Point de vue / Eruptions

27/04/2010 - 10:19 - Option Finance

(AOF / Funds) - Les éruptions volcaniques sont difficilement prévisibles et leurs conséquences parfois surprenantes. Le réveil d'un volcan islandais, endormi depuis près de deux cents ans, a bloqué l'espace aérien pendant plusieurs jours et mis à mal les marchés, en commençant par la baisse des valeurs liées au trafic aérien, suivie par les inquiétudes que cela a pu susciter quant à l'impact sur la reprise économique. Pour comble de malchance, une autre éruption a fait son apparition, dans la finance cette fois-ci. Goldman Sachs est poursuivi pour fraude, alors que le "volcan" grec continue à nous accabler d'une aide financière qui se fait toujours attendre et la révélation d'un déficit public en 2009 encore plus important que précédemment estimé (14 % du PIB !). Difficile de faire front à toutes ces éruptions. De fait, les Bourses se sont nettement orientées à la baisse. Après les premières peurs suscitées par ces mauvaises surprises, il faut néanmoins se demander si les craintes associées sont vraiment justifiées et, le cas échéant, adapter ces stratégies d'investissement. Tout d'abord, il est peu vraisemblable que l'impact d'une paralysie arienne de quelques jours, comme cela semble être le cas, aura un effet important sur l'activité mondiale. Par exemple, on estime que l'impact économique associé aux difficultés de déplacement des personnes devrait être très faible (0,02 point du PIB européen). Néanmoins, en affectant l'Europe en premier lieu, cet épisode ternit davantage les perspectives de croissance de la zone, déjà relativement moroses. A cela vient s'ajouter la situation de la Grèce, dont les atermoiements concernant la mise en place du plan d'aide créent un climat de suspicion très peu porteur. Les valeurs de la zone euro, notamment celles trop exposées au marché local, devraient en pâtir relativement. Les démêlés judiciaires de Goldman Sachs posent des problèmes d'une tout autre nature. Au-delà du risque pour l'entreprise, ils ouvrent la porte à des réformes du secteur financier. Leur mise en place prendra encore du temps, mais s'attendre à des restrictions plus importantes sur l'activité des institutions financières et à un impact négatif sur la profitabilité de certaines semble un bon pari. Malgré ces nombreuses éruptions, il est difficile de penser qu'un danger sur la croissance mondiale soit imminent. Rester exposé aux actifs risqués fait toujours sens, mais il faut sûrement être plus sélectif. Sebastian Paris-Horvitz, directeur de la stratégie d'investissement, AXA IM