AXA Investment Managers confiant dans son modèle multi-expert

06/04/2010 - 10:58 - Option Finance

(AOF / Funds) - La société de gestion vient d'achever sa réorganisation opérationnelle et affirme maintenant être en mesure de reconquérir les parts de marché perdues pendant la crise. AXA Investment Managers (IM) a ressenti assez fortement les effets de la crise financière. Le chiffre d'affaires de la société de gestion a en effet reculé de plus de 20,6 % en 2009 à 1,057 milliard d'euros "en raison de la baisse des volumes moyens d'encours sur certaines classes d'actifs", a indiqué la filiale de l'assureur. "Les encours moyens sous gestion sont moindres, les recettes sont donc moindres", résume Dominique Carrel-Billiard, directeur général du groupe AXA IM. Si la société de gestion a fini l'année avec une légère hausse des encours sous gestion qui ressortent à 499 milliards d'euros contre 485 milliards d'euros d'encours à fin 2008, elle est due à une revalorisation des actifs. La collecte nette a été, elle, négative en 2009 contrairement à la plupart des grandes sociétés de gestion qui ont réussi à augmenter leur collecte après un creux subi en 2008. La décollecte a même été importante puisqu'elle a atteint 18,5 milliards d'euros en 2009. "En 2009, en Europe, les flux de collecte du marché ont été concentrés sur les gestions actions et obligations tout au long de l'année et sur la gestion monétaire au 1er semestre. Dans ce contexte, nos fonds crédit ouverts étaient, au départ, plus petits que ceux de certains concurrents" explique Dominique Carrel-Billiard. Pour faire face à cette baisse des revenus, la société de gestion a très rapidement diminué ses coûts en mettant en oeuvre en 2009 un plan de réduction des dépenses. Celles-ci ont diminué de 13 % en 2009 à 757 millions d'euros. En dépit de cette réactivité, le résultat opérationnel a reculé en 2009 à 171 millions d'euros en 2009 contre 21 millions d'euros en 2008. Il représente ainsi environ 16 % du chiffre d'affaires en 2009 contre 20 % en 2008. "Nous abordons la reprise avec une base de coût beaucoup plus basse, notre rentabilité s'en trouvera donc nettement améliorée, explique Dominique Carrel-Billiard. Cette réduction ne s'est cependant pas faite au détriment de notre budget d'investissement qui est resté le même, l'effort à court terme n'aura ainsi pas d'impact à long terme. A ce titre, nous avons continué de renforcer notre dispositif de contrôle des risques et nos outils de gestion". Au-delà de la crise, les changements mis en oeuvre au sein de l'organisation d'Axa IM expliquent également la décollecte. "Toute réorganisation suscite un certain attentisme chez les clients et notamment chez les investisseurs institutionnels qui se fondent dans leur sélection sur la performance passée, explique Dominique Carrel-Billiard. Les équipes doivent posséder au minimum un historique de performance de 3 ans avant que les institutionnels reviennent. A court terme, donc, les réorganisations induisent souvent une pause dans le développement commercial." AXA IM vient en effet d'achever la mise en oeuvre opérationnelle de sa nouvelle organisation reposant sur un modèle multi-expert. Défini en 2002, celui-ci consiste à associer la flexibilité de sociétés de gestion spécialisées et dynamiques à une organisation internationale. "La crise a démontré la pertinence de notre modèle multi-expert, affirme Dominique Carrel-Billiard. Elle a touché plus particulièrement deux de nos expertises, à savoir notre division de finance structurée, qui subit la défiance des investisseurs pour ce type d'actifs, et notre gestion action quantitative, dont le modèle fonctionne moins bien lors des périodes de forte volatilité. Nous restons néanmoins convaincus de leur potentiel de croissance. En revanche, nos autres expertises - AXA Fixed Income, AXA Framlington, AXA Investment Solutions, AXA Funds of Hedge Funds, AXA Real Estate et AXA Private Equity - ont bien résisté et ont collecté en 2009." AXA IM se présente maintenant comme un gérant actif qui dispose d'une gamme complète d'expertises organisées autour de trois piliers : la gestion taux, la gestion actions et la gestion alternative comprenant la multigestion alternative, le capital-investissement, l'immobilier et la finance structurée. Ces expertises sont mises en oeuvre par des équipes ou des filiales autonomes. "Les clients disposent d'une interface unique : AXA IM, qui constitue une porte d'entrée pour accéder à des solutions d'investissement mises en oeuvre par des plates-formes produits différentes, explique Dominique Carrel-Billiard. Nous disposons de 7 marques avec des personnalités clairement distinctes." Il a fallu réorganiser certaines équipes de gestion afin de parachever le modèle multi-expert. Dans ce cadre, la gestion taux (fixed income) a été complètement réorganisée depuis mars 2008 autour de deux équipes pilotées par Theodora Zemek : une spécialisée sur les taux et une sur le crédit. "L'équipe taux se préoccupe de l'évolution de la courbe des taux d'intérêt, des devises et intègre les vues macroéconomiques de la maison dans les portefeuilles, indique Dominique Carrel-Billiard, tandis que l'équipe dédiée au crédit sélectionne les émetteurs dans le but d'éviter les risques de défaut." L'activité de fixed income a enregistré en 2009 une croissance de 10 % des encours et affiche de bons résultats en matière de performance. "83 % des fonds luxembourgeois dans cette classe d'actifs sont classés dans les premiers et les seconds quartiles de leurs catégories" selon la société de gestion. Au sein de la gestion actions, les performances ont été très disparates depuis le début de la crise entre les deux grandes