Analyse / Les signaux de reprise se multiplient

06/04/2010 - 11:14 - Option Finance

(AOF / Funds) - La semaine écoulée a été marquée par une nette amélioration de l'appétit pour le risque faisant suite au plan de soutien à la Grèce et surtout à la multiplication des signaux de reprise de l'activité dans le monde. Cela a permis aux marchés boursiers de tester de nouveaux plus hauts, au cours des matières premières de repartir à la hausse et à l'EUR/USD de se redresser au-dessus de 1,35. Suite à l'annonce du plan de soutien européen, la Grèce a toute de suite lancé une émission à 7 ans pour un montant de 5 milliards, même si la demande des investisseurs n'était pas cette fois-ci aussi importante que lors des précédentes émissions puisqu'elle était au final de 7 milliards. De ce fait, les taux longs grecs sont finalement repassés au-dessus des niveaux observés avant l'annonce du plan européen, alors que les autorités grecques cherchaient au départ le soutien européen surtout pour les faire baisser et alléger ainsi la charge de la dette et, par là, l'effort budgétaire à faire. S'il n'y a pas de doutes sur la capacité de la Grèce à refinancer les prochaines échéances d'avril et mai, les interrogations se posent pour 2011 d'autant que le FMI a fait savoir que toute intervention du FMI se ferait aux conditions du FMI et non à celles des autorités européennes. Bref, il va falloir que les autorités européennes dévoilent davantage les contours de leur plan compte tenu de zones d'ombre importantes afin de rassurer les marchés. Mais cela est peu probable à court terme face à la réticente des Allemands. Dans un tel contexte, les marchés obligataires du coeur de l'Europe (Allemagne, France) se sont bien comportés avec notamment un taux 10 ans allemand inférieur à 3,10 %, soit un niveau historiquement bas et ce en dépit de l'amélioration des enquêtes d'activité. L'indice PMI manufacturier a progressé plus que prévu en mars à 56,6 et l'enquête de la Commission européenne a également confirmé le redressement de l'activité économique. L'absence de réaction des marchés obligataires à ces chiffres s'explique probablement par le fait que les perspectives économiques restent fragiles face à un marché de l'emploi toujours mal orienté et à la poursuite de la contraction des crédits à l'économie. De leur côté, les marchés obligataires américains ont corrigé sensiblement en réaction à de plus amples signaux de reprise économique. L'indice ISM manufacturier a fortement rebondi en mars à un niveau de 59,6 et l'économie a créé 162 000 emplois en mars. De telles données devraient renforcer les anticipations de hausse des taux directeurs de la Fed la semaine prochaine d'autant que son programme d'achat de MBS a pris fin le 31 mars et qu'elle s'apprête à retirer de la liquidité dans les prochains mois. Dans ce contexte, les taux longs américains se sont tendus au cours de la semaine écoulée provoquant un élargissement du spread de taux 10 ans Tnotes/bund. Pour leur part, les marchés boursiers ont bénéficié d'un environnement porteur caractérisé par la nette amélioration de l'activité aux Etats-Unis, en zone euro et en Chine. De ce fait, les indices boursiers ont progressé sur la semaine écoulée profitant surtout aux valeurs cycliques comme les minières, les médias, au détriment des valeurs plus défensives comme la pharmacie. Sur le marché des changes, le dollar a consolidé une partie des gains réalisés ces dernières semaines face à une amélioration de l'appétit pour le risque lié à la multiplication des signaux de reprise de l'activité économique dans le monde. Nous restons toutefois haussiers sur le dollar à court/moyen terme du fait d'un probable renforcement des anticipations de hausse des taux de la Fed. De son côté, l'euro reste fragile face à la persistance des risques sur la Grèce. Dans ce contexte, nous restons baissiers sur le court terme avec toujours un objectif de 1,28. Par ailleurs, le yen s'est de nouveau déprécié, probablement en réaction à la fin des rapatriements de capitaux lié à la fin de l'année fiscale le 31 mars. Le fait que le yen soit redevenu la devise d'emprunt la plus attractive pour des opérations de carry trade augure d'une poursuite de la baisse du yen à court terme. Dans la semaine, on se focalisera sur les réunions monétaires de la BCE et de la Banque d'Angleterre pour lesquelles nous n'attendons pas de changement de cap. En revanche, on surveillera leur discours sur l'évolution de l'activité économique et surtout celle de la liquidité en particulier au Royaume-Uni sachant que la BCE s'est déjà exprimée sur le sujet. Il y aura en outre des statistiques d'activité, telles que les enquêtes dans le secteur des services à la fois en zone euro et aux Etats-Unis. Dans cet environnement, les marchés boursiers resteront probablement bien orientés, alors que les marchés obligataires seront sous pression avec un risque d'aplatissement des courbes des taux. Par Nordine Naam, stratégiste, Natixis