la dette globale du groupe, qui devrait être ensuite logée au sein de la division des Services ; - En septembre dernier, Standard & Poor's a placé sous surveillance avec implication négative les notes à long terme BBB et court terme A-3 d'Accor, tenant compte de la baisse cyclique dans l'activité hôtelière ainsi que des incertitudes suite à la séparation possible de sa branche services prépayés d'avec l'activité hôtelière ; - Sur les neuf premiers mois, l'Hôtellerie haut et milieu de gamme et l'Hôtellerie économique aux Etats-Unis ont été fortement impactées par l'environnement dégradé ; - Le groupe est peu diversifié géographiquement et tire plus de 60% de ses revenus de l'Europe (France incluse).

La valeur et son secteur

Principales activités

Deux grands métiers : l'Hôtellerie (marques Sofitel, Pullman, MGallery, Novotel, Mercure, Suitehotel, Ibis, All seasons, Etap Hotel, Formule 1 et Motel 6) et les Services (avantages aux salariés et aux citoyens, récompenses et fidélisation, gestion des frais professionnels).

Le secteur

Le secteur est affecté par la crise économique, qui a un impact particulièrement négatif sur l'hôtellerie haut de gamme, très dépendante des flux touristiques internationaux. A cette tendance s'ajoute l'affaiblissement du dollar par rapport à l'euro qui pénalise les touristes américains. Par contre, les voyageurs européens sont avantagés lorsqu'ils voyagent vers les Etats-Unis. Grâce à la faiblesse du dollar, les prix sont, pour eux, historiquement bas.

La valeur dans son secteur

Leader européen dans l'hôtellerie, leader mondial dans les services aux entreprises et aux collectivités publiques.

Comment suivre la valeur

Son activité d'hôtellerie rend la valeur cyclique, la crise économique actuelle pesant sur son chiffre d'affaires. Les indices sectoriels à suivre sont le taux d'occupation des hôtels et le RevPar, revenu par chambre disponible. La scission probable, et son impact sur la valeur du titre, sont à surveiller étroitement. Son impact sur l'activité Hôtellerie est également à examiner car le programme de cessions de murs d'hôtels, devrait être accéléré pour optimiser la génération de cash-flows de cette branche. Un nouveau plan d'économies pourrait être mis en place.

Actionnaires

Dernier dividende versé

1,65 euro par action sur le résultat 2008

Taux de distribution des dividendes

63,5%

Taux de croissance du dividende par action

Inchangé par rapport à l'année précédente

Rendement

5%

Estimation du prochain dividende par action

0,80 euro pour 2009

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Hotellerie et loisirs

L'Europe constitue le plus important marché du voyage dans le monde, avec un chiffre d'affaires estimé en 2008 à 246 milliards d'euros. Les voyages à forfaits traditionnels, réalisés par les tour-opérateurs, représentent 40% de ce marché. Néanmoins les forfaits dynamiques (élaborés par l'internaute qui compose lui-même son voyage sur Internet) connaissent un fort développement. Ils pèsent aujourd'hui un tiers du marché. Pour tenir compte de cette évolution, la Commission Européenne souhaite remettre à plat les droits des passagers confrontés à l'insolvabilité des compagnies aériennes. Cette initiative résulte du constat que les clients de voyages n'ont pas conscience qu'ils sont souvent mal protégés financièrement par leurs prestataires. 67% des acheteurs recourant aux forfaits dynamiques ne seraient ainsi pas couverts par les garanties prévues par l'actuelle directive européenne du tourisme alors qu'ils sont convaincus d'être protégés.