équipes dédiées, celles d'AXA Framlington et celles d'AXA Rosenberg. Framlington était une petite société de gestion anglaise spécialisée sur la gestion actions acquise en 2005 par AXA IM. En 2009, après le pôle obligataire, la société de gestion a décidé de revoir l'organisation de son pôle de gestion actions et a regroupé sous une même bannière : AXA Framlington, la gestion actions en Angleterre issue de Framlington, le pôle Convictions actions et les fonds faisant partie de la marque Talents. Une seule marque désigne dorénavant la gestion actions discrétionnaire d'AXA IM, qui repose sur une approche fondamentale et le savoir-faire des gérants. "Ces équipes mettent en oeuvre le même process d'investissement, à savoir une sélection de valeurs reposant sur des convictions fortes avec des paris concentrés et une rotation mesurée des portefeuilles, explique Dominique Carrel-Billiard. Regroupées sous une même marque, elles disposent maintenant d'une plus grande visibilité." La société de gestion dispose d'un second pôle dédié à la gestion actions : Axa Rosenberg. Comme Framlington, le groupe Rosenberg fait partie des acquisitions récentes d'AXA IM. Il s'agit d'une société de gestion américaine acquise en 1999 et dont AXA IM détient maintenant 75 % du capital. Cette filiale investit à travers des modèles quantitatifs qui mettent en oeuvre des petits paris automatiques. Cette technique de gestion connaît depuis le début de la crise de grandes difficultés, car les fonds ayant affiché de mauvaises performances, la décollecte a été importante. C'est l'une des expertises qui a chez AXA IM le plus décollecté avec la titrisation. "Les modèles quantitatifs rencontrent des difficultés dans des contextes de marché caractérisés par de fortes ruptures", explique Dominique Carrel-Billiard. Pour autant, la société de gestion n'envisage pas une modification en profondeur de ses modèles d'investissement. "Un modèle prend toujours beaucoup de temps avant d'être calibré, indique Dominique Carrel-Billiard. Les changements doivent être introduits avec beaucoup de prudence, sans précipitation." Enfin, en 2009 toujours, AXA IM a abandonné la gestion passive en mettant fin à son partenariat avec BNP Paribas Asset Management dans les ETF. A contrario, la société de gestion cherche à se renforcer dans le capital-investissement. Elle est actuellement en négociation avec Natixis qui souhaite céder ses activités de private equity dont elle s'est portée acquéreur. "Le private equity a de beaux jours devant lui : il existera toujours des entreprises qui ne souhaitent pas aller sur les marchés financiers pour se financer, avance Dominique Carrel-Billiard. Avec le retour du financement, cette industrie dans son ensemble devrait retrouver une certaine vigueur. Avec AXA Private Equity, nous avons ainsi un positionnement très fort sur ce métier". Au total, fin 2009, le capital investissement représentait 25 milliards d'euros gérés ou conseillés. Il fait partie des expertises développées par Axa IM dans les gestions dites alternatives qui intègrent également les fonds de hedge funds, l'immobilier et la titrisation pour un volume d'encours sous gestion total de 76 milliards d'euros. La multigestion alternative a atteint les 3,7 milliards d'euros d'encours sous gestion en 2009 et affiche une collecte positive en 2009. "C'est en 2006 que nous avons lancé notre expertise de fonds de hedge funds. Celle-ci a collecté pendant la crise et dispose maintenant d'un historique de performance favorable", avance Dominique Carrel-Billiard. En revanche, l'activité de titrisation a subi de plein fouet la crise financière. Pourtant le groupe n'envisage pas là non plus, même si la décollecte se poursuit, d'abandonner cette expertise. "Il y aura un rebond car la titrisation est nécessaire au financement de l'économie", prévient Dominique Carrel-Billiard. Enfin, le pôle immobilier est numéro un en Europe en termes d'encours et quatrième au niveau mondial avec 38,4 milliards d'euros sous gestion. Le gestionnaire envisage dans ce cadre de poursuivre son expansion internationale. Par ailleurs, la société de gestion propose des solutions sur mesure à travers la plateforme Investment Solutions qui utilise toutes les expertises du groupe. Elle offre dans ce cadre aux investisseurs institutionnels des solutions de gestion actif/passif, de l'allocation d'actifs, de la gestion indicielle, des produits structurés ou encore des fonds garantis ou à capital protégé. Enfin, forte de son expérience dans la gestion d'actifs pour sa société mère, elle peut apporter des solutions aux problématiques propres aux assureurs. La société de gestion est ainsi maintenant en ordre de bataille pour augmenter la collecte et récupérer les parts de marché perdues pendant la crise. Des recrutements ont eu lieu en fin d'année dernière dans les activités de distribution afin de renforcer la force commerciale, ils devraient se poursuivre cette année. "Les équipes de distribution ont été régionalisées pour renforcer les fonctions d'interface avec les clients au niveau local. Une nouvelle fonction centrale, regroupant 7 pôles d'activité est chargée de gérer les gammes." Outre les recrutements dans le marketing et la commercialisation, la société de gestion envisage d'embaucher des gérants pour offrir de nouveaux produits et accélérer son développement. "Nous voulons renforcer notre offre de produits globaux et de produits spécialisés sur les marchés et pays émergents, indique Dominique Carrel-Billiard. Nous allons recruter des gérants spécialisés pour étoffer nos gammes dans ce domaine." En espérant que le retour de l'appétit pour le risque des investisseurs se confirme. Sandra Sebag