Point de vue / Les enjeux de la réforme des retraites

03/05/2010 - 11:03 - Option Finance

(AOF / Funds) - La réforme des retraites attendue cette année devrait livrer plusieurs enseignements pour les investisseurs. Le premier concerne la dynamique des finances publiques et, à travers elle, celle des taux d'intérêt. Le second devrait être une confirmation que les Français auront intérêt à épargner plus pour ne pas gagner moins plus tard. En 2010, le déficit public de la France devrait être de 8 % du PIB et on estime qu'il devra tomber à 1 % du PIB à horizon 2015-2020 pour que le taux d'endettement public commence à diminuer. Près de la moitié du déficit public 2010 est d'origine cyclique et devrait s'effacer progressivement avec le retour de la croissance. Mais l'autre partie est structurelle, concernant essentiellement la retraite et la santé, et devra être résorbée pour ne pas voir s'envoler la dette publique. Selon le Conseil d'orientation des retraites (COR), sans changement, le déficit annuel du système de retraite par répartition serait de l'ordre de 2 % du PIB à horizon 2020, quels que soient les scénarios. Pour couvrir ce besoin de financement à horizon 2020, le COR estime qu'il faudrait soit faire passer l'âge de liquidation de la retraite de 60,6 ans aujourd'hui à 65,6 ans - au lieu des 61,6 ans projetés en conséquence de la réforme de 2003 -, soit baisser le taux de remplacement de 20 %, soit augmenter les taux de cotisation de 5 % ! Ces ordres de grandeurs montrent qu'un ajustement substantiel des paramètres du système de retraite par répartition est requis. Etant donné les difficultés à accroître la durée d'assurance pour liquider sa retraite à taux plein et le niveau déjà élevé des prélèvements obligatoires, il y a tout lieu de penser que le niveau des pensions constituera la principale variable d'ajustement. Pour les Français, l'enjeu de la réforme sera de ne plus sous-estimer cette future baisse et d'intégrer qu'une épargne retraite est une précaution plus que nécessaire. Pour les pouvoirs publics, l'enjeu sera double. En premier lieu, ils devront continuer à convaincre les investisseurs et les agences de notation que la dette publique est soutenable et que la France mérite de conserver son statut de AAA. Une réforme des retraites a minima constituerait un mauvais signal et pourrait avoir des répercussions sur la prime de risque que la France paie par rapport à l'Allemagne. En second lieu, les pouvoirs publics devront clarifier et réserver des avantages fiscaux aux dispositifs d'épargne à long terme, en contrepartie de contrainte de blocage de cette épargne. Michel Martinez, stratégiste groupe Amundi